RN : un danger pour les valeurs républicaines et les droits sociaux

[current_page_url]

Le racisme et la discrimination sont des fléaux qui continuent de sévir dans notre société. Ils se manifestent sous diverses formes et peuvent avoir des conséquences désastreuses sur la cohésion sociale et l’égalité des chances. Le programme du Rassemblement National (RN) suscite à ce titre de vives inquiétudes en raison de ses propositions qui apparaissent racistes et discriminatoires. Cet article se propose d’analyser pourquoi le programme du RN est néfaste et contraire aux valeurs de la République.

Petit rappel : qu’est-ce que le racisme et la discrimination ?

Le racisme est une idéologie fondée sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les groupes humains. Il n’y aurait pas qu’un seul genre humain, mais des « races », dont certaines seraient supérieures à d’autres (CNCDH, 2018). Cette croyance peut se traduire par des comportements de rejet, de haine ou de violence à l’égard de personnes. Ces actes ou ces attitudes sont expliquées par leurs auteurs comme liées à l’appartenance, réelle ou supposée, à un groupe ethnique, religieux ou culturel différent de celui qui développe des idées ou opinions « racistes ».

Pourtant, le racisme en France est en baisse depuis plusieurs années, selon les résultats des baromètres de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH). En 2022, seulement 15 % des Français interrogés se considéraient comme étant « plutôt » ou « un peu » racistes, contre 43 % en 2000. Cette diminution est significative et montre une tendance positive, même si le racisme reste encore trop présent dans la société française.

La perception du racisme varie selon l’âge et les préférences politiques. Les personnes âgées de 60 ans et plus sont les plus nombreuses à se déclarer racistes (20 %), tandis que les jeunes de 18 à 24 ans ne sont que 6 % dans ce cas. Les sympathisants du Rassemblement National (RN) sont également surreprésentés parmi les personnes se déclarant racistes (43 %). Mais attention, on peut être raciste « sans le savoir » et ne pas se déclarer comme tel, ce qui, à mon avis peut fausser les résultats de l’étude de la CNDCH.

Il est intéressant de noter que la présence d’étrangers ou d’immigrés dans la commune de résidence ne semble pas influencer le niveau perçu de racisme. En effet, les personnes vivant dans des communes avec moins de 3 % d’immigrés sont 20 % à se dire racistes, contre 10 % pour celles vivant dans des communes où la part d’immigrés est de 13% ou plus.

Par ailleurs, la conception biologique du racisme, qui consiste à croire en l’existence de races supérieures à d’autres, est de plus en plus marginale. Seuls 6 % des Français partagent cette vision, un chiffre stable par rapport à 2019, mais en baisse de 8 points depuis 20 ans. La majorité des Français (55 %) considère que toutes les races humaines se valent, même si la part de ceux qui estiment que les races humaines n’existent pas continue de progresser (37 %).

La discrimination, quant à elle, est un traitement défavorable et injustifié fondé sur des critères.  Ils sont nombreux ! Il y a l’origine, le sexe, l’âge, l’orientation sexuelle, la situation de famille, l’apparence physique, le patronyme, l’état de santé, le handicap, les caractéristiques génétiques, les mœurs, les opinions politiques, les activités syndicales, l’appartenance ou la non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, à une nation, à une race ou à une religion déterminée (Défenseur des droits, 2021).

Le racisme et la discrimination sont des délits punis par la loi.

Il faut le rappeler tant la diffusion des idées racistes et discriminantes se développent dans la sphère politique et sociale (notamment sur les réseaux sociaux par des particuliers qui se « lachent » littéralement). Les actes de racisme sont punis par plusieurs textes législatifs, notamment avec 3 lois.

 

Les sanctions ne sont pas négligeables : les personnes condamnées pour ces actes encourent jusqu’à un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende pour les contraventions, et jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende pour les délits. Les discriminations sont elles aussi punies par plusieurs textes législatifs, notamment :

 

Les sanctions encourues pour les actes de discrimination sont importantes. Elles peuvent aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende pour les délits, et jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende pour les discriminations commises à l’égard d’une personne en raison de son appartenance ou de sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée.

On peut supposer que si l’extrême droite obtient la majorité à l’Assemblée Nationale, les députés issus de ce groupe voudront légiférer pour supprimer ou fortement amender ces lois qui s’opposent à certains de leurs projets.

Comment le Rassemblement national met en avant des mesures qui s’apparentent au racisme et à la discrimination ?

Avec la montée en puissance de ce parti et la possibilité de voir Jordan Bardella accéder au poste de Premier ministre, il est important d’examiner les implications de leur programme sur les droits de l’homme et l’égalité dans notre pays. Plusieurs annonces du RN, telles que la suppression du droit du sol, la « priorité nationale » et la restriction des aides sociales aux seuls Français, suscitent de vives inquiétudes quant à leur compatibilité avec les principes républicains et les droits fondamentaux. Les impacts sont nombreux et concernent l’action sociale qui sera en quelque sorte « empêchée » de fournir aide et assistance à certaines catégories de la population.

