Livre ouvert : Ce que la COVID a révélé (Résistance dans les quartiers populaires en temps de COVID)

[current_page_url]

Voilà un livre foisonnant de témoignages, d’analyses et d’interprétations d’un moment historique qui s’estompe en s’éloignant. Pourtant, il est essentiel d’en garder la mémoire.

resistance covid couv2

L’annonce du confinement lié à la COVID a surpris tout le monde. Elle a plongé tout un chacun dans une forme de sidération et de perte tant de repères que de cadres de référence. Pourtant, l’empêchement à penser, à imaginer et à créer a produit dans le même temps l’obligation à le faire.

Quarante-sept acteurs ont contribué à cet ouvrage dont seize cadres et trente animateurs et éducateurs. Ils relatent les défis liés à ce temps hors du commun qui ont fortement marqué l’action sociale. Il a fallu faire face au paradoxe d’avoir à « rester chez vous » tout en continuant « à faire société ».

L’épidémie a mis à nu les lignes de fracture entre les personnes et renforcé les isolements. La misère s’est amplifiée. Des nouvelles précarités se sont fait jour en matière sociale et éducative, sanitaire et mentale. Les sources de revenus se sont taries ou raréfiées, réactivant les réflexes de survie économique.

Face à l’éclatement tant des ressentis personnels, que des réponses institutionnelles et des consignes gouvernementales, bien des professionnels sont d’abord restés paralysés. Tétanisés par l’ambivalence d’avoir à protéger leur famille des risques de contamination et de maintenir le présentiel auprès des plus fragiles, leur capacité d’autonomie et d’initiative en a été bousculée.

Mais une fois la peur dépassée, l’agir a pu se déployer. Leurs qualités d’adaptation et d’ajustement, d’inventivité et de créativité ont repris le dessus. Parfois « hors les clous », souvent en modifiant les habitudes passées, ils ont su faire face à l’adversité.

Face à la disparition des espaces tant individuels que collectifs de rencontre, une solidarité organique a très vite été mise en œuvre. Les institutions, associations et municipalités se sont mobilisées dans bien des endroits. Ateliers de fabrication de masques et de visières, plateforme d’écoute, contacts avec les jeunes via les réseaux sociaux, livraison de paniers-repas, appels téléphoniques aux plus isolés…

Mais les solidarités mécaniques n’ont pas été en reste. Elles se sont, elles aussi, investies tant au niveau familial, que celui du voisinage, de la cage d’escalier que du quartier, individuel que collectif. Que ce soit sous la forme de prêts d’ordinateurs, d’imprimantes et de connections internet. Mais aussi de partage de plats cuisinés ; de soutien aux personnes démunies ; d’entraides pour les courses…

Une nouvelle alliance a émergé entre les professionnels et la population. Jusque-là régnait la demande sociale « évaluée » et « diagnostiquée ». Le partage et l’articulation entre les ressources, l’initiative et l’implication des habitants et les outillages des intervenants se sont renforcés mutuellement.

Loin d’avoir subi passivement les évènements, les quartiers se sont donc mobilisés. Ce livre rend hommage à cette résistance tant en France qu’en Italie, au Portugal, en Palestine qu’au Sénégal. Foisonnement de solidarités qui n’a toutefois fait que renforcer celles qui existaient déjà.

 

 


Cet article fait partie de la rubrique « Livre ouvert »

Il est signé Jacques Trémintin

 


Lire aussi :

Les oubliés du confinement, Didier DUBASQUE, Éd. EHESP, 2021, 177 p. L’impatience collective à nous sortir de cette pandémie risquerait bien de nous faire oublier les épreuves qu’elle nous a imposées. C’est pourquoi ce livre est essentiel : ce témoignage pour l’histoire constitue une balise de la mémoire à laquelle il sera toujours possible de se référer, à l’avenir.  (découvrir le livre)

Parole donnée, Jean-François LAE, Éd. Syllepse, 2021, 144 p., Les effets de sidération et d’impuissance, de peur et de panique provoquées par la pandémie a surtout pesé sur les plus fragiles, les réseaux sociaux, des bénévoles et l’assistance des associations caritatives semblent avoir pris le relais de l’État providence.


L’illustration est extraite de la couverture du livre

Articles liés :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.