Didier Dubasque
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Les travailleurs sociaux ne croient pas au Père Noël !

Désolé de le rappeler, mais les travailleurs sociaux sont solidement ancrés dans le réel. Ils ne croient pas les belles histoires comme celles du prince charmant ou de la richesse acquise par hasard. Ils savent aussi que la richesse n’est pas que financière et qu’il existe aussi une richesse de l’âme. Ils rencontrent tout au long de vie professionnelle des milliers de « belles personnes ». Mais, problème, ils rencontrent presque uniquement celles qui galèrent au quotidien. Les « abimés de la vie », « les cassés de l’enfance », celles et ceux pour qui la résilience n’existe pas. C’est pourquoi, il est essentiel de les soutenir.

Redonner espoir ne veut pas dire non plus se raconter des histoires. À quoi bon se raconter des contes de fées si c’est pour être ramené brutalement à la réalité ensuite ? Attention aux risques de la désillusion ! Les travailleurs sociaux préfèrent jouer cartes sur table, même si cela est parfois difficile et délicat. Il leur faut pour cela savoir écouter et parler au bon moment sans imposer leur point de vue.

Oui, le Père Noël est un mensonge.

Mais c’est un joli, un merveilleux mensonge qui embellit aussi la vie des enfants. Il n’est pas possible faire comme si une part de rêve n’existait pas en nous. Et je ne pense pas qu’en apprenant la vérité, plus tard, les enfants soient traumatisés. Ils auront sans doute l’impression que nous leur avons raconté une belle histoire, mais comprendrons vite que cela était dans leur intérêt. Le merveilleux est un moteur de l’imaginaire qui se construit dès les premières années de la vie. Les enfants savent faire la différence parfois plus que certains adultes. Le Père Noël appartient au merveilleux. D’ailleurs, quand les enfants commencent à douter, ils disent : “Je crois qu’il n’existe pas, mais j’ai encore envie d’y croire.” Ils savent bien que c’est une question de croyance… »

Mais le réel sur Noël a aussi bien évolué. Je pense à Robert, ce retraité de l’enseignement qui écrit et publie des poèmes. Voici un extrait de l’un d’entre eux que j’ai trouvé sur le net :

Le conte a laissé place
Au commerce rapace
Remplacé la fiction
Par la marchandisation
Remplacé le mystère
Par le sens des affaires

Noël c’est le contraire
Du commerce prospère
Des cadeaux à-tout-va
Et de l’argent roi.
C’est le contentement
Jusque dans le dénuement
C’est une autre valeur :
La richesse du cœur!

 

En quoi croyons-nous véritablement ?

C’est peut-être que la question aujourd’hui à se poser : quelles sont nos croyances en tant que travailleur social ? Je ne parle pas là de la religion, bien qu’elle soit souvent sollicitée à ce sujet. Non, je pense à ce qui donne une raison d’agir, d’aller chaque jour au travail. À quoi croyons-nous quand nous partons en visite à domicile ou quand nous recevons une personne qui a pris rendez-vous ? (Si vous me dites que c’est votre salaire, je ne vais pas y croire, tellement il est faible quand on le compare à d’autres métiers).

Non, il y a quelque chose d’autre. Il y a, chez les travailleurs sociaux, un « je ne sais quoi » d’intérêt pour l’autre. Une appétence à vouloir partager, échanger et chercher des solutions pour que l’avenir de ceux ou de celles qu’ils rencontrent soit désirable. Sans oublier l’amélioration de leur quotidien. En aidant les autres, ils s’aident aussi en rendant le monde un peu plus protecteur, un peu plus humain.

Avec des yeux de hibou

La vie n’est pas facile. Elle n’est pas simple non plus. Nous avons à faire avec la complexité d’un monde en perpétuelle évolution. Alors que les télévisions nous donnent du rêve, du brillant et du clinquant, il est bon de continuer à pratiquer ces humanités quotidiennes, loin du tapage et du tumulte médiatique. C’est fort éloigné des pratiques des adeptes du chacun pour soi qui n’agissent que pour eux et leur propre confort. Ils vous regarderont avec des yeux de hiboux tant ils ne comprennent pas ce qui vous anime. Au mieux, vous passerez pour quelqu’un d’angélique et à côté de la plaque. On sourira de vous et de vos drôles d’idées. Ne vous inquiétez pas, finalement, ils n’en n’ont rien à faire. C’est sans doute pour cela aussi que votre travail est si peu reconnu.

Ne soyez pas déstabilisés par ceux qui vous entourent et ne comprennent pas que vous travaillez encore dans le social. Contrairement à eux, vous êtes ancré(e)s dans le réel, dans celui de ceux qui vous sont différents et qui  ne pensent pas comme vous. Vous êtes des millions, et pas besoin d’être travailleur social pour cela.

Faire vivre la solidarité

Revenons à cette question de la croyance. Pour ma part, je suis convaincu (donc je crois) que les travailleurs sociaux, ont l’ardente obligation de faire vivre la solidarité, la fraternité aussi. Cela n’est pas une chasse gardée bien sûr, de nombreux concitoyens agissent aussi dans ce sens. Mais les travailleurs sociaux agissent avec méthode. Le bon cœur ne suffit pas. Ils mettent aussi en avant une solidarité qui ne se mégote pas. Une solidarité inconditionnelle qui ne trie pas la population entre les bons et les mauvais pauvres, les bons et les mauvais parents, les bons ou les mauvais étrangers, les bons ou les mauvais aimants aussi.

Oui, les travailleurs sociaux sont aux premières loge de cette société qui avance, même si l’avenir peut aussi paraitre inquiétant. Ils soutiennent celles et ceux qui souffrent souvent de ne pas être reconnus ni suffisamment respectés dans leurs choix et leurs idées.

Mais qu’importe, loin du tumulte des réseaux sociaux qui divisent et ne reconnaissent que l’entre soi. Le travailleur social qui sommeille désormais en moi avait envie de vous écrire cela pour vous souhaiter un joyeux Noël en espérant que votre quotidien vous apporte toute cette richesse humaine qui nous fait tous les jours grandir.

 

photo : sur Freepik de default 05 @KamranAydinov

Note : Nous nous retrouverons début janvier après une période de vacances où je rediffuserai d’anciens articles. La technologie me permet ainsi de m’absenter tout en restant présent !

 

 

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