Être en lien avec un animal : une source de bien-être utile pour les professionnel(le)s de l’aide et du soin

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La plupart d’entre nous ressentent une agréable sensation de chaleur lorsque nous caressons un animal tel un chien, un chat, un cheval… Selon des études documentées, cette action libère l’hormone ocytocine dans notre cerveau, ce qui réduit le cortisol, l’hormone du stress, et nous laisse plus détendus. C’est très important pour certaines personnes accompagnées par les services sociaux.  Elles éprouvent un lien fort avec leur animal de manière continue. Cela peut apporter une relative stabilité lorsqu’une personne vit une dépression majeure. C’est ce qu’explique le professeur de travail social de l’Université de Tolède, le Dr Janet Hoy-Gerlach.

Cette remarque me donne envie de vous conter l’histoire de Philip Tedeschi. Ce professeur en travail social de l’Université de Denver, aux États-Unis, était initialement étudiant en médecine vétérinaire à l’Université du Wisconsin.  Il lui avait été demandé d’enseigner à un groupe d’adultes atteints de schizophrénie comment monter à cheval. « Ce que j’ai observé, c’est que les personnes ayant de nombreux comportements liés à leur hospitalisation changeaient littéralement et devenaient plus fonctionnels, plus normatifs, plus bavards, plus sociaux au moment même où ils commençaient à interagir avec les chevaux », dit-il.

L’intégration des animaux dans le travail social

Philip Tedeschi a quitté l’école vétérinaire après avoir fait cette découverte. Elle l’a conduit à se tourner vers le travail social. Il s’est intéressé à l’interaction homme-animal et a choisi cette voie pour approfondir sa compréhension de l’impact de la présence d’animaux sur les êtres humains. Selon lui, « l’intégration efficace des animaux dans le travail social peut être aussi simple que d’avoir un chien ou un chat dans la pièce pendant un entretien d’aide ». Cette présence animale peut aider à établir la confiance et à renforcer les liens, notamment avec les enfants qui peuvent avoir du mal à s’ouvrir à un travailleur social.

À ma connaissance, nous sommes loin d’avoir intégré cette dimension en France au regard des pratiques anglo-saxonnes.  Pourtant, nous savons par expérience combien les animaux sont importants pour certains publics telles les personnes à la rue ou encore les personnes âgées isolées.

Des formations et des programmes universitaires

À l’Université de Tolède, (États-Unis) Hoy-Gerlach enseigne le cours facultatif « Interaction homme-animal, santé et bien-être » aux étudiants de plusieurs filières de travail social. Il leur est possible dans ce cadre d’effectuer leur stage avec le programme « Hope and Recovery Pets ».  De son côté, la Graduate School of Social Work de l’Université de Denver propose aux étudiants une certification intitulée « Interactions homme-animal-environnement en travail social », qui comprend trois cours obligatoires.

Philip Tedeschi a fondé en 2005 l’Institut pour la connexion homme-animal. C’est le premier centre universitaire d’études sur les liens homme-animal qui n’ait pas été lancé par une école vétérinaire. Il « a été intentionnellement conçu pour s’appuyer sur les sciences sociales, le travail social en particulier ». Il ajoute que « les écoles de travail social devraient également encourager les étudiants à examiner les relations des humains avec les créatures sauvages et les animaux de ferme, comment d’autres systèmes vivants sont affectés par nos actions et comment le déclin de la biodiversité affecte la santé humaine ».

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La formation en travail social vétérinaire à l’Université du Tennessee s’articule autour de quatre volets : interventions assistées par les animaux ; Le lien entre la violence humaine et animale ; Fatigue de compassion et gestion des conflits, ; Deuil et deuil liés aux animaux.

De quels animaux parle-t-on ?

Aux États-Unis, les animaux dits « de thérapie et de soutien émotionnel » ont un rôle important dans le travail des thérapeutes, de certains travailleurs sociaux et d’autres professionnels intervenant dans le champ de la santé mentale. Contrairement aux animaux d’assistance, les animaux de thérapie sont là pour aider ces professionnels dans leur travail avec les patients et les usagers.

