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TikTok, Facebook, LinkedIn…. Quels sont les effets des « distractions numériques » sur notre cerveau ?

Les écrans et les notifications sont omniprésents dans notre quotidien. Comprendre comment notre cerveau réagit à ces stimuli numériques est devenu essentiel pour pouvoir s’en préserver. Les recherches récentes démontrent les effets cognitifs provoqués par les interruptions numériques. Cet article vous propose d’en faire le point tout en explorant les stratégies pour minimiser leur impact. Certains diront qu’ils ne sont pas concernés, mais c’est comme la publicité. Notre attention est sans cesse détournée à l’insu de notre plein gré, et nous n’en avons pas toujours conscience.

Les « distractions numériques » : un défi pour notre cerveau

Les notifications de téléphone, les e-mails et les alertes d’applications comme TikTok, Facebook, LinkedIn et autres sollicitent constamment notre attention. Elles provoquent des interruptions qui peuvent avoir des conséquences significatives sur notre cognition. Ces distractions numériques perturbent les processus liés à la perception, l’attention, la mémoire et la compréhension, affectant notre capacité à rester concentrés et engagés dans nos tâches. C’est ce que j’appelle la perte du travail profond.

Une étude révèle qu’une personne met en moyenne plus d’une minute pour reprendre son travail après avoir vérifié son e-mail. Ainsi au travail devant un écran, les professionnels passent en moyenne plus d’une heure et demie par jour à récupérer des interruptions liées aux courriels.

Ces interruptions ne sont pas seulement des pertes de temps. Elles représentent une rupture de fluence, c’est-à-dire une perturbation de la fluidité cognitive que notre cerveau attend et prépare. Lorsqu’une notification inattendue survient, elle contredit les prédictions de notre cerveau, redirigeant notre attention et nous obligeant à chercher la cause de cette rupture Ces effets peuvent être observés à travers plusieurs dimensions cognitives et comportementales. Regardons ce que les recherches en cours nous disent sur ce sujet :

  • Une diminution de notre concentration et de notre efficacité : Les distractions numériques entraînent une diminution de la concentration et de la performance cognitive. Le simple fait d’avoir un téléphone visible sous votre regard peut réduire la performance cognitive de votre cerveau, notamment sur des tâches nécessitant une mémoire de travail et un raisonnement non verbal. C’est ce que nous apprend une étude canadienne. Autre exemple, récupérer des interruptions liées aux courriels, augmente la charge de travail perçue et le niveau de stress
  • Une augmentation du stress source d’épuisement : Selon ces mêmes études, les interruptions numériques peuvent augmenter le niveau de stress et de fatigue, tant moral, mais aussi physique ! Cette augmentation du stress peut contribuer à l’émergence de risques psychosociaux et même de burn-out. La constante nécessité de répondre aux notifications crée un cercle vicieux qui peut affecter négativement le bien-être mental et physique.
  • Un impact sur nos capacités d’apprentissage : Dans le contexte éducatif, l’utilisation excessive des écrans a montré des effets néfastes sur notre façon d’apprendre. Les recherches indiquent que les appareils numériques utilisés à des fins personnelles en classe peuvent nuire à l’apprentissage des élèves, affectant négativement leur mémoire de travail et leur capacité à se concentrer.
  • Une perturbation des mécanismes de contrôle de l’attention : Les notifications et toutes autres sollicitations numériques perturbent nos mécanismes neurobiologiques qui nous permettent de résister aux distractions. Ces mécanismes, qui impliquent plusieurs circuits cérébraux logés dans le cortex frontal, sont essentiels pour maintenir une attention soutenue et sélectionner les informations pertinentes. Nous n’imprimons pas ce qui nous est dit.
  • Des effets sur la santé mentale des enfants : Vous le savez sans doute déjà, chez les enfants, l’exposition excessive aux écrans peut avoir des conséquences sur leur développement cognitif et attentionnel. Il est essentiel aujourd’hui d’apprendre à nos enfants à résister aux distractions en les sensibilisant aux effets néfastes des écrans sur leur attention. C’est certes, plus facile à dire qu’à faire tant l’attractivité de ces écrans est forte et séduisante.

