Des écrans omniprésents, des enfants désorientés : 10 conseils pour vous aider à reprendre la main.

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L’omniprésence des écrans dans les foyers bouleverse la parentalité. Smartphones, tablettes, ordinateurs et télévisions sont devenus incontournables. Pour les parents, gérer l’exposition de leurs enfants aux écrans relève d’un casse-tête vraiment compliqué. Comment trouver le juste équilibre ? Comment protéger sans isoler ? Il y a là de quoi se poser de nombreuses questions sans trouver de réponses.

Une prise de conscience croissante

Les parents ne sont pas naïfs. Ils perçoivent les risques liés aux écrans. Selon une étude de la Fondation pour l’enfance associée à l’IFOP, 71% des parents témoignent de répercussions négatives sur le comportement de leur enfant. Plus largement, 96% ont conscience de l’impact des écrans sur le développement des plus petits.

Mais cette conscience ne suffit pas. Malgré leurs inquiétudes, 56% des parents sous-estiment l’influence de leurs propres pratiques. Un paradoxe qui illustre la complexité du problème. On sait, mais finalement, on n’agit pas, car cela remettrait en cause ses propres pratiques. .

Des effets concrets et préoccupants

Les conséquences de l’exposition aux écrans sont multiples. Deux tiers des parents rapportent des moments d’impatience ou d’énervement chez leurs enfants. Essayez de demander à votre enfant d’éteindre son smartphone pendant une journée ou retirez-lui son doudou numérique, vous verrez le résultat. Dans la quasi-totalité des cas, vous aurez une attitude agressive, des cris, des pleurs. Il est plus simple de céder et de ne rien dire. De leur côté, tout logiquement, les professionnels de santé observent des troubles du comportement, du sommeil et de l’humeur des enfants dès le plus jeune âge.

Cet impact des écrans va d’ailleurs au-delà du comportement. Ils affectent le développement cognitif et social des petits et des grands. Ils peuvent nuire aux résultats scolaires et aux relations interpersonnelles. Tout cela interroge l’avenir des enfants. Certaines applications comme TikTok, pour ne citer qu’elles, affaiblissent leurs capacités cognitives lorsqu’ils regardent pendant des heures, tous les jours, les courtes vidéos. Cela parait inoffensif, mais cela est loin de l’être. Cette addiction aux écrans est même en train de devenir un problème de santé publique

consequences comportement enfant ecran

Le piège de l’exemplarité

Comment demander à son enfant de limiter son temps d’écran quand on est soi-même constamment connecté ? C’est le dilemme de nombreux parents. En tout cas, c’est la réflexion que me faisait récemment une orthophoniste, inquiète de ce qu’elle voyait dans sa salle d’attente. Les parents, devant leurs enfants, ont les yeux collés sur leurs smartphones. Aucun regard pour le petit qui lui-même tient un appareil dans ses mains. L’exemplarité est essentielle, mais difficile à mettre en pratique.

Les parents se retrouvent face à leurs propres contradictions. 77% trouvent leur propre consommation excessive. Ils sont confrontés à des contradictions difficiles à contourner : ils passent eux-mêmes en moyenne 4h30 par jour, à lire leurs mails, parcourir le fil d’actualité de leurs réseaux sociaux ou regarder des séries en streaming.

Le manque d’information, un obstacle majeur

Les parents manquent souvent de repères. Selon l’étude de la Fondation pour l’enfance, seuls 30% des médecins estiment que les parents sont suffisamment informés sur les impacts des usages numériques. Cette méconnaissance freine la mise en place de bonnes pratiques.

Comment agir efficacement quand on ne maîtrise pas tous les enjeux ? L’information est la clé, mais elle fait encore défaut. à leur décharge, il faut bien constater que les écrans sont partout. À l’école, chez les amis, dans les lieux publics.

Refuser totalement l’accès aux écrans peut conduire à une forme d’exclusion sociale. Les parents se retrouvent tiraillés entre protection et intégration. Cette pression sociale complique la tâche. Comment trouver le juste milieu entre ouverture au monde numérique et équilibre de l’enfant ? La réponse est délicate à trouver. L’enfant qui au collège n’a pas de smartphone est un OVNI. Il vivra mal sa situation et sera même parfois l’objet de moqueries. Il ne peut plus suivre les discussions sur tel ou tel sujet souvent futile et parfois stupide. Mais il vivra cela comme une forme d’exclusion.

Le fossé générationnel, une couche supplémentaire

Les enfants, natifs du digital, maîtrisent généralement mieux les technologies que leurs parents. Ce décalage contribue à créer un sentiment d’impuissance chez les adultes. Comment guider quand on se sent dépassé ? Comment garder une autorité quand on ne maitrise pas le sujet ?

Ce fossé générationnel ajoute une difficulté supplémentaire. Les parents doivent non seulement gérer l’usage des écrans, mais aussi combler leur propre retard technologique. Bref leur enfant peut leur donner le change sur les sujets qu’ils ne maitrisent pas.

