Les écrans sont omniprésents dans nos vies. De la traditionnelle télévision aux tablettes, smartphones et ordinateurs portables, leur usage immodéré provoque des risques certains. Les enfants et les adloescents sont les premiers concernés. Ces outils ne peuvent en aucun cas servir de substitut à la connaissance ou à l’attention que peut porter un adulte envers les plus jeunes. Pire l’utilisation des écrans a des effets néfastes pour le développement de l’enfant. Si vous voulez que votre enfant développe sa créativité et son imagination, préservez-le de l’usage abusif des écrans. Voici 4 conseils apportés par le professeur Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, spécialisé dans les relations jeunes-médias-images et auteur de la règle du 3-6-9-12. Son blog est passionnant, je vous invite à le visiter.
Conseil n° 1 : pas de télévision avant 3 ans, avec discernement après 3 ans. La seule activité vraiment utile à cet âge consiste à permettre à l’enfant d’interagir spontanément avec son environnement grâce à ses cinq sens. Toucher, voir, écouter, sentir, parler ou babiller et surtout manipuler les objets. L’enfant apprend à se familiariser avec l’espace en trois dimensions. C’est fondamental pour son développement précise Serge Tisseron L’enfant à cet âge a besoin de se percevoir comme acteur et de pouvoir prendre la mesure de son environnement. Or devant un écran il est captif et passif même s’il réagit par moments. La stimulation sensorielle est supérieure à celle qu’il peut intégrer. Il ne réagit plus et capte des messages sans qui ne lui permettent pas de développer un imaginaire. Après 3 ans, et à la condition qu’il ait un bon développement psychomoteur, il peut interagir avec un écran mais de façon mesurée et limitée en présence d’un adulte qui lui parle, lui explique et l’aide à rester distancié face à ce qu’il voit. L’enfant intègre inconsciemment des modèles de comportements et d’attitudes masculins et féminins. Il n’est pas sûr que ceux véhiculés par la télévision soient si positifs que cela. C’est pourquoi, il sera utile dès de plus jeune âge de les aider à développer leur esprit critique leur permettant de prendre un certain recul face à ce qu’ils voient, notamment la publicité qui est très adaptée et séduisante pour en faire des prescripteurs d’achats auprès de leurs parents.
Conseil n° 2 : pas de console de jeu personnelle avant 6 ans pour favoriser la créativité. L’enfant développe son imagination en créant de ses propres mains avec le dessin, le modelage et le jeu avec d’autres. Il développe aussi sa socialisation et son rapport à autrui, au monde vivant (animaux) et à celui des objets. Il profite de multiples expériences sensorielles. Il joue avec les autres et en tire des expériences et des leçons. L’adulte l’aide aussi à relativiser les faits et il répond aux questions qu’il se pose. Lorsque l’enfant s’initie trop tôt aux automatismes de la console de jeu, il enferme son esprits dans des mécanismes « réflexes » . Toute son attention est captée. Il ne développe pas son imaginaire et ses réponses sont limitées à l’espace de jeu. Le virtuel et le réel peuvent aussi se confondre ou se mélanger. Enfin, jouer seul sur une console personnelle devient rapidement compulsif et peut créer une dépendance qui peu en préparer d’autres lorsque plus tard, il découvrira de nouveaux produits. Après 6 ans, les écrans peuvent être un support occasionnel de jeu en famille, voire d’apprentissages accompagnés mais la présence d’un adulte reste nécessaire.
Conseil n ° 3 : Internet accompagné à partir de 9 ans pour préserver son enfant. « Les pédiatres préconisent aux parents d’attendre l’âge de 8/9 ans avant d’initier leur enfant à l’Internet. Avant de pouvoir naviguer sur la toile, l’enfant doit assimiler certaines notions qui lui seront nécessaires pour éviter les pièges du web ». Un accompagnement et des explications sont nécessaires à cet âge là pour lui permettre de comprendre des concepts comme la vie privée, ce qui ne se partage pas et la vie publique qui donne à voir certains aspects de la vie du jeune . Il s’agit aussi de le sensibiliser à l’impact que peu provoquer ses ecrits envers les autres, notamment ses camarades de classe. Il est essentiel que les parents vérifient les sites visités, et puissent vite réagir si leur enfant est confronté à des images violentes, humiliantes ou dégradantes. Le temps passé sur Internet doit être limité et avoir une utilité expliquée par le parent et comprise par l’enfant. Il s’agit de toujours pouvoir donner du sens et de permettre le développement d’un esprit critique et distancié car, vous le savez, le meilleur comme le pire se côtoient sur le web. Il s’agit aussi de sensibiliser l’enfant sur les traces qu’il laisse en l’aidant à prendre conscience que parfois il est très difficile voire impossible de les effacer.
Conseil n° 4 : Internet seul à partir de 12 ans avec prudence. Le jeune peut commencer à surfer seul sur le net à la condition qu’il ait compris 3 règles qui régissent l’utilisation de l’Internet :
– Tout ce que l’on y met peut tomber dans le domaine public, circuler, être repris mais aussi déformé,
– Tout ce que l’on y met y restera très longtemps pendant sans aucun doute des dizaines d’années voire plus sans aucune possibilité de modifier ce qui est écrit ou photographié.
– Tout ce que l’on y trouve est sujet à caution et nécessite des vérifications : certaines données sont vraies et d’autres fausses. Certains sites sont construits pour développer de fausses théories propres à séduire les adolescents crédules et en recherche d’identité.
Cette conscience du risque dès lors qu’il est abordé en amont est une façon simple et efficace de travailler préventivement à tout risque d’embrigadement sectaire auprès des jeunes notamment parce qu’ils sont en en recherche de repères et de modèles.
Nous le voyons l’utilisation de l’internet mais aussi de la télévision et des jeux sur smartphones et tablettes ne sont pas sans risques pour les jeunes. Ils construisent au quotidien leur personnalité de demain. C’est pourquoi la présence de parents ou d’adultes en qui le jeune à confiance est nécessaire. Il faut pour cela qu’il accepte d’être accompagné en comprenant l’intérêt qu’il y a de profiter de l’expérience de ceux qui sont plus âgés qu ‘eux. Ces conditions ne sont pas toujours facile à obtenir. C’est pourquoi dès le plus jeune âge qu’il sera nécessaire de solliciter l’enfant sur cette réalité du monde virtuel qui s’impose à nous. Nous pouvons tenter d’en maîtriser les effets sans pour autant complètement en interdire les usages qui doivent à mon sens rester modérés.
Ecrans et autisme: un médecin de PMI lance l’alerte. Cet article est assez inquiétant. Même si certains aspects de cette présentation ont été remis en cause par le corps médical, il semble bien que l’exposition de nos enfants pendant de longues heures soient susceptibles de provoquer des troubles qui ressemblent fort aux troubles du spectre autistique. Prouvé ou non le principe de précaution s’avère ici nécessaire.
Photo credit: the UMF via Visual Hunt / CC BY
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