De nombreuses personnes ont du mal à connaitre les ressources d’aide et de solidarité là où elles habitent. Il en est de même souvent pour les professionnels du travail social qui ne connaissent pas toujours toutes les structures d’aide et de soins qui existent sur leur territoire d’intervention.
Bref, il est toujours un peu compliqué de savoir qui fait quoi dans telle ou telle ville. Il en est de même en milieu rural, là où les structures sont moins nombreuses. C’est pour répondre à ce problème que le Soliguide a vu le jour. Cet outil numérique, à la fois simple et puissant, s’est imposé au fil du temps comme un véritable catalyseur des solidarités. Il nous montre la richesse que représentent toutes les structures d’aide et de soin. C’est essentiel.
Une petite lumière dans la lutte contre l’exclusion.
Le Soliguide se présente comme un répertoire exhaustif et constamment actualisé des lieux de solidarité. J’ai pu rencontrer François Tripoz, coordinateur du Soliguide pour les Côtes-d’Armor, lors d’une « journée des solidarités » organisé à Quessoy tout près de Lamballe (22). Il décrit cet outil comme un système de cartographie sociale qui recense méticuleusement toutes les structures d’aide sur un territoire donné. Cette plateforme ne se contente pas de lister des adresses ; elle offre une vision panoramique des services disponibles, permettant ainsi une approche globale de l’accompagnement social.
Dans les Côtes-d’Armor, par exemple, le Soliguide répertorie pas moins de 500 fiches différentes. Cela couvre un large éventail de services dans les domaines de la santé et du social. Cette richesse d’information est le fruit d’un travail minutieux de collecte et de mise à jour, assurant aux utilisateurs l’accès à des données fiables et actualisé.
Que trouve-t-on dans le Soliguide ?
C’est un véritable kaléidoscope de l’action sociale. Les utilisateurs y découvrent un éventail impressionnant de structures et de services, minutieusement catégorisés pour faciliter la navigation et la recherche d’informations.Le Soliguide peut être consulté via un ordinateur mais aussi sur un smartphone.
On y trouve notamment des accueils de jour et des structures sociales d’urgence. Ce sont des structures essentielles pour celles et ceux qui font face à des situations de crise immédiate. Les services d’aide alimentaire, tels que les distributions de repas et les épiceries solidaires, y occupent également une place prépondérante, répondant à l’un des besoins les plus fondamentaux des personnes en difficulté.
L’accompagnement social et juridique n’est pas en reste. Vous trouverez un répertoire détaillé de permanences juridiques et de structures d’accompagnement social. Ces services, permettent de naviguer dans les méandres administratifs et légaux. Ils sont référencés et offrent ainsi un soutien précieux à ceux qui cherchent à faire valoir leurs droits ou à sortir de situations complexes.
Dans le domaine de l’insertion professionnelle et de la formation, le Soliguide révèle être une mine de renseignements. Il recense avec précision les services d’accompagnement à l’emploi, les cours de français pour les allophones, ainsi que les structures d’insertion par l’activité économique. Cette section du guide joue un rôle très utile dans la réinsertion et l’autonomisation des personnes en marge du marché du travail.
Bien évidemment, la santé, pilier essentiel du bien-être, n’est pas négligée. Le Soliguide répertorie une multitude de services de santé accessibles aux personnes en situation de précarité, allant des consultations médicales gratuites aux dispositifs de soutien psychologique.
Les questions d’hébergement et de logement sont souvent au cœur des problématiques de précarité. Elles sont là aussi abordées de manière approfondie. Le guide recense non seulement les solutions d’hébergement d’urgence, mais aussi des services annexes essentiels comme les bagageries, offrant ainsi des réponses concrètes aux besoins quotidiens des personnes sans domicile fixe.
Enfin, le Soliguide ne néglige pas les aspects pratiques de la vie quotidienne. On y trouve des informations sur les services liés à la mobilité, essentiels pour l’accès à l’emploi et aux soins, ainsi que des ressources en matière de conseil budgétaire, permettant aux personnes en difficulté financière de mieux gérer leurs ressources.
