Bonjour et bienvenue à cette revue de presse ! Rien que pour vous qui ne faites pas le pont ! Préparez-vous à plonger dans les infos de la semaine aux enjeux sociaux les plus « tendus ». Des enfants en danger aux familles monoparentales en difficulté, en passant par les travailleurs sociaux méconnus, cette sélection d’articles vous offre un aperçu de réalités trop souvent négligées. Vous découvrirez des statistiques alarmantes et des raisons d’agir pour répondre à ces défis majeurs. Sans oublier les multiples liens sélectionnés pour vous. Bonne lecture !
La justice protège-t-elle les enfants en danger ? État des lieux d’un système qui craque
La justice traverse une crise sans précédent, dénoncée dans un rapport cinglant du Syndicat de la magistrature. Mais ce sont bien les plus vulnérables, notamment les enfants en danger, qui payent le plus lourd tribut à la dégradation du service public judiciaire. Manque d’effectifs, bâtiments vétustes, outils informatiques désuets… Les juridictions de la famille et de l’enfance sont frappées de plein fouet par ces carences chroniques.
Résultat : des délais de jugement démesurés qui mettent en péril la protection des mineurs. « Dans certains tribunaux, il faut compter jusqu’à un an pour qu’une situation d’enfant maltraité ou en risque soit examinée par un juge », s’alarme une magistrate. Le rapport cite d’emblée quelques chiffres :
- Chaque année, en France, 160.000 enfants sont agressés sexuellement, majoritairement au sein de leur famille.
- Un enfant est tué tous les 6 jours au sein de sa famille.
- 522 juges des enfants sont chargé·es de suivre les 254.673 enfants en danger faisant l’objet d’une mesure judiciaire de protection de l’enfance.
- En théorie, un juge des enfants devrait suivre 325 situations (un enfant ou une fratrie).
- En pratique, 50% des juges des enfants suivent 450 situations ou plus (soit au moins 800 enfants).
- 77 % des juges des enfants ont déjà renoncé à prendre des décisions de placement d’enfants en danger dans leur famille en raison d’une absence de place ou de structure adaptée à leur accueil.
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Sur le terrain, les professionnels de l’enfance sont désarmés face à l’engorgement des procédures. « Quand on saisit le juge pour un placement d’urgence, il est fréquent d’attendre six mois avant d’obtenir une décision alors que l’enfant reste dans un environnement dangereux », déplore une travailleuse sociale. Un délai interminable quand on sait que chaque jour compte pour préserver l’intégrité physique et psychique du mineur.
Au cœur de cette crise : un déficit criant de magistrats spécialisés et de personnels éducatifs dans les juridictions. Selon les chiffres du rapport, il manquerait près de 200 juges aux affaires familiales en 2022 pour faire face à l’afflux de dossiers. Même constat chez les greffiers et éducateurs chargés du suivi des situations familiales.
Dans les tribunaux, l’ambiance est à la fébrilité permanente. « On enchaîne les audiences à un rythme effréné, sans temps pour approfondir les dossiers ni préparer sereinement les décisions lourdes comme un retrait d’autorité parentale », confie une juge pour enfants. Faute de moyens, c’est la qualité du travail de protection qui se dégrade inexorablement. Face à cette urgence, les professionnels appellent l’État à un vaste plan de sauvetage de la justice des mineurs. Recrutements massifs, rénovations en profondeur, modernisation des outils… Autant de chantiers titanesques pour permettre à la justice de redevenir le dernier rempart protégeant les enfants en danger. (lire le rapport du Syndicat de la Magistrature)
Ce commentaire sur ce rapport de Salvatore Stella ancien président du CNAEMO devrat vous intéresser : Selon le syndicat de la magistrature « plus de 3 335 placements d’enfants en danger sont non exécutés : cette tragédie ne suscite pas la révolte qu’elle mérite »… Mais il y en a probablement beaucoup plus car à ce chiffre il faut ajouter les mineurs qui sont comptabilisés dans les interventions en milieu ouvert en attente de placement par exemple faute de place.
Et il faudrait également ajouter à ce triste constat les nombreuses listes d’attentes en milieu ouvert (AED, AEMO, actions éducatives renforcés…) de mineurs en danger en France et pouvant dépasser le millier d’enfants sur certains départements… et surtout de nombreuses semaines avant l’intervention concrète d’un professionnel! Il est grand temps que les enfants de façon générale et le champ de la protection de l’enfance en particulier soit grande cause nationale !
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Qui sont les « invisibles » du soin, du lien et de l’éducation ?
Ils sont 11 millions de travailleurs évoluant dans un environnement personnel et professionnel marqué par de multiples contraintes. L’Institut Diot-Siaci et le cabinet de conseil en impact social Temps Commun dressent, à partir d’une enquête réalisée par l’institut de sondages Occurrence, un portrait-robot réactualisé des « Invisibles ». Les ASH en ont fait un résumé à partir de cette étude que vous pouvez trouver ici.
Qui sont ces « invisibles » du secteur social et médico-social ? Ce sont d’abord les aides à domicile et les auxiliaires de vie. Présents au quotidien auprès des personnes âgées ou handicapées, ils pallient les manques d’effectifs dans les établissements et services. Leur dévouement permet de maintenir un lien social vital, mais leur statut précaire et leur rémunération modique (1 200€ net en moyenne) les cantonnent à l’invisibilité.
On trouve aussi les éducateurs de prévention, ces travailleurs de l’ombre qui arpentent les quartiers pour créer du lien et prévenir la délinquance des jeunes. Malgré leur rôle clé, leurs effectifs fondent, victimes des coupes budgétaires dans l’aide sociale à l’enfance. À Poitiers, leur nombre a été réduit de moitié en 10 ans.
Les accueillants familiaux figurent également parmi ces « oubliés ». Rémunérés au Smic, ils ouvrent leur domicile pour prendre en charge 24h/24 des enfants ou adultes handicapés lorsque les établissements sont saturés. Un engagement de chaque instant, mais un statut qui reste flou.
Enfin, les bénévoles associatifs, indispensables relais auprès des plus démunis, composent cette main d’œuvre de l’ombre. Écoutants à l’autre bout du fil pour les lignes d’écoute, ils apportent un réconfort précieux mais peinent à être reconnus et valorisés.Manque de moyens, de formations, de perspectives d’évolution… Le constat est le même pour tous ces métiers : un dévouement de chaque instant, mais une reconnaissance en berne de la part des institutions. Alors que les besoins sociaux et médico-sociaux explosent, ces maillons trop longtemps ignorés de la chaîne du soin et du lien social attendent d’être enfin sortis de l’ombre. (Lire l’article des ASH) ( Lire le communiqué de presse de la Fondation Travailler Autrement) (Accéder à la synthèse de l’étude )
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