Les entreprises et associations de l’économie sociale et solidaire (ESS) vont mal actuellement. Le secteur est en crise alors qu’il occupe une place significative dans le paysage économique. Ce secteur ne se limite pas à une simple niche économique, mais constitue plutôt un acteur majeur de l’économie nationale. En termes d’emploi, l’ESS est un pilier important, comptant pour près de 14 % des emplois privés en France. Ce chiffre souligne non seulement l’importance du secteur pour l’économie, mais aussi son rôle en tant qu’employeur.
Le secteur est diversifié et comprend une variété d’organisations, allant des associations aux coopératives, en passant par les mutuelles et les fondations. Parmi ces entités, les associations se distinguent comme les plus grands employeurs, ce qui témoigne de leur rôle central dans l’ESS. Cette diversité organisationnelle fait de l’ESS un secteur dynamique, capable de répondre à une multitude de besoins sociaux tout en contribuant de manière significative à l’économie française.
Les travailleurs sociaux connaissent bien dans ce secteur les structures d’insertion par l’économique. Elles permettent, grâce aux emplois aidés, à des milliers de personnes en difficulté de retrouver une dignité par le travail ou par une activité socialement utile. Beaucoup d’allocataires du RSA utilisent leurs services et peuvent ainsi renouer avec le monde du travail.
Une crise multifactorielle
Plusieurs secteurs de l’économie sociale et solidaire sont particulièrement touchés. Le médico-social non lucratif attend toujours 1,1 milliard d’euros promis par le gouvernement pour augmenter les salaires. L’aide à domicile réclame une réforme structurelle du financement de la perte d’autonomie et un fonds d’urgence de 400 millions d’euros.
Le désengagement financier des collectivités territoriales et de l’État dans les politiques sociales a mis en grande difficulté de nombreuses structures d’insertion et de services. Elles sont pourtant essentielles pour préserver le lien social et atteindre l’objectif de plein emploi fixé par le gouvernement. L’UDES, l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire souligne que l’État doit absolument flécher 4 milliards d’euros dans les deux ans à venir pour soutenir ces entreprises. Or, il n’en prend pas le chemin.
La crise que traverse le secteur est complexe. Elle est alimentée par l’inflation, la pénurie de main-d’œuvre et la baisse des financements des politiques sociales. L’UDES attend donc un renforcement significatif du soutien financier de l’État en faveur de ces entreprises dans le cadre du projet de loi de finances 2024.
Que faire alors ?
Il faut encore et toujours se mobiliser. En effet, en conduisant des missions de service public, les associations et autres structures d’insertion ne peuvent être « rentables » en termes d’économie. Elles le sont quand on parle du lien social créé et des solidarités engagées, mais cette dimension est insuffisamment prise en compte par les pouvoirs publics, notamment lors des dialogues de gestion.
l’UDES plaide pour une réforme urgente de la taxe sur les salaires pour les associations, qu’elle considère comme « l’impôt le plus contre-productif de l’emploi ». Elle propose également que soit mise en œuvre une incitation fiscale pour les entreprises de l’ESS qui souhaitent mettre en place un dispositif de partage de la valeur. En outre, l’Union appelle à la création d’une prime d’innovation sociale au profit des organismes à but non lucratif.
Il faut « préserver les services d’intérêt général » insiste le président de l’UDES. Le réinvestissement de l’État dans les politiques sociales est crucial non seulement pour préserver le lien social, mais aussi pour atteindre le désormais fameux « objectif de plein emploi ». Pour faire passer le taux de chômage de 7 à 5 %, l’économie sociale et solidaire reste un partenaire indispensable et nécessaire, car il sait accompagner les salariés les plus fragiles. Il est donc impératif que les pouvoirs publics mettent sur la table les 4 milliards d’euros supplémentaires nécessaires pour préserver le service rendu auprès des publics fragiles. Le fera-t-il ? Rien n’est pour l’instant assuré.
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