Bonjour et bienvenue à cette revue de presse ! Cette semaine, partez à la découverte d’une France en pleine mutation, où la solitude s’installe mais n’éteint pas le désir de recréer du lien. Une France où associations et syndicats unissent leurs voix pour remettre les urgences sociales et écologiques au cœur du débat. Sans oublier le combat de la Défenseure des droits qui tire la sonnette d’alarme face aux discriminations persistantes dans l’accès aux soins. Vous trouverez aussi un tour d’horizon des actualités marquantes du secteur social : tensions sur le logement, compromis sur la prime Ségur, ou encore mobilisation contre « la casse du travail social ». Tout cela avec les multiples liens susceptibles de vous intéresser… Bonne lecture !
La France face à la solitude : entre repli sur soi et quête de liens
La dernière enquête Ipsos pour la Fondation Groupe Casino dresse un portrait saisissant de la solitude en France. Elle révèle une société en plein repli sur soi. Deux tiers des Français estiment qu’il faut d’abord penser à soi, signe d’une individualisation croissante des comportements. L’engagement dans la vie de quartier recule, tout comme la fréquence des sorties et des rencontres amicales. Seuls 52 % des Français sortent chaque jour de chez eux, et moins de la moitié voient régulièrement leurs amis. Ce changement de mode de vie s’accompagne d’une banalisation de la solitude : plus de la moitié de ceux qui voient peu leurs proches affirment que cela ne les affecte pas, une tendance en nette hausse depuis 2019.
Cette étude est vraiment intéressante. On y apprend que la technologie, loin de combler ce vide, apparaît comme un facteur aggravant. Si elle permet de maintenir des liens à distance, 84 % des personnes interrogées estiment qu’elle aggrave le sentiment de solitude. Cette perception s’accompagne d’un désir croissant de déconnexion : 62 % des Français ressentent souvent l’envie d’éteindre leurs appareils, en particulier dans les grandes villes. Cette hyperconnexion, paradoxalement, semble renforcer l’isolement plutôt que de le réduire.
Alice Tétaz et Romain Napierala auteurs de ce travail, nous apprennent aussi que la solitude est désormais considérée comme un phénomène massif et en aggravation. Près de 94 % des Français la considèrent répandue, et 93 % estiment que la période actuelle la favorise. Si l’image de la personne âgée seule reste dominante, les jeunes apparaissent de plus en plus touchés, surtout dans les grandes agglomérations. Pourtant, face à ce constat, l’envie de recréer du lien social demeure forte. Les Français plébiscitent des solutions simples : 82 % aimeraient voir se développer des espaces de rencontre dans les magasins pour retrouver voisins et proches autour d’un café ou d’un déjeuner. Cette proposition séduit particulièrement dans les grandes villes, signe d’un besoin de convivialité malgré la tendance au repli.
C’est un nouveau paradoxe français qui se confirme : alors que l’isolement progresse, 93 % des citoyens jugent essentiel de renforcer les liens sociaux. Cette contradiction traduit une prise de conscience collective : la solitude s’installe, mais elle n’est pas désirée. (Lire l’article sur le site d’IPSOS) (Lire l’étude complète)
Urgences écologiques et sociales : associations, syndicats, mutuelles demandent aux responsables politiques de mettre les solutions à l’agenda

Les organisations du Pacte du pouvoir de vivre – rassemblant syndicats, associations, fondations et mutuelles – interpellent vivement les responsables politiques sur la nécessité de remettre les urgences sociales et écologiques au cœur de l’agenda politique. Elles dénoncent que, sous prétexte de tensions budgétaires ou de priorités géopolitiques, les débats publics relèguent au second plan les difficultés quotidiennes de millions de personnes : accès au logement, à la santé, précarité alimentaire, chômage, inégalités territoriales et vulnérabilité face au changement climatique.
Les membres du Pacte s’inquiètent de la multiplication des attaques contre les droits sociaux et les piliers de la protection sociale. Une attention est portée sur les sanctions visant les allocataires du RSA. Ils dénoncent aussi la remise en cause du droit des étrangers ou encore l’affaiblissement du dialogue démocratique. De plus, ils relèvent un recul notable sur la transition écologique, que ce soit par l’assouplissement de normes sur les pesticides ou par des coupes budgétaires. Sans oublier « un immobilisme préoccupant dans la lutte contre les inégalités et la pauvreté ». Derrière la rhétorique de la simplification et de l’efficacité budgétaire, c’est une logique de repli et d’affaiblissement de l’intérêt général qui s’installe.
