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Michel Barnier pourra-t-il faire face à l’urgence sociale ?

La nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre le 5 septembre dernier a suscité de nombreuses réactions dans le secteur social. Bien que son parcours politique soit conséquent, notamment à la Commission européenne et dans divers ministères sous différentes présidences, son expérience dans le domaine social reste limitée. Cette situation soulève des interrogations légitimes quant à ses orientations futures sur des sujets cruciaux tels que le handicap, le grand âge, la protection de l’enfance ou encore la lutte contre la pauvreté. Le plus vieux Premier ministre de l’Histoire qui succède à celui qui aura été le plus jeune, saura-t-il tenir compte des attentes de nos concitoyens ?

Un appel à l’action face à l’urgence sociale

L’Union nationale des centres communaux d’action sociale (Unccas) n’a pas tardé à réagir à cette nomination. Elle a adressé une lettre ouverte au nouveau chef du gouvernement. Dans ce document, l’organisation met en avant la situation sociale qui prévaut actuellement en France métropolitaine et dans les territoires d’outre-mer.

L’Unccas va plus loin en proposant que la solidarité soit élevée au rang de grande cause nationale. Elle demande ainsi à Michel Barnier d’être le garant de cette mission devant la Nation.

Cette démarche s’accompagne d’une demande pressante de mesures concrètes, notamment dans le cadre des prochaines lois de finances. L’objectif est clair : prévenir l’aggravation des fractures sociales qui menacent la cohésion de notre société. Cette requête souligne l’importance d’une action rapide et efficace pour répondre aux besoins les plus urgents de la population.

Le rôle des collectivités territoriales en question

La nomination de Michel Barnier a suscité des réactions contrastées au sein des associations d’élus. Celles représentant les collectivités territoriales, telles que Régions de France et Départements de France, ont accueilli favorablement cette nomination, saluant l’expérience de Barnier en tant qu’élu local.

L’AMF et Intercommunalités de France ont adopté un ton plus mesuré, appelant à un dialogue renouvelé entre l’État et les collectivités. Fait notable, le parti présidentiel Renaissance s’est montré particulièrement réservé, refusant de donner un « chèque en blanc » au nouveau gouvernement. Cette situation laisse entrevoir les difficultés que Michel Barnier pourrait rencontrer pour maintenir un équilibre politique et éviter une censure à l’Assemblée nationale.

Sur le plan politique, la gauche a vivement critiqué ce choix, dénonçant un « déni de démocratie ». Cette nomination Barnier a également suscité des réactions du côté des présidents de gauche des Départements de France. Leur communiqué, empreint d’une grande défiance, rappelle néanmoins son expérience en tant qu’élu local, notamment au Conseil Général de Savoie. Cette expérience pourrait s’avérer précieuse dans la compréhension des enjeux locaux et la mise en place de politiques adaptées aux réalités du terrain.

Pour autant, il ne faut pas rêver. C’est un cap pris « à droite toute ». Indique le communiqué des élus de gauche. « Le Rassemblement National moquait autrefois la soi-disant union « UMPS ». Désormais, c’est le « RNEM » ! » écrivent les élus de gauche.

Une prudence des réactions et une inquiétude

L’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss), par la voix de son président Daniel Goldberg, adopte une posture prudente vis-à-vis du nouveau Premier ministre. Tout en reconnaissant ses « grandes capacités d’écoute et de recherche du compromis », l’Uniopss exprime des réserves quant à certaines positions antérieures du chef du gouvernement, notamment sur l’idée d’une « forme de préférence nationale ».

L’inquiétude principale de l’Uniopss porte sur la continuité potentielle avec les politiques du gouvernement précédent. Elles sont jugées insuffisantes dans plusieurs domaines clés : la loi sur le vieillissement, la protection de l’enfance, le handicap, la lutte contre l’exclusion et la réforme du RSA dans le cadre de France Travail. Cette préoccupation est partagée par d’autres acteurs du secteur, qui craignent un immobilisme face aux enjeux sociaux actuels.