Le nerf de la guerre : des infos sans cesse actualisées
L’un des atouts majeurs du Soliguide réside dans son système de mise à jour explique François Tripoz. Les structures répertoriées ont la possibilité de créer un compte professionnel, leur permettant ainsi de modifier directement les informations les concernant. Cette approche participative garantit une réactivité optimale face aux changements fréquents dans le secteur social.
En complément, l’équipe du Soliguide effectue deux mises à jour systématiques par an. Elle s’assure ainsi que même les structures moins proactives dans la gestion de leur fiche voient leurs informations actualisées régulièrement. Cette double approche – participative et systématique – fait du Soliguide un outil vivant, en phase avec les réalités du terrain.
Un outil, plusieurs publics
Le Soliguide s’adresse à un large éventail d’utilisateurs. En premier lieu, il vise les professionnels de l’accompagnement social et médico-social, pour qui il constitue un outil de travail précieux. Ces derniers y trouvent une source d’information fiable et complète, facilitant leur mission d’orientation et de soutien auprès des personnes en difficulté.
Mais l’ambition du Soliguide ne s’arrête pas là. Il se veut également accessible au grand public, incluant les usagers des services sociaux et les personnes en situation d’exclusion. Ce public peut lui-même s’informer directement dans ses recherche d’aide.
Une architecture de l’information adaptée à la réalité des situations
Le Soliguide propose plusieurs niveaux d’information pour répondre aux besoins variés de ses utilisateurs. Une interface grand public (que personnellement je trouve un peu austère) offre des informations essentielles, facilement compréhensibles et accessibles. En parallèle, une section réservée aux professionnels fournit des données plus spécifiques et techniques, adaptées à leurs besoins particuliers.
Cette stratification de l’information permet de concilier deux impératifs : l’accessibilité pour tous et la précision pour les experts. Elle donne à voir une compréhension assez fine des différents usages et besoins en matière d’information sociale.
Une gouvernance collaborative
Le succès et la pertinence du Soliguide reposent en grande partie sur une gouvernance participative. François Tripoz souligne l’importance des comités de pilotage (COPIL) régulièrement organisés. Ces réunions rassemblent les grandes institutions du secteur social, telles que la CAF ou France Travail (anciennement Pôle Emploi). Au cœur de ce dispositif se trouve l’association Solinum, qui a créé, développé et coordonné le déploiement de cet outil sur tout le territoire.
Cette approche collaborative permet non seulement d’enrichir le contenu du Soliguide, mais aussi de l’ancrer dans les réalités institutionnelles et opérationnelles du travail social. Elle favorise également une appropriation de l’outil par les acteurs clés du secteur, condition sine qua non de son utilisation effective sur le terrain. Sur le terrain, la gestion du Soliguide s’appuie sur un réseau d’antennes locales.
Dans chaque département où le Soliguide est déployé, une équipe locale est mise en place. Ces équipes sont généralement composées de coordinateurs locaux, recrutés spécifiquement pour piloter le projet sur leur territoire. Leur rôle est essentiel : ils sont chargés de la cartographie des services, du développement des partenariats locaux et de la diffusion de l’outil.
Une expansion géographique ambitieuse
Actuellement déployé dans 38 départements français, le Soliguide nourrit l’ambition d’une couverture nationale à court terme. Cette expansion témoigne de la pertinence et de l’utilité reconnue de l’outil. Elle soulève également des questions intéressantes sur les défis logistiques et organisationnels d’un tel déploiement à grande échelle.
Au-delà des frontières hexagonales, le Soliguide a déjà fait ses preuves à l’international, avec une présence en Andorre et en Catalogne. Cette dimension transfrontalière ouvre des perspectives très intéresssantes. Imaginez ce que pourrait être un réseau européen d’information sociale, facilitant potentiellement la mobilité et l’accès aux droits des citoyens européens en situation de précarité.
