Bonjour et bienvenue à cette revue de presse ! Comme chaque vendredi, découvrez des sujets qui ont fait, eux aussi, l’actualité. On commence par le témoignage de Farid Sekta, éducateur de rue depuis vingt-huit ans à l’Association d’action éducative et sociale (AAES). Il dénonce les coupes budgétaires qui mettent en péril son travail essentiel dans les quartiers populaires. Ensuite, Tania Racho, chercheuse associée en droit européen, démystifie le concept de « submersion migratoire ». Elle nous donne à voir une réalité bien différente des discours politiques. Enfin, ATD Quart Monde nous présente un manuel percutant pour lutter contre les fausses idées sur la pauvreté. Sans oublier les multiples liens d’actualité susceptibles de vous intéresser. Installez-vous confortablement et… Bonne lecture !
Moi, éduc de rue, j’ai été effacé
Dans une lettre publiée par Politis, Farid Sekta, éducateur de rue depuis près de trois décennies, exprime sa colère et son désarroi face aux coupes budgétaires drastiques imposées par le conseil départemental du Nord. Ces réductions atteignent 25 % des subventions allouées aux associations de prévention spécialisée en 2025. Elles mettent en péril les missions essentielles des éducateurs de rue dans les quartiers populaires. Farid s’adresse directement à Christian Poiret, président du département, dénonçant une politique qu’il qualifie d’abandon et de mépris envers les plus vulnérables.
Avec un ton empreint d’ironie et de désillusion, Farid décrit son sentiment d’être « effacé ». Il se perçoit comme réduit à une simple ligne budgétaire dans un tableau Excel. Il accuse le président de « virtualiser sa responsabilité » et de gérer les vies humaines avec la froideur d’une intelligence artificielle. Les mots « quartiers populaires », selon lui, ne sont plus que des termes abstraits prononcés dans des bureaux feutrés, loin de la réalité du terrain. Les éducateurs de rue, pourtant essentiels pour prévenir les fractures sociales, sont désormais considérés comme non indispensables.
Farid rappelle que son rôle allait bien au-delà d’un simple emploi : il était un lien humain dans des lieux où le désespoir n’est pas une théorie. Il travaillait avec des jeunes en difficulté, tentant de leur redonner espoir et dignité. Mais ces coupes budgétaires signifient non seulement la fin de son travail, mais aussi l’abandon des populations qu’il aidait. Dans un cri du cœur, il met en garde contre les conséquences à venir : « Vous avez décidé de couper dans le préventif, attendez de voir combien vous coûtera le curatif ! ». Cette tribune nous montre aussi la fracture entre les décideurs politiques et ceux qui agissent sur le terrain. Farid conclut son propos avec une certitude amère : « La rue ne ment jamais. » Une phrase qui résonne comme un avertissement face à l’indifférence coupable de certaines institutions. (lire l’article publié par Politis)
La submersion migratoire ne correspond à aucune réalité scientifique
Tania Racho chercheuse associée en droit européen à l’Université Paris-Saclay ne laisse place à aucun doute : ce terme, récemment mis en avant par François Bayrou et très souvent utilisé par les partis politiques de droite et d’extrême droite pour décrire une situation où l’immigration serait excessive, est contesté par de nombreux experts. Ils soulignent qu’il ne reflète pas la réalité scientifique des chiffres migratoires en France.
En effet, selon les données de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), les étrangers représentent environ 8,2% de la population française. C’est loin de constituer une « submersion » au sens propre du terme. De plus, la proportion d’immigrés en France est inférieure à la moyenne européenne, avec des pays comme le Luxembourg accueillant jusqu’à 50% d’immigrés.
Cet article nous rappelle aussi que notre pays a connu plusieurs vagues d’immigration au cours du siècle dernier. Ce fut le cas notamment après les deux guerres mondiales/ Et puis plus récemment dans un contexte de mondialisation accrue. Cependant, le solde migratoire reste relativement stable sur les quinze dernières années, malgré un pic d’arrivées en 2022 principalement dû à la guerre en Ukraine.
Bref, vous l’avez compris, ce concept de « submersion migratoire » mis en avant relève plus de l’idéologie que de l’expression de la vérité. Il est mis avant pour influencer l’opinion publique plutôt que pour refléter une réalité démographique objective. Certains français sont considérés comme des étrangers en outre la répartition des étrangers sur tout le territoire est très inégale avec des pics de concentration dans certaines villes. Mais voilà, la peur de l’étranger est un ressort qui fonctionne bien et permet à l’extrême droite de prospérer. Qu’importe pour elle la réalité des faits. On parle désormais de « sentiment » d’insécurité. C’est l’art de jouer sur les mots. (lire l’article de The Conversation)
En finir avec les idées fausses sur la pauvreté : un « manuel de survie factuel et frappant »
ATD Quart Monde a présenté hier à Paris son livre qui aborde le difficile sujet des maltraitances institutionnelles. Il nous montre que les préjugés courants entourant la pauvreté ont la vie dure. Ce manuel vise à démystifier les idées reçues en présentant des faits concrets et des témoignages directs. L’objectif principal est de sensibiliser le public à la réalité vécue par les personnes qui subissent pauvreté.
Elles sont souvent victimes de stéréotypes et de jugements erronés. Ce manuel se base sur du vécu, mais aussi des données factuelles. Cela nous montre la pauvreté n’est pas le résultat d’une faiblesse personnelle ou d’un manque de volonté, mais bien généralement le fruit de circonstances sociales et économiques défavorables.
« ATD Quart Monde a ainsi recensé 20 idées fausses et s’appuie sur des faits et des chiffres incontestables pour lutter contre elles. Sous la plume de la journaliste et écrivaine Isabelle Motrot, cet antidote à la mise à l’écart des plus pauvres montre que la lutte contre la maltraitance institutionnelle et l’éradication de la misère sont un seul et même combat. Sept dessinateurs, Joël Alessandra, Camille Besse, Philippe Geluck, Pascal Gros, Nikolaz, Pancho et Loïc Sécheresse, ont par ailleurs accepté d’illustrer gracieusement certaines idées fausses ». (lire l’article d’ATD Quart Monde)
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- « Les idées fausses contribuent largement à une forme de maltraitance institutionnelle » | ATD
- « Une idée fausse diffusée sur les réseaux sociaux a plus d’impact que l’argument qui va la déconstruire » | ATD
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Signe des temps…
- Le lien social en danger dans notre pays ? : 79% des Français pensent que vis-à-vis d’un inconnu, on n’est jamais trop prudent, et 55% ont peur de s’adresser à un inconnu (68% pour les moins de 25 ans).
- Un quart des 18-34 ans britanniques déclare ne jamais répondre aux appels téléphoniques. Le Nottingham College a même commencé à donner des cours de téléphone à ses étudiants Gen Z, désemparés face à cette techno de boomers. Au menu du cours : téléphoner à des restos pour connaître leurs horaires d’ouverture ou appeler un magasin pour savoir si un article est disponible.
- De moins en moins de lettres d’amour (et autres…) : Alors qu’un Français envoyait encore 45 lettres par an en 2008, ce chiffre est tombé à 5 en 2020, pour ne plus constituer que 4% de l’activité postale. Du coup, le marché du stylo-plume s’est effondré ! Alors qu’en 2016, 1,4 million de stylos-plume ont été vendus dans les grandes surfaces, en 2023, seulement 700.000 ont trouvé un acheteur. (sources Onlyfacts)
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