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Pourquoi ce désengagement des travailleurs sociaux face à la crise des métiers de l’aide et de l’accompagnement ?

Voici une interview publiée par les ASH à ne pas manquer si vous étiez, comme moi, passé à côté : La journaliste Brigitte Begue avait interrogé en juin 2023 Daniel Verba, sociologue et maître de conférences émérite à la Sorbonne Paris-Nord, sur la nécessité de requalifier le travail social en France. Ses propos sont intéressants et il me parait utile de les relayer ici, car il s’intéresse ici à la crise d’attractivité qui touche nos métiers.

Daniel Verba souligne que le désintérêt pour le secteur social et médico-social n’est pas nouveau, mais ce qui est inédit, c’est l’intensité de cette désaffection. Il note une baisse significative des candidatures pour les formations dans ce domaine, avec une diminution de 38% des inscriptions en première année. Selon lui, les salaires insuffisants des travailleurs sociaux les placent dans des situations précaires, similaires à celles des personnes qu’ils aident. De plus, l’introduction de logiques d’entreprise dans le travail social, où le secteur est vu comme une source de profit, est problématique.

Il critique également le cloisonnement des métiers du travail social. C’est un grand classique, cela fait plus de vingt ans que j’en entends parler. Le sociologue estime que la récente réforme de formation n’a pas été suffisamment ambitieuse et que les partenariats avec les universités ne sont pas toujours bénéfiques. De plus, il observe un décalage croissant entre les cadres et les professionnels de terrain. Ce décalage est exacerbé par la bureaucratie et la technocratie.

L’engagement dans la durée est-il encore possible aujourd’hui ?

Concernant cet engagement dans le travail social, le sociologue note un changement qui n’est pas uniquement lié à nos métiers. Auparavant, l’engagement était total et à long terme, mais aujourd’hui, il est plus éphémère et centré sur l’épanouissement personnel. Il n’y a pas que cela bien évidemment.

Il ne faudrait pas croire que la société des loisirs nous invite à déserter le travail et à ne plus s’engager. Cette critique se développe aussi au sujet des médecins qui ne veulent plus travailler comme leurs aînés. Mais il y a tout autre chose qui est en jeu.

Certaines conditions d’exercice du travail sont devenues telles qu’un engagement dans la durée n’est plus possible ni même acceptable. La digitalisation des services publics, la perte de sens sur les actes que le professionnel est conduit à poser, le manque de perspectives face à des problèmes de fond devenus insurmontables sans moyens, voilà autant de raisons qui donnent envie de jeter l’éponge pour s’investir ailleurs.

Des propositions simples qui seraient efficaces

Pour redonner du sens aux métiers du travail social,  Daniel Verba propose plusieurs solutions. Rapidement résumées ici elles sont de bon sens qui sonnent comme des évidences face à une relative cécité des pouvoirs publics. Il faut pour lui :

  • Revaloriser les salaires et les carrières.
  • Mettre fin à la commercialisation du secteur social.
  • Harmoniser les formations et promouvoir la polyvalence.
  • Requalifier le travail social aux yeux du public et des professionnels.

 

En conclusion, Daniel Verba insiste aussi sur l’importance de recentrer le travail social sur les personnes accompagnées. Il faut aussi de garantir une reconnaissance publique aux professionnels du secteur. Comment ne pas être d’accord ?

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Photo : Daniel Verba, photo issue du compte LinkedIn de l’auteur

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