Bonjour et bienvenue à cette revue de presse sociale. Aujourd’hui, nous allons parler du travail social clandestin, une réalité souvent méconnue, mais qui touche de nombreux travailleurs sociaux en France et en Belgique. Nous verrons également comment la marginalisation des métiers du travail social menace l’avenir des enfants, adolescents et jeunes majeurs qui ont le plus besoin de soutien. Enfin, nous découvrirons une expérimentation intéressante en Gironde pour lutter contre la précarité alimentaire. N’oublions pas les multiples liens (qui nous relient) sur des sujets qui devraient vous intéresser. Installez-vous confortablement et… Bonne lecture !
Le travail social clandestin : devoir ‘‘bricoler’’ pour aider
Pascal Fugier, Maitre de conférences en sciences de l’éducation à Cergy Paris Université, nous invite à visionner une émission de télévision belge diffusée le 21 janvier 2024 sur le thème du travail social clandestin : devoir ‘‘bricoler’’ pour aider. Il nous en fait une recension sur son compte LinkedIn. Cette émission nous parle des difficultés rencontrées par les travailleurs sociaux. Face à la complexité et aux limites du système, ils se voient parfois contraints d’agir en dehors des cadres légaux pour venir en aide aux personnes en situation de précarité. On le voit, ce qui se passe en Belgique est similaire à ce que vivent les travailleurs sociaux français.
Le travail social clandestin est une pratique courante, bien que peu reconnue et discutée. Il s’agit de « bricoler » des solutions pour répondre aux besoins des personnes en difficulté, en contournant les obstacles administratifs et réglementaires. L’auteur cite l’exemple d’une association qui héberge des personnes sans-abri dans des locaux non conformes aux normes, faute de places suffisantes dans les structures officielles. Ainsi, les travailleurs sociaux se retrouvent souvent à jongler entre éthique professionnelle et respect de la loi.
L’article soulève également la question de la responsabilité des pouvoirs publics dans cette situation. Pascal Fugier estime que les politiques sociales actuelles sont insuffisantes et inadaptées aux besoins réels des personnes en difficulté. Il appelle à une réflexion sur la nécessité de repenser les dispositifs d’aide et d’accompagnement, afin de permettre aux travailleurs sociaux d’exercer leur mission dans un cadre légal et sécurisé. (lire l’article sur LinkedIn) (lire l’article de présentation sur laicite.be).
« Les travailleurs sociaux de la protection de l’enfance, ces héros de l’ombre, sont en détresse »
À l’occasion de la Journée mondiale du travail social, le 19 mars dernier, un collectif d’associations, d’acteurs de la protection de l’enfance et de politiques a pris la parole dans une tribune publié par « Le Monde ». Elle explique combien la marginalisation des métiers du travail social menace l’avenir des enfants, adolescents et jeunes majeurs qui ont le plus besoin de soutien. Que nous dit cette tribune ?
Elle nous rappelle d’abord cette réalité souvent méconnue du grand public : celle des 377 000 enfants, adolescents et jeunes majeurs victimes de violences ou de négligences, pris en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE). Il y est aussi précisé qu’en 2019, le Haut Conseil du travail social recensait 21 millions de journées d’absence chez les professionnels, témoignant d’une réelle souffrance au travail. De plus, les placements en familles d’accueil ne concernent plus que 40 % des enfants aujourd’hui, contre 54 % dans les années 2000. Les conséquences de cette marginalisation du métier sont graves : près de 97 % des établissements du secteur de la protection de l’enfance rencontrent des difficultés de recrutement, avec 9 % de postes vacants et un recours à l’intérim de plus en plus important.
La formation des futures générations est également menacée : en dix ans, le nombre d’étudiants inscrits au sein d’écoles formant aux métiers sociaux a chuté de 6 %, et près de 10 % des étudiants abandonnent dès la première année. Faute de professionnels disponibles, de nombreux établissements et services accueillant des enfants sont contraints de réduire leurs capacités d’accompagnement, voire de fermer certains services. Face à cette situation, il est urgent de s’engager en faveur des travailleurs sociaux, afin de garantir la prise en compte des besoins fondamentaux des enfants : l’accès aux soins, à la scolarité et à la culture. L’amélioration des conditions de travail doit être une priorité, notamment en revalorisant les salaires, qui sont actuellement peu attractifs pour les nouveaux profils. Il est aussi essentiel de préparer les prochaines générations de professionnels en valorisant les métiers et les offres de formation, en reconnaissant les compétences et en facilitant les passerelles pour encourager les reconversions dans le secteur.
Et de conclure « Laisser aujourd’hui à l’abandon le métier de travailleur social de la protection de l’enfance est une faute » (lire la tribune du Monde)
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Cotiser pour mieux manger : une Sécurité sociale de l’alimentation testée en Gironde
Cette expérimentation visant à mettre en place une sécurité sociale de l’alimentation est en cours depuis le début du mois de mars. Cette initiative est portée par le Conseil départemental et plusieurs associations à la pointe sur ce sujet. Il s’agit de mieux lutter contre la précarité alimentaire et à favoriser l’accès à une alimentation saine et durable pour tous.
Le principe est simple : les bénéficiaires de l’expérimentation cotisent chaque mois à une caisse commune, qui leur permet ensuite d’acheter des produits alimentaires de qualité à des tarifs préférentiels. Cette démarche s’inscrit dans une logique de solidarité et de responsabilisation, les bénéficiaires étant acteurs de leur propre alimentation. Parmi les partenaires de l’expérimentation, on retrouve notamment le réseau des épiceries solidaires de la Croix-Rouge, qui propose des produits frais et locaux à des prix accessibles. Les bénéficiaires peuvent également participer à des ateliers cuisine et des rencontres avec des producteurs, afin de favoriser les échanges et la transmission de savoirs.
Cette expérimentation, qui doit durer deux ans, est menée dans le cadre du plan de relance et bénéficie d’un soutien financier de l’État. Elle s’inscrit dans une dynamique plus large de lutte contre la précarité alimentaire et de promotion d’une alimentation saine et durable pour tous. Selon les premiers retours, les cotisants se disent satisfaits de cette initiative, qui leur permet de mieux manger. « C’est une vraie bouffée d’oxygène, on se sent considérés et écoutés », témoigne l’une d’entre eux. Cette expérimentation est à suivre de près, car elle pourrait ouvrir la voie à de nouvelles formes de solidarité et de responsabilisation dans le domaine de l’alimentation. En attendant, elle permet déjà à des personnes en situation de précarité de mieux manger et de retrouver un peu de dignité.
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Photo : Capture d’écran de l’émission « libres, ensemble » sur le travail social « clandestin »
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