Selina, assistante sociale US utilise la thérapie assistée par les animaux dans le cadre d’un programme de soins palliatifs. Elle explique avoir amené son chien de thérapie auprès d’un patient atteint de démence non verbale, qui a immédiatement pris l’animal sur ses genoux et a commencé à lui parler. Les membres du personnel étaient stupéfaits, car ils n’avaient jamais entendu cette personne parler auparavant.

Les chiens d’assistance émotionnelle apportent un soutien par leur simple présence. Ils continuent de susciter des critiques. Certains, en France  les qualifient même d’escroquerie ou de simple excuse pour éviter les frais de logement liés aux animaux de compagnie.

Le site international « puredogs.eu » diffuse un guide centré sur l’apport des chiens dans l’aide à la personne. Outre les chiens et les chats, d’autres animaux peuvent être de précieux soutiens. Il peut s’agir de cochons d’Inde, de lapins, d’oiseaux et, dans certains cas surprenants, de moufettes domestiquées.

Et en France ?

La présence d’animaux de compagnie dans les EHPAD a prouvé son impact bénéfique sur la santé mentale des résidents. Ils ont un rôle essentiel dans la diminution des sentiments de solitude, d’anxiété, et de dépression. Rappelons à ce sujet que la loi « Bien vieillir » du 8 avril 2024 garantit, entre autres, le droit d’accueillir un animal de compagnie. Cette autorisation exige une condition : celle de pouvoir « assurer les besoins » de ces animaux et de « respecter les conditions d’hygiène et de sécurité », cela donne une marge de manœuvre au sein des établissements qui peuvent ainsi limiter ce droit.

Dans le champ de la psychiatrie, l’hôpital Philippe Pinel d’Amiens apparait comme un précurseur : dès 2017, 259 patients avaient déjà bénéficié du soutien d’un chien. Le but est de les aider à s’ouvrir sur l’extérieur, et donc à guérir plus rapidement. L’établissement picard était le seul en France, , à utiliser ce qui se nomme la cynothérapie. Mais l’idée de mettre des animaux au contact de malades psychiatriques à des fins thérapeutiques s’avère prometteuse.

Aujourd’hui, en plus des chiens, on utilise des chats, des lapins, des canaris, des chevaux, des lamas ou même des dauphins… Des ânes aussi (en Pays de Retz non loin de chez moi). Cela entre dans le cadre de ce qu’on appelle la zoothérapie ou la médiation animale. Ces animaux sont mobilisés dans les troubles mentaux, mais aussi chez les personnes ayant subi un accident vasculaire cérébral (AVC) ou les personnes autistes nous explique Elisa Chelle, chercheuse, à l’Université de Lyon.

Elle explique dans un article publié par The Conversation que chez les enfants autistes mis au contact de chiens, les résultats sont positifs, voire spectaculaires sur les trois grandes catégories de symptômes : les troubles de la communication, les difficultés dans les interactions sociales, et enfin les comportements restrictifs ou répétitifs. Le lien exclusif avec l’animal crée les conditions d’un soin sans les mots, qui paradoxalement peut amener l’enfant à acquérir ou à renforcer ses compétences verbales.

Des diplômes d’université existent nous informe Anne Simonot dans le Média Social Emploi. Il y a le DU « Relation d’aide par la médiation animale » de l’université Clermont-Auvergne ou le DU « Relations homme/animal – Médiation, thérapie et bien-être animal » de l’université Paris 13.

Alors qu’attendons-nous pour creuser ce sujet dans les centres de formation au travail social ? Ce serait sans aucun doute fort utile pour de nombreuses personnes accompagnées par les travailleurs sociaux. Il n’y a plus qu’à !

Note : si un centre de formation au travail social dispense ce type de formation ou d’approche, n’hésitez pas à me l’écrire en commentaire afin que j’intègre cette dimension dans mon article)

Sources :

 


Photo : avatar freepik

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Une réponse

  1. Bonjour.

    En formation d’éducateur spécialisé, nous proposons une sensibilisation à la médiation animale sur l’EESTS de Lille.

    Étant éducateur spécialisé de formation initiale et thérapeute familial, je me suis également formé à la médiation animale et c’est un outil extraordinaire !

    Merci pour cet article.

    Olivier

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