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Revue de presse | JO : des athlètes sans précarité / PJJ : une casse sociale ? / Travail social : conflits de génération

Bonjour et bienvenue à cette revue de presse ! Voici une sélection d’articles susceptibles de vous intéresser.  Avec la période olympique, retenez les propos de Claude Onesta, manager général de la haute performance à l’Agence nationale du sport sur France Info. Il se réjouit qu’aucun athlète français engagé aux Jeux Olympiques de Paris 2024 ne vive sous le seuil de pauvreté. Ce n’était pas le cas avant ces JO de Paris. Découvrez ce que disent les syndicats de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Ils  sont vent debout face à un plan de réduction budgétaire sans précédent. Et explorez les conflits de générations dans le secteur du travail social à travers les mots de Pierre Dugué. Êtes vous d’accord avec lui ? Pour ma part pas totalement. À vous de vous faire un avis ! Bonne lecture !


Claude Onesta se dit « fier » qu’aucun athlète français engagé aux Jeux ne soit sous le seuil de pauvreté

Claude Onesta, manager général de la haute performance à l’Agence nationale du sport, vient d’affirmer qu’aucun athlète français engagé aux Jeux Olympiques de Paris 2024 ne vit sous le seuil de pauvreté. Cette déclaration marque une réelle avancée par rapport aux Jeux de Rio en 2016. À l’époque, 40% de la délégation française se trouvait dans une situation financière précaire.  C’était une situation « anormale et indigne d’un pays comme la France » dit-il tout en soulignant les efforts du ministère des Sports pour garantir des conditions de préparation adéquates aux athlètes.

L’ancien entraîneur de l’équipe de France de handball précise que l’Agence qu’il dirige ne garantit pas directement les salaires des athlètes. Cependant, elle effectue une analyse détaillée de leurs ressources et s’assure que ceux ayant des chances de médailles disposent d’un revenu annuel brut de 40.000 euros. Cette mesure permet aux sportifs de se consacrer pleinement à leur discipline sans mettre en danger la stabilité financière de leur famille. Pour ce faire, l’agence fait appel à des entreprises partenaires (publics et privés) qui soutiennent financièrement les athlètes. (Est-ce logique ?)

Cette initiative ne se limite pas aux athlètes susceptibles de remporter des médailles. Claude Onesta précise que même ceux qui ne jouent pas les premiers rôles dans les compétitions ont été assurés de ne pas vivre sous le seuil de pauvreté. En réponse aux questions sur les cagnottes mises en place par certains sportifs, il explique qu’elles concernent principalement des athlètes qui ne se qualifieront probablement jamais pour les futurs Jeux olympiques.

Cet article nous rappelle aussi qu’en dehors des JO, de nombreux sportifs vivent sous le seuil de pauvreté. On ne peut que saluer les efforts déployés pour améliorer les conditions de vie et de préparation des athlètes français, garantissant ainsi une participation plus sereine et concentrée aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Fautoil pour autant des primes aux médailles ?   (lire l’article de France Info Sports)

 


Protection judiciaire de la jeunesse : les syndicats dénoncent « une casse sociale sans précédent »

L’annonce d’un plan de réduction budgétaire de 1,6 à 1,8 million d’euros pour la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) a provoqué une vague d’indignation parmi les syndicats. Le 2 août, l’intersyndicale de la PJJ, composée du Snpes-FSU, de la CGT, de l’Unsa et de la CFDT, a dénoncé ce qu’elle qualifie de « plan social sans précédent ». Cette mesure, visant à réaliser des économies, risque de se traduire par le non-renouvellement de 280 à 480 contrats de travail, affectant gravement les missions éducatives auprès des jeunes.

Caroline Nisand, directrice de la PJJ, a justifié cette décision lors d’une réunion le 30 juillet dernier, en expliquant que la PJJ avait dépassé son budget RH. Ce dépassement, bien que mesuré à 1,8 million d’euros sur une masse salariale de 490 millions d’euros, impose selon elle un pilotage strict des ressources humaines. De leurs côtés, les syndicats estiment que ces économies auront des conséquences désastreuses, non seulement pour les professionnels concernés, mais aussi pour les jeunes pris en charge par la PJJ. « On va demander aux titulaires de compenser des emplois et d’être la variable d’ajustement », déclare Ludivine Gagneau de la CGT-PJJ.

