L’UNSA vient de publier un dossier sur la place des travailleurs sociaux lors de la pandémie. Ce syndicat très actif dans la fonction publique a été auditionné par la mission d’information sur le suivi de la crise Covid-19 diligentée par l’Assemblée nationale. Cela a été l’occasion pour l’UNSA de « mettre en avant des travailleurs souvent invisibles, au service de populations invisibles ».
Les effets délétères du confinement ont généré une dégradation de situations. Les personnes bénéficiant d’un accompagnement par un professionnel se sont retrouvées, du fait de la « distanciation sociale » et d’un fonctionnement des services en « mode dégradé » en risque majeur d’isolement explique l’UNSA.
L’absence de matériel de protection a obligé de nombreuses structures à se retirer physiquement du terrain. Continuer à « aller vers» est resté compliqué du fait des mesures de distanciation. Le système de garde pour les enfants des travailleurs sociaux a été mis en place de manière décalée. la diffusion de l’information par les employeurs auprès de leurs personnels semble avoir été inégale.
Des services « désorganisés »
L’urgence s’est opposée à la logique de service public qui s’inscrit dans la durée. Les acteurs de terrain ont été en difficulté pour mettre en place une organisation efficiente. L’absence de visibilité sur les effectifs mobilisables, la nature possible des actions, l’absence d’outils adaptés ont grandement désorganisé les services. des différences très nettes sont apparues également selon les types d’organisation (dans les conseils départementaux notamment précise l’UNSA)
Le syndicat constate également que le télétravail n’est pas sans poser de questions telles celles qui concernent le maintien des liens d’équipe. La continuité d’appartenance à un service, à une institution, a été vécue très diversement : l’attention de la hiérarchie au management spécifique du télétravail est loin d’être acquise également (posture et formation)
L’UNSA s’interroge aussi sur l’appel à la « réserve sociale » composée d’étudiants en travail social volontaires. Le syndicat parle de cafouillage quant à leur statut durant cette période. L’impact sur le cursus de formation des étudiants et la rupture d’égalité avec ceux qui ne voulaient pas ou ne pouvaient pas s’y investir démontre que ce type de dispositif ne peut pas s’improviser. Il ne faut pas négliger non plus le risque sanitaire pris, puisque la plupart des intervenants étaient sans protection ou en protection notoirement
insuffisante notamment dans les EHPAD.
Une perte de cohérence dans les interventions
« Une même personne, habituellement accompagnée dans différents registres, a pu se retrouver sans interlocuteur, ou devant un seul, via le téléphone : plus d’accueil physique, de visite à domicile, de travail de rue, de prise en charge individuelle ou collective. La désarticulation du tissu associatif, la fermeture de services ou de structures,ont posé la difficulté du maintien du lien dans ces circonstances.
L’action s’est imposée différant le temps de la réflexion. Le manque de temps et d’espaces dédiés à la réflexion éthique ont rendu difficile la pratique des acteurs de terrain. Ils ont été « pris en étau » entre le souhait de se protéger eux- mêmes ainsi que leur cellule familiale et la crainte d’abandonner les personnes qu’ils accompagnent.
Un manque de soutien et de reconnaissance
Le discours public sur les métiers du social est quasi inexistant explique Martine Vigneau auteure de cet article. Pire même, ce discours dans les médias est le plus souvent péjoratif (les « scandales » de l’ASE, le «pognon de dingue » en faveur des plus démunis).
Pourtant, accueillir, accompagner ou protéger les adultes, les enfants, les personnes âgées, handicapées est une mission qui requiert de la technicité, des connaissances, un savoir-faire qu’on ne peut ignorer.
Face à ces constats l’UNSA fait un certain nombre de propositions que vous pouvez retrouver dans l’article que vous pouvez télécharger ici
Parmi celles-ci j’en retiens trois ou quatre. L’UNSA suggère que
- Il faudrait un retour d’expérience et la réflexion sur la sortie du confinement. Il devrait associer les travailleurs sociaux, leurs encadrants et leurs directions, ainsi que les élus concernés (conseils d’administration, collectivités locales) ;
- Il est utile de soutenir le développement des comités locaux du travail social et du développement social. L’action du Haut Conseil du Travail Social devrait être renforcée.
- Il faudrait promouvoir davantage des espaces de collégiaux de réflexion pour clarifier les difficultés et les lignes pratiques d’action à emprunter ensemble. Il est donné en exemple les travaux du Haut Conseil du travail Social et de développement de comités éthiques locaux.
- La co-construction de réponses adaptées ne devrait pas être que technique ou procédurale. La pandémie et situation de crise nécessitent de faire appel à l’intelligence collective de tous les acteurs, avec là aussi l’appui du Haut Conseil du Travail Social.
Note : je n’ai pas d’intérêt particulier avec un syndicat, quelle que soit sa couleur ou ses orientations.
2 Responses
d’accord pour ces propositions mais le problème est que l’ADF (association des départements de France) ne se sent pas concernée (à part quelques personnes ) par la réflexion et les préconisations du haut conseil du travail social
depuis la décentralisation les conseils départementaux sont « maitres » sur leur territoire et n’ont pas de conseil à recevoir (j’ai retrouvé dans les mes archives une lettre du président à l’ANAS qui renvoyait celle-ci dans les cordes : on a rien à voir avec vos conseils, vos réflexions sur la déontologie, etc…)
la loi de février 1986 prévoyait la création d’un conseil départemental de développement social au sein duquel toutes les parties étaient représentées (y compris les TS) : elle a été abolie en aout 1986!!!!!
la question aujourd’hui est
comment restructurer une instance qui permette aux TS des conseils départementaux de réfléchir, de penser voire d’apporter leurs reflexions sur la situation sociale: cf: mon article « appel au service social départemental… » sur ce même site
De la hauteur et du recul, des objets et des qualités à dispenser sans modération.
Merci pour le rapport.