L’impact sur la relation parent-enfant

L’omniprésence des écrans peut nuire à la qualité des interactions familiales. Olivier Duris, psychologue clinicien, alerte : « Pour grandir, l’enfant a besoin de l’attention soutenue de son parent […] et d’interactions ajustées qui prennent en compte ce qu’il vit. »

Il parle de technoférence parentale. C’est un terme qui définit la rupture des échanges de contact par le regard des parents vers leurs enfants. Les écrans créent des interruptions, des moments de déconnexion relationnelle. Ils peuvent altérer la disponibilité des parents et la qualité de l’attention portée à l’enfant.

Le sentiment de culpabilité, un autre poids pour les parents

Face à cela, de nombreux parents se sentent coupables. Coupables de ne pas réussir à limiter l’usage des écrans. Coupables de ne pas être toujours exemplaires. Coupables de ne pas savoir comment agir. De nombreux travailleurs sociaux ne savent pas comment aborder ce sujet lorsqu’ils constatent des problèmes de ce type. Ils risquent d’être mal perçus en tant que « donneurs de leçons », leçons qui, au passage, ils ne s’appliquent pas toujours à eux-mêmes.

La culpabilité des parents est contre-productive. Elle génère du stress et peut conduire à une perte de confiance dans ses capacités parentales. C’est un cercle vicieux difficile à briser. Mais en même temps, se sentir coupable est aussi un signe de conscience de savoir que quelque chose ne va pas. Cela rend le parent accessible à l’aide dès lors que le professionnel est là, sans jugement, pour partager avec lui cette difficulté.

Comment aider les parents à reprendre la main ?

Des solutions existent malgré ces constats. Les parents peuvent se réapproprier la gestion des écrans. Certes, cela n’est ni simple ni facile. Voici quelques pistes concrètes  rapidement citées que je vous invite à creuser :

1. S’informer et se former

La connaissance est le premier pas vers l’action. Les parents doivent disposer d’informations sérieuses et adaptées sur les enjeux liés aux écrans. Des ressources existent : livres, sites web spécialisés, conférences. Le paradoxe est que c’est sur des écrans qu’ils trouveront des réponses et des explications.  YouTube rengorge de vidéos qui apportent des informations précises et sourcées.

Mais il n’y a pas que cela : les parents peuvent consulter des professionnels de santé pour obtenir des conseils adaptés. Il y a aussi de plus en plus d’ateliers sur la parentalité numérique. C’est un sujet qui est de plus en plus abordé. Voilà un objet d’action collective pour les travailleurs sociaux soucieux de prévention sur ce sujet.

2. Établir des règles claires

Définissez des règles d’utilisation des écrans à la maison. Pour cela, il suffit d’impliquer vos enfants dans cette démarche. Des règles comprises et acceptées seront plus facilement respectées. Il s’agit de reprendre la maitrise du temps passé devant l’écran. Vous pouvez vous donner pour objectif de le diviser par deux, grâce à un système de tickets. Chaque ticket correspond à 20 minutes devant un écran. L’enfant a le droit d’utiliser X tickets par jour ou par semaine. Cela l’oblige à prévoir et à gérer habilement son temps en fonction de ses priorités.

Vous pouvez aussi instaurer des plages horaires sans écran.  Le plus simple est de commencer par le temps du gouter, des repas ou avant le coucher. (une façon de faciliter l’endormissement et des nuits tranquilles).

3. Proposer des alternatives

Les écrans ne peuvent pas être l’unique source de divertissement. N’hésitez pas à proposer à votre enfant des activités alternatives : jeux de société, lecture, activités manuelles, sorties en plein air, atelier cuisine etc.

Vous pouvez aussi organiser une soirée jeux en famille chaque semaine, sans écrans. Vous serez sans doute surpris du résultat si vous vous y mettez seul(e) ou mieux en couple. Vos enfants adoreront cela.

4. Être exemplaire (ou tenter de le devenir)

L’exemple parental est essentiel. Vous n’imaginez pas combien les enfants miment les pratiques ou les paroles de leurs parents.  Montrez à vos enfants qu’il est aussi possible pour vous de se passer des écrans. Respectez vous-même les règles que vous imposez.

Votre parole sera d’autant plus respectée. Les enfants voient bien ce qui est cohérent de ce qui ne l’est pas. Montrer l’exemple contribue à renforcer cette cohérence. Vous pouvez à plusieurs occasions instaurer des moments de déconnexion pour toute la famille, parents compris bien évidemment, sinon cela ne marche pas.

5. Utiliser des outils de contrôle parental

Des solutions techniques existent pour limiter l’accès aux écrans. Utilisez-les, mais n’en faites pas l’unique moyen de contrôle. Il est normal qu’un parent puisse contrôler ce que fait son enfant lorsqu’il utilise Internet. N’ayez aucun doute là-dessus.