La suppression du droit du sol

L’une des mesures phares du RN est la suppression du droit du sol, qui permet actuellement à un enfant né en France de parents étrangers de devenir français à sa majorité. Ce principe, en vigueur depuis le XVIe siècle et consolidé en 1889, est un pilier de la République française. Le RN souhaite le remplacer par un système où seuls les enfants ayant au moins un parent français pourraient obtenir la nationalité française. Cette mesure, motivée par une obsession identitaire, sera sans aucun doute jugée contraire aux principes fondamentaux de la République. On ne peut qu’espérer une censure par le Conseil constitutionnel qui sera attaqué médiatiquement par les tenants de l’exclusion

La « priorité nationale »

Ce concept est au cœur du programme du RN. Cette politique vise à réserver l’accès aux aides sociales, à l’emploi, et au logement social aux seuls citoyens français. Une telle mesure créera une discrimination systématique envers les résidents étrangers, même ceux en situation régulière. Elle contrevient aux principes d’égalité inscrits dans la Constitution française et les traités internationaux. La « priorité nationale » pourrait également être étendue à d’autres domaines, exacerbant ainsi les inégalités et les tensions sociales.

La priorité nationale vise à donner la priorité aux citoyens français pour l’accès à l’emploi, au logement social et à d’autres services publics. En soi, cette idée n’est pas nécessairement raciste, car elle vise à favoriser les citoyens d’un pays par rapport aux étrangers. Cependant, la manière dont cette politique est présentée et mise en œuvre apparait raciste ou xénophobe à cause des arguments qui accompagnent cette politique. L’étranger, généralement magrébin, est réduit à sa religion, présentée comme dangereuse pour la nation. Les jeunes sont systématiquement associés à la délinquance et aux trafics de toutes sortes. Ce sont des représentations racistes bien évidemment. Problème : ces représentations ne choquent pas les électeurs du RN.

Le Rassemblement National a souvent été critiqué à juste titre pour avoir utilisé un langage stigmatisant les immigrés dans sa promotion de la priorité nationale. Par exemple, il les décrit  comme une menace pour l’emploi et le logement des Français, ce qui encourage les préjugés et la discrimination à leur égard. De plus, la priorité nationale peut être difficile à mettre en œuvre sans recourir à des critères de discrimination indirecte, tels que la nationalité ou l’origine ethnique.

Cette politique de priorité nationale mettra inévitablement des milliers de personnes et familles fragiles d’origine étrangère à la rue, sans moyens suffisants de subsistance. Seule l’initiative privée pourra intervenir ainsi que les collectivités territoriales qui le souhaiteront. Mais cela affectera leurs finances.  Ce sont les départements et les municipalités qui seront conduits à pallier les différents désengagements de l’État sur ce sujet.

Mais le R.N. va encore plus loin car il s’en prend aussi à certaines catégories de français. Des déclarations récentes de Marine Le Pen ont jeté le trouble sur les droits des français qui ont une double nationalité. Les binationaux se verraient refuser des postes considérés comme stratégiques. Cela laisse supposer que le simple fait qu’ils aient une autre nationalité renforcerait des risques pour la sécurité des français. Cette idée n’est pas crédible. Les personnes qui accèdent à ces postes doivent déjà toutes répondre à des critères stricts garantissant leur intégrité et loyauté. On ne voit pas bien ce qui différencie sur ce sujet les « nationaux » des bi-nationaux. C’est de la discrimination institutionnalisée entre personnes qui ont la nationalité française.

La restriction de l’aide médicale d’État et le regroupement familial

Le R.N. propose de remplacer l’Aide Médicale d’État (AME), qui permet aux étrangers en situation irrégulière d’accéder à des soins de santé, par une « aide d’urgence vitale » beaucoup plus restrictive. Cette mesure limiterait drastiquement l’accès aux soins pour ces personnes les plus vulnérables, mettant en danger leur santé, voire leur vie car les personnes concernées hésiteront à demander des soins qu’ils ne pourront payer. Des tentatives de supprimer l’AME ont déjà été portées par LR (Eric Ciotti) sans aboutir.

Une telle restriction est non seulement inhumaine, mais elle va aussi à l’encontre des principes de solidarité et de dignité humaine.

Ce parti souhaite aussi durcir les conditions du regroupement familial, en exigeant des critères stricts tels qu’un emploi stable et des ressources financières définies. Cette mesure rendrait extrêmement difficile pour les familles étrangères de se réunir en France, violant ainsi le droit à la vie familiale et privée garanti par la Convention européenne des droits de l’homme.

