Bonjour et bienvenue à cette revue de presse ! Aujourd’hui, plongeons dans des sujets aussi variés qu’essentiels : D’abord, on ne peut faire l’impasse sur la publication du rapport parlementaire qui traite des « manquements » la protection de l’enfance dans notre pays. Vous en trouverez ici l’essentiel. Pour ne pas déprimer, découvrez ensuite le témoignage très sympa de travailleuses sociales passionnées par leur métier à Paray-le-Monial. Vient ensuite une analyse percutante des inégalités frappant nos aînés malgré une espérance de vie allongée. Des récits humains, des constats alarmants et des appels à l’action… Sans oublier les multiples liens susceptibles de vous intéresser, installez-vous confortablement et… Bonne lecture !
Protection de l’enfance : le rapport de la commission d’enquête appelle à une profonde réforme et pointe la responsabilité de l’État
De multiples articles parlent de la publication du rapport parlementaire sur les « manquements » de la protection de l’enfance diffusé mardi dernier. J’ai retenu celui de Laurence Yème du site des pros de la petite enfance, car il est clair et assez précis à la fois. Fruit de près d’un an de travail, le rapport dénoncent les graves dysfonctionnements structurels des politiques publiques. Les députées Laure Miller (EPR) et Isabelle Santiago (PS), qui ont conduit ces travaux malgré un contexte politique plutôt « chaotique », dénoncent une action publique insuffisante et une implication défaillante de l’État. Avec 92 recommandations, ce document appelle à une réforme profonde pour replacer l’État au centre de la politique de protection de l’enfance, en insistant sur les besoins fondamentaux des enfants.
Le rapport souligne une gestion éclatée entre les départements et l’État, générant des inégalités territoriales et un désengagement des responsabilités. Il critique également une judiciarisation excessive des mesures et un recours trop fréquent au placement institutionnel, au détriment de l’accueil familial, pourtant reconnu comme la solution la plus adaptée. (encore faut-il avoir à disposition des assistants familiaux) Les chiffres sont édifiants : il y avait 397.000 mesures d’aide sociale à l’enfance fin 2023, en hausse de 44 % depuis 1998, alors que la population des moins de 21 ans n’a augmenté que de 1,6 %. Le vieillissement des assistants familiaux aggrave cette situation.
Les conséquences pour les enfants devenus majeurs sont dramatiques : chômage accru, pauvreté, moindre accès aux études supérieures et risque élevé de sans-abrisme. La commission alerte aussi sur le coût social élevé pour la société et plaide pour des actions préventives dès le plus jeune âge. Parmi les propositions phares figurent la création d’un fonds pluriannuel pour financer une stratégie nationale de protection de l’enfance, une meilleure reconnaissance des victimes de maltraitance institutionnelle et un renforcement des moyens alloués à la justice des mineurs.
Enfin, le rapport insiste sur l’urgence d’attirer davantage de professionnels dans ce secteur en crise qui compte 30 000 postes vacants. Il préconise une revalorisation salariale, une amélioration des conditions de travail et une spécialisation accrue des formations. Ces mesures visent à garantir un accueil digne et sécurisé pour chaque enfant. Bon, tout cela, on le sait déjà, et c’est bien de l’écrire officiellement, mais le gouvernement ne semble pas pour l’instant vouloir en faire quelque chose. (lire l’article desprosdelapetiteenface)
- Accéder au rapport d’enquête parlementaire : Tome 1 et Tome 2 (Comptes rendus des auditions)
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- « Ce système crée de la maltraitance institutionnelle » : Quand la protection de l’enfance devient un business | StreetPress
- Protection de l’enfance : un rapport parlementaire appelle l’Etat à mettre fin à un « impensé » et à « reprendre sa place » | Le Monde (abonnés)
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- « Je refuse d’adapter mes décisions aux contraintes de l’ASE » : comment les juges des enfants gèrent le manque de moyens dans la protection de l’enfance | L’Humanité
- Commission ASE : après le rapport Santiago, les associations réitèrent l’urgence d’agir | ASH (Abonnés)
Travailleurs sociaux : « C’est un métier qui a du sens »
Pourquoi vous parler de cet article du journal de Saône-et-Loire qui ne fait pas les grands titres nationaux ? Tout simplement parce qu’il donne la parole à deux éducatrices spécialisées et une conseillère ESF passionnées par leur métier. Elles en parlent très bien et cela fait du bien ! Elina Dupont, Carole Jarrigue et Maud Paradis, exercent au sein de l’association Le Pont à Paray-le-Monial. Certes, ce n’est pas Paris ni Marseille, mais ce qu’elles disent à de quoi vous enchanter.