Dans un post sur LinkedIn, L’ancien magistrat , résume avec un certain humour les attentes du secteur. « C’est parti ! » écrit-il « Habemus papa ministre Maintenant il nous faut

  • Un ministre de. l’enfance
  • La relance du Comité interministériel a l’enfance
  • Une relance des travaux État/ADF en faisant toute sa place au secteur associatif
  • Une commission parlementaire d’enquête renouvelée
  •  Un rendez-vous pour des mesures d’urgence et un plan à moyen et long terme

 

Bref, précise-t-il, il faut un brin de lucidité pour ne pas tout miser sur l’autorité. On veut y croire. »

De son côté l’association « la voix de l’enfant » attire l’attention sur la crise que traverse le secteur de la protection de l’enfance. Face à l’instabilité politique qui a caractérisé ce domaine ces dernières années, avec trois ministres différents en à peine cinq ans, l’association appelle à la nomination d’un Haut-Commissaire à l’Enfance et à la Jeunesse. Cette proposition vise à garantir une politique publique cohérente et stable, indispensable pour répondre efficacement aux besoins des enfants et des jeunes en difficulté.

Droit des étrangers : entre incompréhension et inquiétude

La Cimade exprime son « incompréhension et effarement » face à la nomination de Michel Barnier. Elle craint « la perpétuation d’une surenchère de stigmatisation et d’atteinte aux droits des personnes migrantes ». L’association revendique un changement profond d’orientation politique et idéologique sur les questions migratoires.

Cette position reflète les inquiétudes de nombreux acteurs du secteur social. Sous pression du RN, il faut s’attendre à un durcissement de la politique migratoire, au détriment des droits et de la dignité des personnes migrantes et réfugiées.

Des attentes en matière de politique du handicap

Le secteur du handicap exprime des inquiétudes quant aux orientations que prendra le nouveau gouvernement. Le Collectif Handicaps rappelle l’absence de mentions spécifiques au handicap dans le programme qu’avait présenté Michel Barnier lors des primaires des Républicains. Face à cette incertitude, le Collectif appelle à la mise en œuvre de la feuille de route établie lors de la Conférence nationale du handicap (CNH).

L’Union nationale des associations de parents d’enfants inadaptés (Unapei) se joint à cet appel. Elle réclame des « actes politiques forts » en faveur du handicap et de la solidarité.

Le projet de loi sur la fin de vie en suspens

La nomination de Michel Barnier soulève également des questions concernant l’avenir du projet de loi sur la fin de vie. Son  examen était en cours avant la dissolution de l’Assemblée nationale. L’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) exprime sa circonspection face à cette nomination. Elle rappelle l’opposition majoritaire de la famille politique de Barnier au projet de loi instaurant l’aide à mourir.

Les enjeux du secteur de la santé et du grand âge

La Fédération hospitalière de France (FHF) rappelle l’urgence de placer la santé, l’hôpital public et le grand âge au cœur des priorités du nouveau gouvernement. Elle insiste particulièrement sur la nécessité de réponses budgétaires à la hauteur des enjeux d’accès aux soins, notamment dans le cadre du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale. De son côté, le Syndicat national des établissements et résidences pour personnes âgées (Synerpa) espère que Michel Barnier saura s’emparer des défis liés au grand âge, en particulier la question cruciale de l’attractivité des métiers dans ce secteur.

L’action sociale ne semble pas être une priorité

Alors que de multiples dossiers tous aussi prioritaires les uns que les autres sont sur la table, Michel Barnier aura-t-il la volonté de répondre à l’urgence sociale ? La question reste entière. La nomination d’un(e) ministre des Solidarités devrait nous éclairer sur le chemin qui sera pris. Il n’y a qu’à croiser les doigts pour que cela ne soit pas l’éphémère Aurore Bergé qui n’a pas brillé à ce poste lors de son récent passage au ministère.

En conclusion, la nomination de Michel Barnier comme Premier ministre soulève de nombreuses attentes et interrogations dans le secteur social. Les différents acteurs du domaine expriment leur volonté de voir émerger des politiques ambitieuses et concrètes en matière d’action sociale. Mais celle-ci n’a jusqu’à présent pas citée dans les priorités du nouveau premier ministre. Les conditions de sa nomination ne laissent présager rien de bon.

Sources :

 


Photo Michel Barnier : European Parliament Brexit debate – Michel Barnier, EU Brexit negotiator. Photo prise le 18 septembre 2019 Certains droits réservés

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Une réponse

  1. Bonjour Didier, ce compte rendu, c’est bien, mais on.pourrait parler du fameux rapport
    Borlot sur la ville ou etait abordé la Prevention Spécialisée qui se meurt,, enterrée par Macron pour des raisons obscures et qui. d’une grande pertinence a mon avis, etait une première approche compréhensive du rôle des travailleurs sociaux et éducateurs dans les quartiers.
    Aujourd’hui on parle plus que de repression.

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