revue de presse | RSA : la sanction critiquée / France services mise à la diète / Pour valoriser les métiers, il faut les connaitre !

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Bonjour et bienvenue à cette revue de presse ! Regardons ensemble les articles de cette semaine qui vous proposent des sujets variés et essentiels en lien avec le travail social. Commençons avec la réforme du RSA, où les nouvelles sanctions suscitent des inquiétudes. Certains témoignages nous montrent que la sanction crée de l’exclusion : l’inverse même des objectifs la loi sur le RSA ! Nous aborderons ensuite les conséquences de la réduction des crédits pour les Maisons France Services et comment cela pourrait affecter les personnes les plus vulnérables. Découvrez aussi les préoccupations de l’ANAS concernant la présentation de la profession d’assistant de service social par France Travail. Enfin Emmaüs Connect nous alerte sur les effets collatéraux de la dématérialisation dans le travail social. Sans oublier les multiples liens susceptibles de vous intéresser… Bonne lecture !

 


Réforme du RSA : le nouveau régime de sanction critiqué

Le nouveau régime de sanction appelé « suspension-remobilisation » des allocataires du RSA a de quoi inquiéter. Ce régime permet de suspendre l’allocation des bénéficiaires du RSA s’ils ne respectent pas leur contrat d’engagement, avec une possibilité de versement rétroactif dans la limite de trois mois s’ils se conforment à leurs obligations. Cependant, cette mesure sévère commence déjà à provoquer des pertes de revenus pour les allocataires ainsi sanctionnés.  Leurs dettes s’accumulent et ils risquent l’expulsion.

Dans cet article du Monde, Thibaud Métais a pu consulter le tout dernier avis du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE) à ce sujet. Il met en garde contre les risques d’exclusion induits par cette réforme.  Par exemple, Mike, un allocataire du RSA, a témoigné de sa situation catastrophique après avoir été radié pour ne pas avoir accompli ses heures d’activités. Il a expliqué qu’il n’avait eu aucun rendez-vous pour justifier ses heures et qu’il avait perdu son logement en conséquence. France Travail le renvoie vers la CAF et la CAF le réoriente vers France Travail. Son témoignage montre les incohérences pratiques des administrations et les répercussions dramatiques que peut entraîner ce régime de sanction.

Le CNLE propose plusieurs recommandations pour améliorer la situation. Parmi celles-ci, l’instance demande l’adoption d’un moratoire sur l’application du décret précisant les contours de la nouvelle sanction. Le président du CNLE, Nicolas Duvoux, explique que « les conditions ne sont pas réunies pour que ça ne produise pas des radiations et une fragilisation des droits et des ressources des personnes ». Le CNLE suggère également une « redéfinition des termes de l’accompagnement » pour trouver un équilibre entre les engagements de la collectivité et ceux des allocataires.

Une autre recommandation clé est l’inscription d’un « droit à un revenu plancher ».  Il s’agit d’éviter que les sanctions ne privent totalement les ménages de ressources. Nicolas Duvoux précise que « dans le contexte budgétaire compliqué actuel, pour éviter vraiment des risques de perte de droits et de ressources, l’idée, c’est d’équilibrer le dispositif par la sanctuarisation d’un revenu plancher qui permettrait d’assurer la continuité des droits ». (lire l’article du Monde – abonnés)

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Des centaines de postes de conseillers numériques dans les Maisons France Services sont menacés

france serviceLes Maisons France Services, rappelons-le, ont été crées pour aider les quelque 10 millions de Français qui rencontrent des difficultés à utiliser internet. Cependant, en 2025, les crédits alloués à cette mission sont en baisse de 30 %. Cette réduction budgétaire drastique va avoir des conséquences  pour de nombreux usagers, notamment les personnes âgées, les personnes en situation de handicap et celles vivant dans des zones rurales ou des quartiers défavorisés.

Dans une tribune publiée par le Nouvel Observateur, Johan Theuret cofondateur du Sens du service public , directeur général adjoint chargé des ressources de la Ville et Métropole de Rennes tente de nous alerter.  En 2024, le nombre de démarches administratives disponibles en ligne a augmenté de 30 %, passant de 250 à 325 démarches. Cependant, environ 15 % de la population adulte en France est en situation d’illectronisme, 47,4 % des habitants des zones rurales ont un accès limité à internet et près de 54 % des Français éprouvent des difficultés à effectuer des démarches en ligne. Pour accompagner ce mouvement de dématérialisation, le dispositif France Services voit ses moyens considérablement diminués.

En 2024, plus de 4 000 conseillers numériques ont été déployés, aidant les usagers pour des démarches telles que la déclaration d’impôts, la demande de prestations sociales ou encore l’inscription sur les listes électorales. Le budget 2025 adopté prévoit une réduction des crédits alloués à l’inclusion numérique de 20 Millions d’euros (passant de 67 M.€ à 47 M.€ !). Cette baisse radicale de financement va mettre en péril la pérennité des initiatives d’inclusion numérique, y compris les postes de conseillers numériques. Ce serait aux collectivités territoriales de prendre le relai alors qu’elles financent ces postes à hauteur de 60% dans un contexte budgétaire serré.

