Voilà une chorale à trois personnages qui accroche le lecteur, dès les premières pages entamées et qui ne le lâche plus jusqu’à la dernière.
Ludovic, 14 ans, est métis et malentendant. Il s’isole souvent, souffrant du rejet de son groupe de pairs. Il s’est entiché des valeurs des civilisations premières américaines Il veut ressembler aux Lakotas ces Indiens des Grandes plaines chez qui les infirmités ne sont pas perçues comme un handicap, mais au contraire comme le signe d’une alliance avec certaines forces de la nature. Le conflit entre ses parents divorcés le stresse. Il a monté un projet de bivouac en montagne avec son père. Mais, avec un parent aussi inconstant et peu fiable, il va devoir se débrouiller seul.
Jordan, quant à lui, est un jeune délinquant débrouillard et sympathique. Extrait de sa cellule, pour comparaître devant un juge d’instruction pour avoir causé la mort d’une enfant de dix ans en la percutant avec sa voiture. Il réussit à échapper aux gendarmes en sautant d’une fenêtre du palais de justice. C’est le début d’une cavale aventureuse au cours de laquelle sa profonde humanité va se révéler avec une authenticité qui le surprendra lui-même
Troisième personnage, Carla, jeune gendarme de 24 ans. Elle traîne derrière elle un traumatisme familial dont on ne saura rien d’autre que l’image d’un père sortant de son domicile les menottes aux poignets. Sa détermination et sa perspicacité finiront par convaincre ses supérieurs de lui faire confiance pour lui confier l’affaire : une adolescente retrouvée avec un poignard de facture indienne planté dans le cœur.
Nos trois acteurs vont se trouver mêlés, chacun(e) de son côté, à cette énigme policière à résoudre. Un assassinat, un meurtrier, une enquête. Le récit commence par une fine analyse des caractères et des histoires de chacun(e). Puis il s’accélère rapidement, adoptant un rythme haletant. Il se déploie avec la précision d’un scénario cinématographique, avec, en toile de fond, les pentes abruptes des Pyrénées.
Chapitre après chapitre, chacun(e) décrit son propre vécu des mêmes évènements. En l’espace de trois jours, leurs univers respectifs vont se côtoyer, avant de se croiser et de s’entremêler. Autant de parcours différents qui se combinent, se rejoignent et se relient à jamais au contact d’évènements qui vont les marquer à vie.
Finalement, tous réussiront à triompher de leurs fragilités anciennes, des épreuves auxquelles ils sont confrontés et des dangers affrontés. En relevant avec succès bien des défis, ils déploieront cette capacité à la résilience qui leur permettra de sortir encore plus forts. Le déroulement est trépidant, le suspense entêtant, la conclusion inattendue. L’issue ne sera pas bien sûr dévoilée ici. Au lecteur de se jeter à corps perdu dans cette lecture. Il ne la regrettera pas. Une excellente façon de commencer un été, loin de la fureur et du bruit alentours.
- Refuge 1420 | Le Muscadier, Jean M. Firdion, Éd. Le Muscadier, 400 p.
Cet article fait partie de la rubrique « Livre ouvert »
Il est signé Jacques Trémintin
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Photo : extrait de la couverture du livre Refuge 1420