La suspension des allocations familiales

Le R.N. propose de suspendre les allocations familiales pour les parents de mineurs délinquants récidivistes. Cette mesure punit collectivement les familles pour les actes de leurs enfants, ce qui est contraire aux principes de justice et d’équité. Elle pourrait également aggraver la précarité des familles déjà vulnérables;

Cette forme de mesure a déjà été appliquée entre 2010 et 2013 dans notre pays à la suite d’une loi à l’initiative d’Éric Ciotti. L’actuel président des Républicains qui aujourd’hui a rejoint le RN, proposait de suspendre les allocations familiales pour lutter contre l’absentéisme scolaire. Cependant, la loi avait été abrogée en 2013 par la gauche revenue au pouvoir, en raison de son inefficacité et de l’absence d’une évaluation appropriée de son impact.

Ce type de mesure pose la question de l’équité :  un enfant n’a pas à être puni, privé de moyens, de culture, de sport parce que son frère, sa soeur ou ses parents ont mal agi. Les allocations familiales concernent plusieurs membres d’une famille. C’est donc une « punition collective » injuste pour celles et ceux qui n’ont rien fait.  Ainsi un mineur délinquant amplifiera les difficultés de ses parents car si ceux-ci bénéficient d’aides sociales c’est parce qu’ils en ont besoin (sinon le CCAS et le service social départemental ne présente pas de dossier ou n’évalue pas la demande). Ce sont donc les frères et les sœurs du mineur délinquant qui seront pénalisés, car même s’ils n’ont rien fait, ils ne pourront par exemple pas bénéficier des allocations les concernant. Est-ce bien normal ?

Des conséquences pour le travail social

Jean Luc Gautherot dans une tribune diffusée par le Média Social nous explique que « si le RN applique son idéologie, et les actions concrètes que ses partisans annoncent dans les médias depuis des années, on peut s’attendre à la fin de la prise en charge des mineurs non accompagnés (MNA) ». Cela au mépris de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE). Il ajoute que l’on peut s’attendre à des changements importants sur la politique du droit d’asile avec des restrictions des critères dans l’étude des dossiers par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). On peut supposer aussi la fermeture de centres d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada), ainsiq qu’une chasse aux déboutés pour augmenter le nombre des expulsions qu’il sera toujours aussi difficile de rendre effectives sans acord signé avec les pays d’origine.

On peut aussi s’attendre dit-il à un renforcement de la logique de répression, notamment en protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et dans le secteur de l’addictologie où la logique éducative pourrait reculer : la prison plutôt que l’éducation et les soins.

On peut enfin s’attendre plus largement à une exclusion des aides sociales des personnes étrangères non ressortissantes européennes. Cela créera des situations inextricables et dramatiques pour les personnes handicapées, celles qui sont sans-abri, les mineurs en danger, mais aussi les personnes âgées.

Comment peut-on avoir envie de voter pour le Rassemblement National au second tour des législatives ?

Pour conclure cet article, je ne peux que souligner les dangers que représentent les propositions du Rassemblement National pour notre société et nos valeurs républicaines. Les mesures avancées par ce parti, telles que la suppression du droit du sol, la « priorité nationale », et les restrictions sur l’aide médicale d’État et le regroupement familial, s’apparentent à des formes institutionnalisées de discrimination et de racisme.

Ces politiques, si elles sont mises en œuvre, créeront une société à deux vitesses. Certains citoyens seront considérés comme moins légitimes que d’autres, simplement en raison de leur origine ou de leur situation familiale. Cela  menacera non seulement la cohésion sociale, mais aussi les principes fondamentaux de notre République : liberté, égalité, fraternité.

Il est donc impératif, à l’approche du second tour des élections législatives, de mesurer pleinement les conséquences d’un tel vote. Voter pour le Rassembement National reviendra à cautionner des politiques qui vont à l’encontre des droits de l’homme, de l’égalité devant la loi, et de la dignité humaine.

C’est sans doute une évidence pour vous mais il est bon de le rappeler. En tant que citoyens responsables, nous avons le devoir de préserver ces valeurs qui fondent notre société et de rejeter toute forme de discrimination. Il est essentiel de choisir des représentants qui défendent l’inclusion, l’égalité et la justice pour tous est essentiel pour maintenir une France unie et fidèle à ses idéaux républicains.

Ainsi, face à l’urne, il est de notre responsabilité collective de faire un choix éclairé. C’est une évidence : notre choix doit porter en faveur de candidats qui promeuvent la cohésion sociale plutôt que la division, l’égalité plutôt que la discrimination, et l’humanité plutôt que l’exclusion. C’est en rejetant les idées du Rassemblement National que nous pourrons construire un avenir plus juste et plus solidaire pour tous les citoyens de notre pays.

Sources :

 


Photo : Freepik avatardiana.grytsku

 

Note aux lecteurs : J’étais en vacances à l’étranger pendant tout le mois de juin et suis revenu samedi. Les articles que vous avez lu ces quatres semaines écoulées avaient été rédigés fin mai et programmés pour paraitre chaque jour de la semaine, ce qui explique un décalage avec l’actualité. Aujourd’hui je reprends la main sur le blog.  Vous êtes entre 1500 et 2500 internautes à lire chaque jour mes différents articles directement sur le blog. Merci de votre confiance et de votre fidélité.

Articles liés :

Une réponse

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.