Ce n’est pas un hasard si les États s’inquiètent de la puissance accrue des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) quand on constate combien nous sommes tous désormais asservis aux outils numériques. Cet article va tenter de vous expliquer pourquoi et comment.
Quelques chiffres permettent de mieux comprendre l’ampleur du phénomène. Ils sont donnés par dataportal et repris par France Num le portail du Gouvernement pour la transformation numérique. Celui-ci a mis en ligne les données 2019 mais j’ai préféré remonter à la source de ce type d’info publiée en février 2020. Les données sont mondiales mais vous pouvez trouver une extraction de celles qui concernent la France ici. L’ensemble de ces chiffres concerne janvier 2020
Les usages de l’internet concernent toutes la planète comme le montre le tableau suivant. On constate que l’Europe de l’Ouest est devant l’Amérique du Nord quant au nombre d’utilisateurs des outils numériques. Ne serions-nous pas les champions de cette addiction ?
En France, nous sommes 58,03 millions d’internautes et 39,00 millions d’entre nous utilisent les réseaux sociaux
Ce nombre a augmenté de 126.000 (+ 0,2%) en un an. La pénétration d’Internet en France était de 89% de la population en janvier 2020. Il n’y aurait selon cette étude que 11% de la population qui n’irait jamais sur Internet. Pour ma part j’ai l’impression qu’il y en a plus, mais ce n’est qu’une impression.
Les réseaux sociaux sont de plus en plus puissants. Le nombre de personnes qui les utilisent est toujours plus important d’une année à l’autre : Le nombre d’utilisateurs des réseaux sociaux en France a augmenté de 2,1 millions (+ 5,6%) entre avril 2019 et janvier 2020. Soit une croissance de 210.000 personnes par mois. Et encore c’était avant la période de confinement.
Ces chiffres sont encore plus importants pour l’usage des smartphones. Si l’on croit les auteurs de cette étude toute la population en possèderait un, ce qui évidemment est inexact. Pourtant Il y avait 65,53 millions de connexions mobiles en France en janvier 2020.
Cela veut dire que de nombreux particuliers ont plusieurs smartphones. Pas besoin de s’appeler Paul Bismuth pour cela il suffit de penser que les entreprises fournissent des smartphones professionnels et que les particuliers qui les utilisent ont des cartes sim personnelles qui comptent pour une connexion. En tout cas le nombre de connexions mobiles en France a augmenté de 518.000 (+ 0,8%) entre janvier 2019 et janvier 2020.
Bref cela fait dire aux auteurs de l’étude que le nombre de connexions mobiles en France en janvier 2020 équivaut désormais à 100% de la population totale.
Tous ces outils façonnent notre façon de penser…
… Mais aussi de travailler, de nous distraire et nous cultiver. Ils sont très attractifs et contribuent de plus en plus à nous en rendre dépendant. Pourquoi ?
- Il y a le télétravail qui se développe
- les réseaux sociaux sont organisés pour que nous développions de la dopamine source de l’addiction
- dans tout ce qui est collectif, (écoles, entreprises, associations mais aussi familles) ne pas utiliser les outils numériques vous exclue au point que les refuser est devenu quasiment impossible.
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Bref notre société est en train de changer radicalement. Il n’est pas étonnant que les États s’en préoccupent car ces outils façonnent nos opinions et contribuent parfois à manipuler notre pensées de façon bien plus puissante et discrète que par le passé. Ces outils donnent des possibilités de s’affranchir de nombreuses règles pourtant nécessaires à la vie en société. Cette réalité est tout autant inquiétante avec…
- Le développement des Fake news et du conspirationnisme : on voit ce que cela a donné aux États-Unis avec cet usage intense des réseaux sociaux de la part de Donald Trump et ce que cela a provoqué.
- L’utilisation massive via des algorithmes de nos données personnelles par les GAFAM qui malgré le RGPD demeurent les « rois de la non-conformité«
- L’addiction aux écrans dès le plus jeune âge.
- Les escroqueries en ligne qui se développent tout azimut
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Mais nous sommes, semble-t-il, prêt à accepter cela au regard des facilités que ces outils nous rapportent et leur formidable attractivité car ils nous simplifient la vie.
Jusqu’où cela va-t-il aller et quelle société sommes-nous en train de construire ? La question mérite quand même d’être posée.