Lutte contre la précarité énergétique : Unis-Cité et GRDF lancent une expérimentation
Je vous avoue être assez dubitatif sur ce genre d’expérience qui se déroule à Clermont-Ferrand. On apprend à travers cet article d’Olivier Perrot qui anime le média 7 jours à Clermont que « Des jeunes volontaires en service civique vont accompagner des familles en situation de précarité énergétique ». Entendez là des familles qui vivent sous le seuil de pauvreté qui ont bien évidemment de sérieuses difficultés à payer leurs factures de gaz et d’électricité.
L’expérimentation qui se déroule dans les quartiers prioritaires de la ville est destinée aux usagers du gaz naturel ayant des revenus modestes. Elle vise à leur offrir les informations utiles pour la maîtrise de la consommation d’énergie et au maintien de la sécurité des installations. Cela laisse supposer qu’elles ne savent pas limiter leur consommation. Cela renvoie à leurs propres responsabilités. Or dans la majorité des cas. Les personnes à faibles revenus font déjà preuve de sobriété énergétique. Par contre, il y a effectivement de fortes probabilités pour qu’elles fassent l’impasse sur l’entretien de leurs appareils de chauffage.
J’avais participé il y a quelques années à une opération similaire en invitant des personnes allocataires du RSA à s’inscrire dans une action de « défi énergétique ». Toute famille quel que soit son revenu était invitée à participer. Qu’avions-nous pu constater ? Que les familles à bas revenus, celles touchant le RSA et l’AAH, étaient les plus économes. Elles avaient, face aux familles à revenus plus conséquents, déployé des stratégies efficaces en vue de limiter le montant de leurs factures. Leurs difficultés étaient uniquement liées à la faiblesse de leurs ressources et cela s’expliquait aisément. Elles devaient trancher entre régler leur loyer, les frais de scolarité et leur facture d’énergie. Sans parler de celles qui se privaient de nourriture, mais n’osaient pas le dire. Elles ne mangeaient pas de viande depuis un bon moment et rarement du poisson.
Une collègue conseillère ESF m’avait expliqué qu’elle ne pouvait engager d’action auprès de familles qui savaient bien gérer leur budget. Mais que celui-ci était si faible, qu’il était matériellement impossible de l’équilibrer. Elle disait qu’elle-même ne parviendrait pas à s’en sortir avec si peu de revenu. Alors à quoi bon mener des actions dans ce cas qui contribuent à culpabiliser les familles pauvres qui savent gérer leur budget ?
Autre questionnement sur cette opération menée conjointement par Uni-cité et GRDF. Il est expliqué que le programme mené s’appuie sur le volontariat de jeunes de 16 à 25 ans en service civique, sans condition de diplôme ni de compétence. Bref, vous voyez des jeunes sortis récemment de l’adolescence conseiller des quadragénaires sur l’art et la manière de faire des économies sur leurs factures d’énergie ? Pas sûr qu’ils soient crédibles et que les personnes accompagnées apprécient… (lire l’article de 7 jours à Clermont)
Ardèche – Bientôt une contrepartie obligatoire pour toucher le RSA ?
Le président du Département, Olivier Amrane, a annoncé une refonte du système pour obtenir le revenu de solidarité active (RSA). Il a annoncé qu’il souhaitait « demander une contrepartie aux bénéficiaires du RSA ». « Cela ne concernera pas les plus fragiles des bénéficiaires. Sur les 6780 qui touchent le RSA actuellement, environ 4000 seraient concernés » a-t-il indiqué.
Olivier Amrane a précisé ce qu’il entendait par « contrepartie ». « Cela consistera à effectuer 10 h de travail par semaine dans une entreprise, suivre une formation ou même s’engager dans une association. Les bénéficiaires, s’ils jouent le jeu, toucheront alors leur RSA. Sinon, on coupe l’aide » dit-il à Nicolas Lemonnier journaliste à l’hebdo de l’Ardèche. Voilà donc bientôt institutionnalisé l’aide sous contrainte. Il n’est pas certain que cette disposition passe juridiquement le cadre constitutionnel. Mais cela n’inquiète guère cet élu qui a reçu le soutien du ministre du travail.
Ce seront les assistantes sociales du Département qui feront en quelque sorte le tri entre les personnes trop éloignées de l’emploi justifiant une insertion sociale et les autres. Bon courage à elle dans une mission qui soulève une question déontologique. Ceux considérés trop éloignés de l’emploi percevront le RSA au titre de la solidarité nationale. Les autres au final percevront le RSA sous contrainte de travailler au moins 10 heures par semaine. Ils auront une prime complémentaire de 200 euros pour leurs frais de déplacement notamment. (lire l’article de l’Hebdo de l’Ardèche)
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Ça y est ! Notre République devient de moins en moins sociale !