Ce régime drastique pourrait avoir des conséquences dramatiques pour les usagers. En l’absence de soutien, de nombreux citoyens risquent de se retrouver exclus des services publics en ligne, aggravant ainsi le phénomène d’illectronisme en France. Les personnes les plus vulnérables seraient les premières touchées, avec un risque accru de non-recours aux droits et de marginalisation sociale. (Lire cette tribune sur le Nouvel Observateur)

 


Valoriser les métiers du social à condition de les connaître

anas france travailC’est quand même un problème, cette incapacité de l’administration notamment de France Travail de décrire correctement nos métiers. L’Association Nationale des Assistants de Service Social (ANAS) a récemment exprimé de vives inquiétudes concernant la campagne gouvernementale sur l’attractivité des métiers de l’humain. Il y a de quoi s’agacer notamment en ce qui concerne la présentation des métiers du social sur la plateforme prendresoin.fr, développée en partenariat avec France Travail

L’ANAS a constaté de nombreuses inexactitudes et imprécisions qui soulèvent des questions quant à la compréhension réelle de la profession d’assistant de service social. L’une de ses principales préoccupations est l’utilisation inappropriée des termes et la confusion entourant le titre d’Assistant de Service Social. L’ANAS souligne que « Assistant ou assistante social·e s’entend dans le langage commun, comme un raccourci d’assistant·e de service social qui est une profession emblématique et réglementée depuis 1946. L’usage de son titre est protégé. »

L’association insiste sur l’importance d’utiliser la terminologie en vigueur. Le site France Compétences mentionne que le Bachelor Universitaire Technologique (BUT) « Assistance Sociale » permettrait de porter le titre d’Assistant de Service Social sans le diplôme d’État requis. Cette information est inexacte et peut encourager l’usurpation de titre alors que celui-ci est protégé. En réalité, pour exercer en tant qu’Assistant de Service Social, il est nécessaire d’être titulaire du diplôme d’État d’assistant de service social (DEASS), ce que ces institutions semblent ignorer.

La critique porte aussi sur la présentation des missions de l’Assistant de Service Social sur le site de France Travail. Elle est particulièrement réductrice et bien éloignée des réalités du terrain. Le champ d’activité de la profession dépasse largement la description qui en est faite. L’association rappelle que « L’assistant de service social est un professionnel du travail social » et que son rôle est d’améliorer les conditions de vie des personnes et des familles grâce à une approche globale et d’accompagnement social. L’ANAS insiste également sur le fait que la profession est soumise au secret professionnel et que le diplôme d’État d’Assistant de Service Social est reconnu de niveau bac + 3.

Face à ces erreurs et approximations, l’ANAS demande des modifications rapides et appelle chaque professionnel à interpeller France Travail à ce sujet. L’association estime que la plateforme prendresoin.fr présente une campagne de promotion de l’accompagnement social sans considération des richesses existantes des métiers. Elle méconnaît les professions concernées, leurs méthodologies, la diversité de leurs formations et le capital d’expérience accumulé depuis plusieurs décennies. Ça pose un problème, quand même ! (lire le communiqué de l’ANAS)

Lire aussi :

 


Enquête : les effets collatéraux de la dématérialisation dans le travail social

couverture enquete laction sociale face au tout numerique enquete et plaidoyerÀ l’occasion de la journée mondiale du travail social du 18 mars, Emmaüs Connect, avec le soutien de partenaires experts du l’action sociale et de l’insertion, a publié les résultats d’une enquête inédite. Elle mesure les effets de l’accélération numérique dans le domaine de l’action sociale et de l’insertion. Cette enquête révèle que si le numérique a profondément transformé le secteur social, il a entraîné une dégradation de l’accompagnement humain et une augmentation de la part de médiation numérique subie dans ces métiers. Face à ces constats, Emmaüs Connect livre des préconisations pour remettre le numérique au service du travail social. (télécharger le livret) (télécharger l’enquête complète)

 


Vite dit :

Le Mag des ASH dans votre boite à lettre (pour les abonnés) avec un sommaire intéressant : j’ai apprécié l’enquête sur la protection de l’enfance « hors contrôle »; des infos sur le « prudent » virage des établissements médico-sociaux vers l’IA, des chroniques comme celles de la p’tite éduc du coin, fondue de communication… Il y a aussi cet avis et ces pratiques intéressantes de Sébastien Decoster qui nous rappelle « qu’un enfant n’a pas d’autres parents que les siens ». J’apprécie à chaque numéro les articles juridiques de Raymond Taube. Il faudra que je vous en reparle car elles sont vraiment instructives ! Cette fois ci, il nous parle du « droit de visite non respecté : entre le bâton et le gourdin écrit-il. Il n’a pas tort. le conjoint lésé a de quoi se faire entendre juridiquement parlant. Il y a dans ce numéro milles autres choses dont je n’ai pas le temps de vous parler, alors commandez-le !

– N’hésitez pas non plus à vous procurer le tout nouveau numéro de la revue française de service social (RFSS) : le numéro 296 aborde la place du service social et de la santé. Pas moins de 21 auteurs et autrices décortiquent ce sujet. Avec deux grandes parties : la première est intitulée « promouvoir la santé au travail » et la seconde traite de « pratiques sociales dans le champs de la santé. Je pense que là aussi j’y reviendrais avec un article de mon ami Jacques Trémintin qui nous parle de la prise en compte de la santé des enfants placés… Vous pouvez commander ce numéro (15 euros) sur le site de l’ANAS.

 


Les liens de la semaine…

Protection de l’enfance :

 

sans oublier…

 


Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser. Michelle assure une veille sociale indispensable !

Photo : Depositphotos Krakenimages.comAuteur Krakenimages.com  les autres photos sont issues des communications citées dans les articles de la revue de presse

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