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L’éducation populaire, un outil au service des actions collectives en travail social

Nous avons souvent tendance à exclure du champ du travail social l’animation et l’éducation populaire. En effet la professionnalisation des travailleurs sociaux et celle des animateurs sociaux ont suivi des trajectoires différentes. On parle même de rendez-vous historique manqué. Pourtant les pratiques de l’éducation populaire et de l’animation socio culturelle sont  complémentaires, utiles et pertinentes pour les travailleurs sociaux. Certains y font appel même s’ils ne sont pas issus de cette filière. Pourquoi et comment ? C’est ce que nous allons tenter de voir dans cet article…

Travail social et éducation populaire ont les mêmes finalités

La définition du travail social indique que « dans un but d’émancipation, d’accès à l’autonomie, de protection et de participation des personnes, le travail social contribue à promouvoir, par des approches individuelles et collectives, le changement social, le développement social et la cohésion de la société ».  de son coté l’éducation populaire « vise à transformer les relations aux savoirs, les relations à l’autre dans l’action collective afin de faire évoluer plus globalement les rapports sociaux. En ce sens l’éducation populaire s’inscrit dans une perspective politique avec une perspective d’émancipation individuelle et collective ». Les finalités sont proches voire similaires puisqu’il s’agit de permettre l’émancipation des personnes et des groupes.  cette définition est celle qui est présentée sur le site des CEMEA : Il est précisé ce que contrairement aux idées reçues, l’éducation populaire n’est pas « que l’éducation du peuple ». Elle n’est pas que l’accès à la culture et aux loisirs et elle ne peut être  réduite à un service d’animation socioculturelle.

Qu’est-ce que l’éducation populaire ?

L’éducation populaire est un courant d’idées et de pratiques qui a pour objectif une diffusion de la connaissance au plus grand nombre afin de permettre à chacun de s’épanouir et de trouver la place de citoyen qui lui revient. Elle recherche le développement des capacités à vivre en société. oui mais encore ?

L’éducation populaire est une pratique professionnelle (praxis) qui, dans le champ de l’éducation, fait appel à des actions collectives pour générer  des processus de transformation des relations aux savoirs, des relations à l’autre et à la société avec une visée émancipatrice. Des objectifs qui rejoignent complètement ceux du travail social. Nous travaillons ainsi dans la complémentarité.

Selon Benigno Cacérès, (1) deux conceptions prévalent à l’émergence de l’éducation populaire : une conception humaniste et une conception citoyenne visant à donner à chacun l’instruction et la formation nécessaires pour devenir un acteur capable de participer à la vie du pays. José Baldizzone propose de définir l’éducation populaire comme « action éducative des milieux populaires en vue d’amender le système social… » Pour Jean Laurain, qui a été Président d’Honneur de la FFMJC, le moyen propre à l’éducation populaire est « la vie associative volontaire à but non lucratif » et l’éducation populaire ne peut avoir de sens et d’efficacité que si elle est « une auto-éducation du peuple par le peuple ».

Qu’est-ce que l’animation ?

L’animation, quant à elle, est à la conjonction d’une part d’organisations de jeunesse et d’éducation populaire et d’autre part d’institutions publiques. Elle est l’un des 5 grands domaines du travail social  (2)

Selon J. C. Gillet (3), ces deux ensembles s’interpénètrent plus qu’ils ne se succèdent. L’animation est héritière des mouvements d’éducation populaire des 19è et 20è siècles, visant par un accès enfin possible à la culture, à former des citoyens adultes, responsables et critiques.

Elle est issue des courants psychosociologiques valorisant le groupe comme lieu d’expression et de créativité. Révélatrice de la montée en puissance de la civilisation des loisirs, elle est l’expression des couches moyennes montantes dans les années 60-70. Aujourd’hui, elle est devenue un système avec ses institutions, ses équipements et ses acteurs : c’est un ensemble intermédiaire d’action et de développement intervenant sur le triple registre de la régulation, de la promotion et de la valorisation dans des situations où les enjeux sont à la fois culturels, sociaux, économiques et politiques.

L’animation a une visée de changement, une vision démocratique, un jeu complexe permettant à chacun d’expérimenter la reconnaissance de l’autre, la possibilité pour chaque individu d’exercer un pouvoir et une capacité de transformation. Pédagogie, visée éducative et intelligence stratégique la résument. Sa méthodologie relève autant d’une science de la conception (du projet à venir) que de l’analyse (du projet réalisé).

Les travailleurs sociaux ont intérêt à travailler avec les animateurs et à faire appel aux outils issus de l’éducation populaire

Cela est  particulièrement utile lorsque les travailleurs sociaux qui s’engagent dans des pratiques d’actions collectives. Ils peuvent  utiliser les outils et les savoirs de l’éducation populaire et de l’animation. Mais en ce qui concerne l’animation, il faudra faire attention  ne pas s’enfermer dans la technique qui maintient le pouvoir de l’animateur sur le groupe qui est « animé ». Non, L’animation doit être au service de l’émancipation des personnes et des groupes c’est en ce sens qu’elle rejoint les finalités du travail social.

1 Benigno Caceres., Histoire de l’éducation populaire, Peuple et culture, n°16, 1964

2 in « politiques sociales et de santé : comprendre pour agir » page 587 Yvette Rose Rayssiguier et Gilles Huteai  (presses de l’EHESP)

3 J. C. Gillet., Animation et animateurs, le sens de l’action, L’Harmattan, 1995

photo : simounef « Cadrage sans queue ni tête »  Place de l’opéra dispersion.  Manif éducation nationale 19 Octobre 2008  Certains droits réservés

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Une réponse

  1. C’est intéressant. Je ne savais pas que de telle initiatives existaient. Par qui est ce que c’est mis en place et coordonné ?
    Cela semble assez similaire au travail que font les organisateurs communautaires au Québec.
    En lien, il y a aussi les approches basées sur le territoire (placed based approach sur google) et l’intervention de proximité qui est documentée aussi par les québecois (entre autre https://www.erudit.org/fr/revues/nps/2013-v26-n1-nps01399/1024982ar/)
    Appliqué a la santé mentale, il y a l’expérience de Trieste en Italie aussi qui peu être intéressante !

    En tout cas, je serais curieux d’en savoir plus sur l’education populaire et la facon dont c’est mis en place 😉

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