Bien que leurs formations diffèrent – conseillère en économie sociale et familiale pour l’une, éducatrices spécialisées pour les deux autres –, elles convergent dans leur engagement auprès de publics vulnérables. Ces femmes accompagnent des jeunes en difficulté d’insertion, des personnes sans-abri ou encore des familles en quête d’un logement stable. Leur objectif commun est d’aider leurs interlocuteurs à retrouver une autonomie durable, comme le souligne Maud Paradis : « Notre but est que ces personnes gagnent en autonomie, de sécuriser la situation pour qu’elles ne se retrouvent pas dans la même quelque temps plus tard. »
L’écoute et la proximité sont au cœur de leur pratique quotidienne. Elles décrivent avec discrétion les confidences souvent douloureuses des personnes qu’elles soutiennent. « Quand on arrive chez les gens, on entre dans leur intimité », explique Elina Dupont, insistant sur l’importance de ne pas juger mais de comprendre les parcours de vie. Cette approche permet d’instaurer une relation de confiance essentielle à un accompagnement efficace. Carole Jarrigue ajoute que sortir des préjugés est indispensable pour établir un lien humain authentique : « Nous faisons de vraies rencontres riches et intéressantes. »
Ces professionnelles nous disent qu’elles font « un métier sublime ». Elles expriment une profonde satisfaction dans leur rôle. Pour elles, chaque succès – qu’il s’agisse de rétablir des droits sociaux ou de reloger une famille en détresse – est une victoire collective. Maud Paradis insiste sur l’interdépendance avec d’autres professionnels et associations : « Un travailleur social ne travaille jamais seul. » Cette collaboration renforce leur capacité à apporter des solutions adaptées aux besoins spécifiques des personnes accompagnées. Bravo les collègues, votre prise de parole est un exemple à suivre ! Votre témoignage montre avec des mots simples la richesse humaine et l’utilité sociale de nos métiers souvent méconnus, mais essentiels. Sympa non ? (Lire l’articledu JSL)
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Vivre plus longtemps, mais moins bien : les inégalités qui pèsent sur le grand âge
Cet article signé Jérôme Schoenmaeckers, docteur en Économie, publié sur The Conversation nous parle des inégalités qui affectent la qualité de vie des personnes âgées, malgré l’augmentation de l’espérance de vie. Si vivre plus longtemps est souvent perçu comme un progrès, les recherches montrent que cette longévité accrue ne garantit pas une meilleure qualité d’existence. En s’appuyant sur des données européennes, l’auteur nous présente des disparités socioéconomiques et des variations dans la qualité des soins, particulièrement en établissements pour personnes âgées.
Les résultats révèlent une situation délétère pour les populations défavorisées. Elles subissent une « triple peine ». Non seulement leur espérance de vie est plus courte (jusqu’à sept ans d’écart selon les pays), mais elles passent également davantage de temps en état de dépendance et rencontrent des difficultés accrues pour accomplir des tâches quotidiennes. Ces inégalités se manifestent aussi dans l’accès aux maisons de retraite. Les plus aisés évitent fréquemment ces établissements, tandis que les plus vulnérables y sont surreprésentés.
L’étude souligne également l’importance du cadre de vie dans le bien-être des seniors. Les perceptions diffèrent selon qu’ils vivent à domicile ou en institution, mais les disparités dans la qualité des soins restent un problème majeur. Les politiques publiques sont invitées à réduire ces inégalités en renforçant les filets de sécurité sociale et en soutenant les structures familiales, qui ont un rôle essentiel dans certains pays européens. Enfin, l’article appelle à des réformes dans les maisons de retraite pour garantir un accès équitable à des soins de qualité. Alors que la population européenne continue de vieillir, il devient impératif d’assurer une fin de vie digne et satisfaisante pour tous. (Lire l’article de The Conversation)
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- 36.000 pass ferroviaires gratuits pour les jeunes de 18 ans
Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser. Michelle assure une veille sociale indispensable !
Photo : capture d’écran LCP – Isabelle Santiago présente le rapport parlementaire
2 réponses
La commission parlementaire a entendu beaucoup de personnes : des présidents et des présidentes, des directeurs et des directrices, des attachés, des rapporteurs, des professeurs, des coordinateurs, des politiques, des associations etc … Que de belles personnes. D’anciens enfants placés étaient aussi conviés. C’est très bien. Mais où étaient les professionnels de terrain qui se confrontent chaque jour aux réalités de la protection de l’enfance, des formateurs et formatrices chargés de les préparer, des familles d’accueil ? C’est bizarre, sauf erreur de ma part, cette commission n’en a entendu aucun(e). Décidément, beaucoup de chapeaux à plume, mais pas de place pour les nouveaux hussards de la République. Pas suffisamment experts sans doute, ni dignes d’être consultés. Il fallait s’adresser à « ceux qui savent » qu’il ne fallait pas confondre avec celles et ceux qui agissent. Dommage !
A propos des personnes âgées en maison de retraite, et d’un accés équitable aux soins, j’attire votre attention sur le Décret du 31 Décembre 2024 (sic!) signé par le 1er Ministre, qui ouvre la possibilité pour les Établissements pour personnes âgées dépendantes d’appliquer un « Tarif différencié » suivant que les résidents seront bénéficiaires de l’Aide sociale légale à l’hébergement ou pas.
Une porte ouverte dans les établissements publics à une différenciation des résidents de 1ere classe, et de 2eme classe.
Dés le mois de janvier 2025 la plupart des EHPAD Public ont pris la décision d’appliquer, en augmentant le tarif journalier des résidents « payants » (maximum autorisé par le Décret = 30%).
Les choses sont très modérées en 2025. Qu’en sera t’il dans dix ans?