TikTok : une application particulièrement nocive pour notre cerveau

TikTok représente un cas intéressant d’interaction entre le cerveau et les applications numériques. Avec ses vidéos courtes et hautement engageantes, cette aplication capitalise sur notre désir de nouveauté et notre tendance à la distraction. L’algorithme de recommandation de TikTok, qui suggère du contenu basé sur nos comportements de visionnage précédents, crée une boucle d’engagement et de dépendance dont il est vite difficile de s’extraire.

TikTok exerce une influence considérable sur le cerveau. Il module notre attention, nos comportements et notre bien-être mental. Les recherches approfondies dans ce domaine révèlent les multiples facettes de cette interaction : 

  • Une forte activation du système de récompense : Les notifications, surtout celles issues des réseaux sociaux, stimulent le système de récompense du cerveau par la libération de dopamine. Ce phénomène, semblable à celui des jeux de hasard, crée une attente et une dépendance, poussant ainsi les utilisateurs à consulter fréquemment leur téléphone.
  • Une distraction qui réduit nos capacités de concentration : Les notifications interrompent régulièrement nos activités, réduisant notre concentration et notre performance. Il est prouvé que le cerveau nécessite en moyenne 23 minutes pour retrouver son focus après une interruption. Même des notifications passives, telles qu’une simple vibration, peuvent significativement perturber la performance dans des tâches demandant de l’attention.
  • Une modification de nos habitudes et de nos attentes : Les applications comme TikTok modifient nos désirs en termes de gratification instantanée. Cela contribue à diminuer la patience et la persévérance nécessaires pour des activités plus longues et moins stimulantes. TikTok, avec son flux incessant de contenus courts, encourage une consommation rapide et continue, ce qui peut altérer notre attention à long terme, particulièrement chez les jeunes utilisateurs dont le cerveau est encore en développement.
  • Un impact social et comportemental :  Les notifications modifient également les comportements sociaux, créant des obligations et des attentes qui peuvent affecter les relations interpersonnelles. Les relations familiales et amicales sont perturbées.

 

Tout cela n’est pas très positif, vous en conviendrez. Mais nous assistons à une véritable colonisation des cerveaux. Nous ne sommes plus nous-mêmes. Nous sommes ce que le réseau social souhaite : des addicts qui gobent des images et des messages sans recul ni analyse. Cette sursollicitation de notre cerveau nous conduit à être ailleurs, et surtout pas dans le présent.

Mettre en place une stratégie de gestion

Pour contrer ces effets, des experts recommandent de personnaliser les paramètres de notifications. Ils nous invitent à pratiquer des périodes de déconnexion par exemple en allant nous promener en oubliant nos smartphones à la maison. (Si cette idée vous stresse, c’est une marque de votre dépendance). En tout cas, il ne faut pas hésiter  à utiliser des fonctions telles que le mode « Ne pas déranger » de votre smartphone pour réduire les interruptions.  Des applications comme Daywise permettent de planifier la réception des notifications pour minimiser les perturbations. Mais cette application est payante et un peu trop chère à mon avis.

En conclusion, si les écrans et les notifications étaient des personnes, ils seraient probablement ces amis  envahissants qui ne cessent de vous interrompre avec des « Tu as vu ça ?! » ou « Regarde ça vite ! », même lorsque vous êtes en pleine conversation sérieuse ou en train de savourer un moment de calme. Comme ces amis, ils peuvent être divertissants, mais ils sont tout autant épuisants et parfois, franchement, un peu trop intrusifs.

Alors, la prochaine fois que votre téléphone vibrera avec la promesse d’une nouvelle notification TikTok ou d’un email « urgent », rappelez-vous que vous avez le pouvoir de dire « Pas maintenant, je suis occupé« . Le droit à la déconnexion existe mais il n’est pas appliqué. Pourtant même notre cerveau a besoin de petites pauses pour éviter de devenir, lui aussi, un adepte du zapping permanent. Et qui sait ? Peut-être qu’en résistant à l’envie de vérifier immédiatement chaque ping, nous pourrions redécouvrir les joies d’une concentration retrouvée ou mieux encore, d’une conversation ou d’un échange sans être dérangé.

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photo créé par katemangostar – fr.freepik.com

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