Face à ce constat, le collectif appelle le gouvernement et les parlementaires à sortir de l’immobilisme. Il espère des décisions budgétaires en faveur de la justice sociale, de la protection sociale et de l’ambition écologique. Lors de leur conférence de presse, les représentants du pacte ont décliné des solutions jugées réalistes et finançables. Par exemple l’encadrement des loyers, le chèque énergie pour le logement, le leasing social pour la mobilité. Il est aussi demandé un moratoire sur les sanctions contre les allocataires du RSA qui vivent durement les menaces sur leurs revenus. D’autres sujets ont été abordés : l’accès élargi aux bourses étudiantes ou encore la mise en place d’équipes de soins traitantes pour l’accès aux soins. Autant de mesures qui pourraient rapidement améliorer la vie quotidienne des citoyens.
Les organisations insistent enfin sur l’existence de marges de manœuvre budgétaires, notamment via une plus grande cohérence budgétaire et une justice fiscale renforcée. Elles défendent un projet de société qui refuse de sacrifier les plus vulnérables, l’environnement ou la démocratie au nom d’une vision purement comptable ou politicienne. (lire le communiqué sur le site du collectif)
Lire aussi
Lutter contre les discriminations dans l’accès aux soins : les recommandations de la Défenseure des droits
La Défenseure des droits vient de publier un rapport sur les discriminations persistantes dans l’accès aux soins en France. Si le phénomène reste peu documenté, il est pourtant bien réel, comme en témoignent plus de quelques 1500 récits recueillis auprès de patients et d’acteurs associatifs. Les discriminations se manifestent à toutes les étapes du parcours de soins : de la prise de rendez-vous à la consultation, en passant par l’accueil dans les établissements, le retrait d’un traitement ou encore la prévention. Les motifs sont multiples : handicap, genre, état de santé, apparence physique, origine, précarité économique, orientation sexuelle ou religion. Aucun de ces critères ne devrait néanmoins justifier un traitement inégalitaire.
Les témoignages reçus par la Défenseure des droits sont sans appel et montre une diversité des situations : refus explicite de soins, délais d’attente allongés, proposition de créneaux spécifiques, réorientation abusive, inaccessibilité physique des lieux, consultations écourtées, propos stigmatisants ou minimisation des symptômes. Comme le souligne le rapport, « l’ampleur de ces discriminations dépasse largement le nombre de plaintes et de réclamations reçues ». En fait, c’est un problème systémique qui s’ajoute aux difficultés déjà existantes dans le système de santé.
Les conséquences pour les patients sont lourdes : reports ou renoncements aux soins, retards de prise en charge et parfois dégradation durable de l’état de santé. Ces discriminations sont souvent banalisées. Certains ne s’en offusquent plus. Pourtant, ils aggravent les inégalités et portent atteinte à la santé physique et mentale des personnes concernées. Le rapport insiste sur l’urgence d’agir pour que l’égalité d’accès aux soins, principe fondamental, soit réellement garantie à tous.
Pour y remédier, la Défenseure des droits propose plusieurs axes d’action. Claire Hédon estime qu’il faut élaborer une stratégie nationale de lutte contre les discriminations dans les soins. Comment ? En créant un Observatoire national, en renforçant la formation des professionnels de santé et en facilitant les recours des patients. Il est aussi estimé nécessaire d’adapter les structures pour mieux accueillir les personnes en situation de handicap. La défenseure des droits recommande également de diversifier les modalités de prise de rendez-vous, afin de ne pas exclure ceux qui ne maîtrisent pas les outils numériques. (Lire l’article sur le site du Défenseur des droits) (Télécharger le rapport)
Cette semaine sur l’ e-communauté « inclusion sociale » du CNFPT (travailleurs sociaux territoriaux – CCAS et Départements – inscrivez-vous c’est gratuit)
- Surfacturation et manque de transparence : les structures d’aides à domicile sous surveillance renforcée de la répression des fraudes
- Prime Ségur : le Gouvernement et Départements de France parviennent à un compromis sur le financement
- Le logement social sous tension croissante : moins d’un demandeur sur dix a obtenu un logement en 2024
- Roquelaure de la simplification : Les CCAS doivent rester obligatoires
- Santé mentale: un guide pratique à destination des CCAS / CIAS
Lire aussi
- Communiqué officiel : appel d’offres pour reprise des activités de l’ETSUP | ETSUP
- Soins relationnels : colère des infirmières sur le recul du Sénat | LinkedIn
- En France, l’État acte l’abandon des quartiers | Politis
- Les collectivités doivent reprendre le contrôle de leurs données | Zepros Territorial
- Municipales 2026 : les Français voteront pour des élus engagés dans l’action sociale | Zepros Territorial
- Ségur pour tous : le Gouvernement et Départements de France parviennent à un compromis sur le financement | solidarites.gouv.fr
- La France, toujours championne européenne des maux du travail | Novethic
- Derrière les clichés du RSA | France Culture
- Les personnels du service pénitentiaire d’insertion manifestent à Caen contre le discours sécuritaire de l’État | France Bleu
- Semaine de mobilisations contre la casse du travail social et médico-social | Ici Grenoble
- Où vivent les plus pauvres ? | Observatoire des inégalités
- De plus en plus de familles monoparentales | Centre d’Observation de la Société
Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser.