C’est un conflit social, professionnel et administratif qui interroge. Le président du Conseil départemental de l’Orne a adressé le 12 décembre une lettre recommandée au lieu de vie « le Petit Bois », pour informer son responsable de sa fermeture au 18 décembre, si celui-ci ne lui avait pas fourni le nom d’une association à qui il confierait un mandat de gestion. C’est ce qu’affirme Xavier Vannier, le responsable de ce lieu de vie. 6 jours pour trouver une association gestionnaire, c’est un peu court et quasiment mission impossible. La menace est claire et radicale : la fermeture du lieu de vie.
Xavier Vannier a aussitôt répliqué en adressant une lettre ouverte au président du Conseil Départemental espérant une réponse aujourd’hui. Derrière le conflit administratif, se cache, on le devine, une problématique bien plus lourde. Celle-ci a fait, du côté de Xavier Vannier, l’objet d’un livre qu’il a publié au mois d’octobre intitulé « comme un père ». On y retrouve la tension qui n’est pas rare entre un lieu de placement d’un mineur et l’Aide sociale à l’enfance. Mais ce livre pose aussi la question de la relation affective qui se crée lorsque l’on accueille des enfants ou des adolescents. Ouest France précise que « dans son livre, l’éducateur met en avant un sujet tabou dans ce milieu : « La question de la distance professionnelle quand on accueille des adolescents en mal d’aimer » .
Mais où est le litige ?
Est-ce lié à la question délicate de la relation éducative qui s’appuie sur une empathie et une affection pouvant être suspecte pour une autorité de tutelle ? Xavier Vannier parle dans son ouvrage d’une histoire d’amour filial et paternel entre un jeune et un adulte qu’aucun lien familial ne lie, mais qui tissent des liens tout aussi forts afin de bâtir une forteresse invisible et indestructible, faite d’humanité et de bienveillance ». Cet éducateur explique aussi qu’ « Il faut savoir désobéir »
De son côté, « L’Aide Sociale à l’Enfance de l’Orne n’en est pas à son coup d’essai » explique Jacques Trémintin qui a enquêté sur ce dossier. Par deux fois, elle a déjà procédé à la fermeture du Petit Bois et par deux fois, elle l’a ré ouvert. À chaque fois, sept jeunes ont été réorientés dans la précipitation, rajoutant du chaos à leur parcours de vie au grand dam du responsable de ce lieu d’accueil.
Bien évidemment, il est difficile de prendre fait et cause, sans avoir approfondi la connaissance de cette situation, mais une chose est sûre : ce sont une nouvelle fois des mineurs qui pourraient bien faire les frais d’un conflit entre adultes que le Conseil départemental de l’Orne envisage de régler de façon péremptoire.
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La sélection des articles a été réalisée avec l’aide de Michelle Verrier Flandre. Merci à elle
2 réponses
Comme vous le dites, il est difficile de prendre fait et cause, sans avoir approfondi la connaissance de cette situation, le livre permet d’en découvrir plus et chacun peut s’en faire une idée. Le constat alarmant est que dans les cas de désaccord entre professionnels de la protection de l’enfance, ceux sont toujours les enfants placés qui trinquent. Maintenant, faut-il baisser les bras face à ces institutions? mon avis est que non. Il est urgent de réformer à la fois le système mais aussi les pratiques. Damien
Super article! Pour ceux qui souhaitent avoir un aperçu de ce lieu de vie, je vous invite à rejoindre la page instagram lucas_des_chesnaies :
https://www.instagram.com/lucas_des_chesnaies/
Une page de soutien a été crée par Marie Menard sur Facebook :
https://www.facebook.com/groups/3791199217636428
Pour finir, des stagiaires du lieu de vie, Maureen et Nathanaëlle ont souhaité lancer une pétition :
https://www.change.org/p/les-parlementaires-non-%C3%A0-la-fermeture-du-lieu-de-vie-du-domaine-des-chesnaies
Merci à vous pour vos soutiens !