Livre blanc du travail social : la contribution de l’association nationale des assistant(e)s de service social (ANAS)

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L’ANAS a récemment présenté ses propositions pour le livre blanc du travail social. Pour mieux comprendre les préconisations de l’association, il est nécessaire de souligner les enjeux et les défis auxquels fait face le secteur. Il faut faire un effort de clarification.

Le travail social, qui englobe 13 diplômes et des qualifications allant du niveau 7 au niveau 3, souffre d’un manque de lisibilité et de reconnaissance. Tous s’accordent à le reconnaitre. Mais sa pratique est souvent perçue comme pouvant être exercé uniquement sur la base de qualités personnelles et de bonnes intentions, plutôt que comme une discipline nécessitant des compétences spécifiques et une formation approfondie. C’est aussi là le problème, car bien évidemment, la « bonne volonté » ne suffit pas, loin de là. Il faut pouvoir clarifier ce que représente ce terme générique de « travail social »

Pour remédier à cette situation, l’ANAS propose trois axes de travail. Ils visent à améliorer la lisibilité des missions du travail et du service social. Il s’agit aussi de garantir un meilleur service aux personnes accompagnées et enfin de définir le champ d’initiative des assistantes sociales trop encadré et soumis à de multiples contraintes.

Des communications adaptées

Parmi les propositions visant à développer la lisibilité des missions du travail et du service social, l’ANAS suggère d’organiser des campagnes de communication. Il serait nécessaire qu’elles soient centrées sur les spécificités du service social. L’ANAS propose aussi de mieux relayer la journée mondiale du travail social au niveau national. Enfin il lui parait important de clarifier la complémentarité des 13 professions du travail social. Ce dernier point est essentiel. Le grand public ne sait pas ce que les spécificités des différents métiers. Comment aller vers tel ou tel métier quand on ne sait pas ce qu’il représente ?

Exclure la gestion des prestations de services qui embolisent les travailleurs sociaux

Pour garantir un meilleur service aux personnes accompagnées, l’ANAS propose de dissocier le service social des logiques de prestations de service immédiates. Dans de nombreux pays, la gestion de ce type de prestations sur l’accès aux droits ne relève pas du travail social. Pas en France où les assistants de service social sont fortement impactés par cette mission.

Il faudrait aussi pouvoir évaluer les actions engagées à l’aune du niveau de participation effective des personnes accompagnées. L’ANAS propose de créer « une instance professionnelle d’assistants de service social garantissant aux personnes accompagnées la compétence des professionnels et la meilleure qualité des accompagnements ». Car là aussi, l’accompagnement ne s’improvise pas.

Enfin, pour améliorer le champ d’initiative des assistantes sociales, l’ANAS recommande de limiter la ligne hiérarchique des assistantes sociales à des personnels titulaires d’un Diplôme d’État d’ASS. De fait, par le passé, les cadres de proximité étaient issus de cette profession et connaissaient les pratiques et les limites des interventions. Cela n’est plus le cas aujourd’hui.

Parlons salaires

Il s’agit aussi de rattraper les retards de rémunération accumulés et de les aligner sur les standards européens. Il faut pouvoir gratifier la stabilité des professionnels. Il faudrait aussi inscrire des actions de recherche menées par les assistants sociaux parmi les missions incontournables des institutions employeuses. Enfin, il est aussi nécessaire de promouvoir et de gratifier l’exercice et la participation à la formation et certification des assistants de service social. Cette fonction demande des compétences spécifiques et un engagement important qui est actuellement effectué de façon bénévole.

La reconnaissance des spécificités des métiers est essentielle pour assurer l’avenir du travail social. Elle permet aux professionnels de poursuivre leur mission en soutenant la parole et les choix des personnes accompagnées dans une perspective émancipatrice. Pour mettre en œuvre ces propositions et assurer un avenir pour le travail social, il est essentiel de mobiliser les acteurs clés et les parties prenantes. Voici en résumé quelques étapes qui pourraient être envisagées :

  1. Renforcer la collaboration entre les professionnels du travail social, les institutions et les décideurs politiques pour élaborer des stratégies efficaces en matière de formation, de recherche et de pratiques professionnelles.
  2. Favoriser le partage d’informations et de bonnes pratiques entre les différentes professions du travail social, permettant ainsi de tirer parti des expériences et des compétences de chacun pour améliorer l’efficacité et la qualité des services.
  3. Sensibiliser le grand public aux enjeux et défis auxquels fait face le travail social, et promouvoir une image plus précise et valorisante du secteur, notamment en organisant des campagnes de communication et en relayant la Journée mondiale du travail social.
  4. Travailler à l’amélioration des conditions de travail et à la revalorisation salariale des professionnels, afin d’attirer et de retenir des talents compétents et motivés dans le secteurdu travail social.
  5. Encourager l’innovation et le développement de nouvelles approches pour répondre aux besoins des personnes accompagnées.  Il faudrait pour cela s’appuyer sur des recherches et des études de cas pour identifier et mettre en œuvre des solutions efficaces.
  6. Favoriser la participation active des personnes accompagnées. Cette participation doit être citoyenne et ne pas se limiter à une simple demande d’avis. Elle porte sur la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des services afin de garantir que ces services répondent au mieux aux besoins et aspirations des usagers.
  7. Soutenir la mise en place d’une instance professionnelle d’assistants de service social, qui a pour objectif de garantir la compétence des professionnels. Cette disposition vise à améliorer la qualité des accompagnements pour les personnes accompagnées et être un recours en cas de dérives.

 

En mettant en œuvre ces propositions et en travaillant ensemble, les professionnels du travail social, les institutions et les décideurs politiques peuvent contribuer à créer un environnement favorable au développement et à la reconnaissance du secteur. Ces actions visent à améliorer l’efficacité et la qualité des services proposés aux personnes soutenues. Elles assurent également que le travail social maintient son rôle essentiel dans la promotion de la dignité humaine, la réduction des inégalités et l’autonomisation des personnes et des groupes de personnes.

 

 

Illustration : Cette affichette publiée et diffusée par l’ANAS a été réalisée par Fanny Cé

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