Les syndicats pointent également du doigt les incohérences du gouvernement, qui exige une justice des mineurs plus efficace tout en réduisant les moyens alloués. Éric Achard de la CFDT-Interco exprime son incompréhension face à ces injonctions contradictoires. Marc Hernandez du SNPES-PJJ critique la volonté affichée d’une justice des mineurs plus répressive, alors même que les moyens pour accompagner ces jeunes sont réduits. (lire l’article de Enfance & Jeunesse Infos)

 


Quand les mots révèlent les conflits de générations

Dans un entretien publié par les ASH et recueilli par Anne Noémie Dorion, Pierre Dugué, ancien éducateur spécialisé et aujourd’hui formateur, nous parle des malentendus générationnels dans le secteur du travail social. Il explique comment les parcours des travailleurs sociaux influencent la construction de leur identité professionnelle. Les baby-boomers, par exemple, ancrent leur engagement professionnel dans leur histoire personnelle et leurs valeurs. Elles sont souvent marquées par une éthique de conviction et une logique d’engagement social. Leur discours est imprégné de termes marxistes et de références à Paulo Freire, illustrant leur lutte contre les injustices sociales.

En revanche, selon-lui, les nouvelles générations de travailleurs sociaux utilisent un langage éthico-managérial, axé sur la performance et la gestion. Des termes comme « pilotage », « management » et « démarche qualité » dominent leur discours, reflétant une approche plus pragmatique et moins centrée sur la relation d’aide. Cette évolution sémantique découle en partie des réformes réglementaires et de la réingénierie des formations, qui ont introduit une logique de validation par compétence, éloignant les jeunes professionnels des valeurs traditionnelles du secteur.

Un exemple frappant de cette divergence est le terme « accompagnement ». Pour les jeunes, il s’agit de responsabilisation et de recherche de solutions rapides, souvent influencées par des méthodes de coaching. Pour les anciens, l’accompagnement implique une compréhension socio-historique des trajectoires individuelles, reliant les difficultés des publics à des déterminants sociaux plus larges. Cette différence de perspective illustre les tensions intergénérationnelles et les incompréhensions qui en découlent.

Les conséquences de ces divergences sémantiques sont profondes. Les jeunes professionnels sont formés à adopter une posture de gestionnaire. Ils se heurteraient ainsi aux anciens, dont le discours est ancré dans le militantisme et la lutte des classes. Cette fracture générationnelle transforme les pratiques professionnelles et les relations interprofessionnelles. Elles contribuent à créer des tensions et des conflits. Les anciens, dépossédés de leur rôle d’expertise et de transmission, souffriraient de cette évolution, tandis que les jeunes s’adaptent à une logique de rentabilité et de performance. (Personnellement, je ne suis pas convaincu par cette analyse, car je reste en contact avec des jeunes professionnels tout autant engagés que leurs aînés et bien éloignés du discours managérial). (Lire l’article des ASH)

 


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Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser

Photo : Claude Onesta était l’invité du « 8h30 franceinfo » le samedi 3 août. (Capture d’écran / RADIOFRANCE)

 

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2 Responses

  1. Assistante sociale et formatrice, je suis très étonnée par cet article. En effet, je ne retrouve ni les termes utilisés par les jeunes professionnels, ni les étudiants. Ce positionnement est plus celui des directions et il me semble que c’est ainsi que les nouveaux cadres sont formés.
    Le positionnement professionnel engagé, respectueux, dans un vrai accompagnement est plus une affaire de personne que de génération, selon mon expérience.

  2. Bonjour,
    « Les mots reflètent les générations, et révèlent un conflit de valeurs dans le travail social » serait ma proposition de titre.
    Je suis entièrement d’accord avec la dernière phrase de l’article sur les conflits de génération.
    Je pense que la novlangue managériale vient D’ABORD des institutions dans lesquelles s’exerce le travail social plus que la formation. C’est le langage institutionnel (la logique de gestion, les applicatifs métiers) qui change la donne.
    Les anciennes générations comme les nouvelles s’y confrontent: peut-être est-ce plus douloureux pour les générations précédentes de devoir se saisir d’un vocabulaire emprunter à la logique de gestion à la place de celle des valeurs d’injustice sociale?
    Les nouvelles générations s’adaptent et comprennent l’importance de parler le langage à l’oeuvre au sein des institutions. Les anciennes générations résistent. Il est sans doute plus douloureux et plus difficile de laisser recouvrir le sens d’une action par un autre.
    Il est fort dommage que le conflit générationnel des mots circulant au sein des institutions où s’exerce le travail social, se joue sur le « dos » des professionnels de travail social (déplacement?) car à mon sens, les nouvelles générations sont tout aussi engagées que les précédentes sur le plan humain et des valeurs humanistes. Il est peut-être plus aisé pour elles de jouer sur les deux tableaux de langues (bilinguisme des nouvelles générations: valeurs du travail social et novlangue managériale). Il s’agirait d’une adaptation à la survie et au bien-être mental pour faire face aux contraintes du monde professionnel dans lequel s’exerce le travail social aujourd’hui. Ce qui se dit dans les couloirs est toujours de l’ordre de l’humain toutes générations confondues!
    Merci pour cet article amenant une réflexion psychosociologique et dynamique du travail.

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