Le travail en réseau s’appuie sur des acteurs motivés qui reconnaissent la nécessité de travailler ensemble. Ce sont donc des praticiens qui portent en quelque sorte le réseau et le font vivre. Les institutions tout en s’engageant, ne peuvent à elles seules porter cette dynamique…
Travailler en réseau est une réalité quotidienne pour les travailleurs sociaux, mais aussi pour les professionnels de la santé. Pour autant le réseau n’est pas toujours connoté positivement ( par exemple que penser des réseaux mafieux, de drogue, de prostitution?…) Ce qui est intéressant dans le réseau, dès lors qu’il s’inscrit dans une méthodologie d’intervention professionnelle, est cette forme d’organisation informelle qui permet d’apporter des réponses là où les institutions et leurs organisations n’y parviennent pas… Mais attention, cela ne veut pas dire que votre employeur ne s’y intéressera pas… Et au contraire, il doit à un moment être associé.
La logique de travail en réseau s’est particulièrement développé dans des actions qui allient le champ médical et le champ social. Il s’était développé il y a quelques années autour de l’hôpital.
Une tentative de définition nous est proposée par la Coordination Nationale des Réseaux qui n’existe plus aujourd’hui :
« Le réseau constitue, à un moment donné, sur un territoire donné, la réponse organisée d’un ensemble de professionnels et/ou de structures, à un ou des problèmes de santé précis, prenant en compte les besoins des individus et les possibilités de la communauté. »
Le ministère de la Santé en a bien saisi les enjeux. Sa définition est la suivante : « Les réseaux de santé sont des regroupements pluridisciplinaires de professionnels de santé (médecins, infirmières) et d’autres professionnels (travailleurs sociaux, personnel administratif, etc.). Ils ont pour objet de favoriser l’accès aux soins, la coordination, la continuité ou l’interdisciplinarité des prises en charge. Ils assurent une prise en charge adaptée aux besoins de la personne tant sur le plan de l’éducation à la santé, de la prévention, du diagnostic que des soins. Inscrits dans la loi depuis 2002, les réseaux constituent également l’un des principaux dispositifs de coordination des acteurs (sanitaire, médico-social et social) intervenant sur le parcours des patients ».
Lorsqu’une personne rencontre un professionnel de santé travaillant en réseau, celui-ci peut faire appel aux conseils et aux connaissances des autres membres du réseau. Cet échange permettra d’apporter une réponse globale au problème de santé de la personne. Il peut s’agir en effet d’une imbrication de problèmes médicaux et sociaux qui demande la coordination de professionnels de la médecine et du social. Une pathologie complexe peut aussi nécessiter l’intervention de plusieurs professionnels sur l’itinéraire » santé » de la personne.
Une typologie simple permet de distinguer quatre groupes qui forment actuellement le paysage des réseaux. Elle tient compte de la diversité des cadres juridiques de référence :
- Les Réseaux d’établissements : Constitué entre établissements de santé, ils sont bien formalisés et bénéficient d’une accréditation délivrée par les Agences Régionales de l’Hospitalisation. Ils n’ont pas pour objet la coordination entre la ville et l’hôpital.
- Les Réseaux ville-hôpital monothématiques : Constitué entre professionnels de la ville et de l’hôpital, ces » réseaux pionniers » ont d’abord eu pour objet la prise en charge des personnes atteintes du VIH et des toxicomanes. Ils peuvent concerner d’autres pathologies (cancer, hépatite C, d’autres maladies chroniques et complexes) et adoptent le plus souvent le statut d’association relevant de la loi du 1er juillet 1901.
- Les Réseaux de soins : Ce sont les réseaux expérimentaux visés par le code de la sécurité sociale. Centrés sur le soin et des pathologies très spécifiques, ils doivent faire l’objet d’un agrément ministériel. Actuellement, peu de réseaux bénéficient de cet agrément.
- Les Réseaux de santé de proximité : Centrés sur les populations, à l’échelle du quartier ou de la ville, ces réseaux ont développé parallèlement à la prise en charge médico-sociale des personnes une activité de santé publique ou de santé communautaire. Ils associent les services publics locaux, les professionnels de santé et les associations autour de projets de diagnostic, de prévention et de formation. Ils sont généralement constitués sous la forme associative.
la notion de réseau est particulièrement adaptée à la problématique santé-précarité
- les situations de précarité sont diverses et variées ( jeunes, sdf, sans papiers…)
- la précarité est un processus, dont les situations individuelles évoluent, ( par ex: salariés pauvres )
- le champ sanitaire et social, très divers et très spécialisé, est concerné
Les acteurs du social sont confrontés à des problématiques de santé, et les acteurs de soins ne peuvent pas soigner sans prendre en compte la dimension sociale. Le fonctionnement de ces acteurs en réseau est un moyen pour que chacun repère bien ses compétences et ses limites.
Les réseaux reposent souvent en premier lieu sur des engagements individuels. Au delà des différentes initiatives, il doit y avoir aujourd’hui, portage de la démarche par l’institution, afin de lui donner du sens, de la légitimité. L’enjeu du réseau est de trouver un équilibre entre le seul engagement d’acteurs de terrains «militants » et une commande administrative « par décret » sans lien avec le terrain. Les acteurs doivent pouvoir garder une liberté de manœuvre dans le champ donné par les institutions. Le réseau doit rester ouvert, renouveler en permanence ses membres. Il doit aussi renouveler sa « problématique », car les membres peuvent se démobiliser.
Bref il y a là un champ des possibles là où nos institutions peinent à trouver des réponses. Et c’et bien pour cela que les réseaux sont utiles. A nous de déployer cette façon d’intervenir sur des sujets relevant par exemple de la grande exclusion pour laquelle nous ne disposons pas de réponses satisfaisantes… Mais cela pourra être utile tout autant dans le champ de l’insertion sociale et professionnelle…
(Cet article est une reprise actualisé d’un article de ce blog classé à la date du 26 septembre 2014)