Un outil d’analyse des services existants et de leurs évolutions
Au-delà de sa fonction première d’information, le Soliguide offre une cartographie détaillée des services existants. Il permet ainsi aux décideurs et aux professionnels d’avoir une vision claire de l’offre sociale sur un territoire donné.
Cette capacité analytique ouvre la voie à une gestion plus fine et plus efficace des ressources sociales. Elle permet, par exemple, d’identifier les zones de carence où certains services font défaut, ou au contraire, les domaines où l’offre pourrait être surabondante. Ces informations sont précieuses pour orienter les politiques publiques et optimiser l’allocation des ressources.
Vers une approche globale de la Solidarité
L’initiative du Soliguide ne se limite pas au seul domaine social. François Tripoz évoque un recensement similaire engagé dans le champ de la santé, illustrant une volonté d’aborder la solidarité de manière globale. Cette approche transversale est particulièrement intéressante à l’heure où les problématiques sociales et de santé sont de plus en plus interconnectées.
La démarche est logique : en intégrant des informations sur la précarité alimentaire, la santé, et d’autres domaines connexes, le Soliguide se positionne comme un outil capable de répondre à la complexité des situations de précarité. Il reconnaît implicitement que les difficultés sociales sont rarement isolées et nécessitent souvent une approche multidimensionnelle.
Des versions imprimables pour répondre à la fracture numérique
Malgré ses nombreux atouts, le Soliguide soulève la question de l’accessibilité numérique. La fracture numérique reste une réalité pour de nombreuses personnes en situation de précarité. Comment alors s’assurer que cet outil bénéficie réellement à ceux qui en ont le plus besoin ? Des versions imprimables existent.Elles peuvent être éditée après les périodes de mise à jour. C’est à destination des personnes qui n’ont pas internet. Le Soliguide permet d’éditer les listes selon les demandes des structures. Un accueil de jour peut par exemple me demander une liste papier des aides alimentaires sur Saint Brieuc ou des Points d’accès aux droits sur tout le département etc… Et il est enfin possible de les éditer dans toutes les langues disponibles sur l’application.
Dans les Côtes d’Armor, il est aussi prévu d’installer un raccourci vers le Soliguide sur les ordinateurs des espaces France Services. Il y a enfin des collaborations possibles comme c’est le cas avec la ville de Paris pour la mise en place du guide des solidarités.
En conclusion
Finalement, à y regarder de près, le Soliguide représente bien plus qu’un simple annuaire numérique. Il incarne une approche de la solidarité, où la technologie se met au service de l’humain et non l’inverse. En facilitant l’accès à l’information et en favorisant la coordination des acteurs sociaux, il contribue à rendre l’aide plus accessible.
Cependant, le véritable succès du Soliguide ne se mesurera pas uniquement à sa couverture géographique ou au nombre de structures répertoriées. Il se jugera à sa capacité à fédérer les services en vue d’améliorer la vie concrètempent des personnes en difficulté. Et aussi à faciliter le travail des professionnels du social.
L’avenir du Soliguide soulève des questions passionnantes. Comment va-t-il évoluer ? Pourra-t-il s’adapter aux spécificités locales tout en maintenant une cohérence nationale ? Comment intégrera-t-il les avancées technologiques futures, comme l’intelligence artificielle pour améliorer encore son service ?
En conclusion, le Soliguide apparaît comme un outil intéressant, capable de fédérer les services utiles à l’ensemble de la population notamment la plus fragile. Il nous donne à voir ce que peut être un service numérique au service de la solidarité à l’heure où celle-ci peine à être reconnue. Reste maintenant à relever le défi de son déploiement à grande échelle et de son appropriation par tous, pour que cette promesse devienne pleinement réalité.
N’hésitez pas à utiliser ce service et même à y participer ici en déposant un message.
Sources :
- Soliguide
- « Le numérique peut être vu comme un pari » – Jeanne Ovart, chargée du Soliguide à Paris| Les Bons Clics
- Le guide « Solidarité à Paris » 2024-2025 est disponible| Ville de Paris
Photo DD : François Tripoz au forum des solidarités à Quessoy (Côtes d’Armor)
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Information précieuse