N’hésitez pas à paramétrer le contrôle parental sur les appareils de vos enfants. Il vous faut à cette occasion leur expliquer pourquoi vous le faites. C’est l’occasion d’engager un dialogue sur les risques de l’internet.

6. Favoriser un usage positif des écrans

Mais il ne faut pas ne parler que des risques. Les écrans ne sont pas que négatifs. Encouragez un usage créatif et éducatif. Accompagnez vos enfants dans la découverte de contenus enrichissants en vous appuyant sur ce qui les passionne.

Vous pouvez chercher avec votre enfant les applications éducatives ou créatives qui lui plaisent. Vérifier si elles sont chargées de publicités et adaptées à l’âge de vos enfants.

7. Communiquer ouvertement

C’est assez essentiel. L’usage de l’internet doit être un sujet partagé autant que la journée à l’école ou au collège. Maintenez un dialogue ouvert avec vos enfants sur leurs usages numériques. Écoutez leurs besoins, leurs frustrations. Expliquez vos choix et vos inquiétudes. Et cherchez avec eux des solutions négociables et acceptables. Il ne s’agit pas d’interdire, mais de réguler.

Certains parents organisent des « conseils de famille ».  C’est en quelque sorte une réunion (mensuelle) où chacun peut s’exprimer. Le sujet de l’usage des écrans à la maison peut ainsi y être abordé plus sereinement.

8. Valoriser les moments hors écran

Mettez en valeur les activités sans écran. Montrez à vos enfants que le monde réel est riche en expériences et en émotions. Favorisez la lecture sur des sujets que vos enfants apprécient. (par exemple en achetant une revue « papier » sur leur sport ou leur activité de prédilection.  Vous pouvez aussi créer un « mur des souvenirs » avec des photos de vos activités familiales hors écran.

9. Adapter les règles à l’âge

Évidemment, les besoins et les capacités des enfants évoluent. Il est donc nécessaire d’adapter vos règles en fonction de leur âge et de leur maturité.  C’est en quelque sorte une question d’accompagnement au fil du temps en restant à l’écoute de vos enfants.  Vous ne pourrez qu’accorder progressivement plus d’autonomie à votre adolescent dans la gestion de son temps d’écran. Cela ne veut pas dire que vous cessez tout dialogue, au contraire.

C’est un peu la même chose si vous êtes conduit à expliquer à votre enfant ce qu’est la sexualité et les risques qui y sont liés. C’est un sujet embarrassant avec des jeunes plus pudiques que l’on ne le croit souvent. Mais il s’agit aussi d’éviter à terme que les adolescents ne s’éduquent eux-mêmes à travers des vidéos pornographiques sur internet.

10. Se faire aider si nécessaire

N’hésitez pas à demander de l’aide si le  sujet est trop difficile pour vous. On peut aisément comprendre qu’il soit trop difficile de vous détacher des écrans. Les relations parents – enfants peuvent vite se dégrader. Il est possible qu’ayant perdu la main depuis longtemps, un retour aux normes soit très difficile, voire vécu comme impossible.

Des professionnels peuvent vous accompagner. Un travailleur social en qui vous aurez confiance peut vous soutenir dans vos démarches. Vous pouvez aussi consulter un addictologue dans les cas extrêmes. Vous pouvez aussi faire appel à un psychologue spécialisé dans les problématiques liées aux écrans si les tensions familiales deviennent trop importantes.

Pour conclure, la dépendance aux écrans n’est pas une fatalité

Gérer l’exposition des enfants aux écrans est un enjeu majeur pour les parents d’aujourd’hui. Les obstacles sont nombreux : manque d’information, pression sociale, évolution rapide des technologies. Mais cela n’est pas insurmontable.

La clé réside dans une approche équilibrée. Ni diabolisation, ni laisser-faire. Les écrans font partie de notre monde, il s’agit d’apprendre à les utiliser de manière constructive et raisonnée.

Parents, vous n’êtes pas seuls face à cela. Des ressources existent, des solutions sont possibles. Avec de la patience, de la persévérance et de l’ouverture d’esprit, vous pouvez accompagner vos enfants vers un usage enrichissant des écrans tout en évitant les excès.

N’oubliez pas : votre rôle est essentiel. Vous êtes les premiers modèles de vos enfants. En adoptant vous-mêmes de bonnes pratiques, vous leur transmettez les clés d’un usage équilibré des technologies.

Le chemin peut sembler long et difficile. Mais chaque petit pas compte. Chaque moment de qualité passé en famille, loin des écrans, est en quelque sorte une petite victoire. Vous avez le pouvoir de façonner l’environnement numérique de votre foyer. Faites-en un espace d’apprentissage, de partage et d’épanouissement pour toute la famille.

Sources susceptibles de vous aider dans votre tâche :

 

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