François Fillon et la lutte contre l'exclusion : Une affaire de communication.

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François Fillon, le candidat des « Républicains » a tenté récemment de montrer son visage social après avoir été vertement critiqué sur son programme libéral qui risque de laisser les plus pauvres sur le bord du chemin.  C’est une forme de réponse à ce cri de colère d’un allocataire du RSA : « Fillon, dans quel monde tu vis ? » une question posée après un tweet envoyé par l’ancien premier ministre  qui indiquait : « il n’est pas normal  que le cumul du RSA et de l’APL aboutisse à une situation qui démotive même la recherche d’un emploi ».  Ces messages datent de 2015 mais depuis la victoire de l’ancien premier ministre à la primaire de la droite, ils sont partagés par des milliers d’internautes.

La réponse de Laurent, cet allocataire RSA est particulièrement bien construite : » Je ne sais pas dans quel monde tu vis, écrit-t-il à François Fillon mais dans mon monde à moi le RSA et l’APL sont 2 aides sociales bien différentes qui ne sont pas cumulables et surtout plafonnées »  « Dans mon monde à moi, on ne vit pas du RSA on survit, on économise, on rogne, on se prive, on évite les magasins, on s’endette, on paye des agios aux banques, on emprunte par obligation à la famille et aux copains, on reçoit les appels incessants des agences de recouvrement… Et le plus souvent le soir, on pleure. » Je vous invite à lire la suite de ce texte qui rappelle la réalité des conditions de vie des allocataires du RSA.

Ce message est aussi relayé par un autre posté en novembre 2016 sur le compte facebook de Cédric Moulard. Il a imaginé ce que sera demain la vie d’un salarié avec les mesures du programme de François Fillon : « 2020, tu te lèves pour aller travailler et mener tes enfants à l’école. Ta femme est déjà partie, avec la suppression des 35h et les nouveaux accords d’entreprise elle travaille 42h par semaine. Elle a bien voulu protester mais les procédures de licenciement ont été facilitées et vous avez besoin de ce travail. Toi tu fais 39h maintenant. Tu les faisais déjà avant mais tu perds toutes les heures supplémentaires. Çà vous arrange pas parce qu’avant tu pouvais aller chercher les enfants à la sortie de l’école mais maintenant il faut payer une garde. Et jusqu’à 19h »… La suite de ce texte reprend tout un ensemble de mesures annoncé par le candidat et ses conséquences concrètes sur la vie quotidienne des français qui travaillent avec de faible revenus.

Ces messages contribuent à dégrader l’image de celui qui fut pendant 5 ans le premier ministre de Nicolas Sarkozy. Une image qu’il a lui même construit avec ses prises de positions qui le font comparer à Margaret Tatcher, cette ancienne première ministre anglaise qui avait dans les années 80 privatisé une nombre très important de services de l’Etat, combattu violemment les syndicats et limité drastiquement les aides sociales.

La réponse de François Fillon ne s’est pas faite attendre. Le député de Paris s’est rendu dans un centre Emmaüs du XIXe arrondissement à Paris. Selon le Figaro, cette visite se voulait «symbolique». «La lutte contre la grande pauvreté, ce sera l’une des priorités essentielles de mon action, si les Français me font confiance», a assuré Fillon. Pour autant le candidat de la droite n’entend pas revenir sur son programme de la primaire, qu’il assume et qu’il « compte appliquer totalement » ce qui fait dire au journal Libération que « Chez Emmaüs, François Fillon rafistole sa crédibilité sociale« 

Ce double langage du candidat de la droite sera-t-il efficace et peut-il rassurer les électeurs ? Ce n’est pas sûr alors qu’un sondage publié hier montre que huit Français sur dix souhaitent que François Fillon modifie son programme

Rien ne semble donc vraiment joué. On peut aussi se demander pourquoi l’association Emmaüs s’est prêtée à cette opération de  communication et qu’avait-elle donc à gagner en apportant son image à cette visite d’un homme politique en campagne ? Sans doute l’association a-t-elle préféré ainsi préserver l’avenir dans la perspective d’une victoire de celui qui n’est encore que candidat. Cet accueil sera peut être discuté au sein des instances de l’association. Mais je vous avoue que je n’imaginais Emmaüs pour qui nous sommes nombreux à avoir de l’estime prête à s’associer à une telle opération.

Je préfère 1000 fois cette prise de position rapportée hier par Yves Faucoup : « Nous dénoncerons les contrevérités et l’instrumentalisation de la misère humaine à des fins politiciennes« , a déclaré Florent Gueguen, directeur général de la Fnars, Fédération des acteurs de la solidarité. « Notre objectif, in fine, c’est que cette campagne présidentielle n’oublie pas les 9 millions de personnes qui vivent aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté, qui sont très largement exclues du débat politique, exclues des propositions et des priorités des principaux candidats à l’élection ».  Une prise de position que l’on ne peut que saluer.

Photo UMP Présentation de l’audit sur la situation financière de l’UMP François Fillon en juillet 2014  Certains droits réservés

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Une réponse

  1. Tout n’est pas perdu pour la droite morale & gaulliste:ses facétieux leaders qui pensaient avoir déjà remporté l’élection de mai prochain pourront toujours faire appel à ………Nadine Morano ou Brice Hortefeux !!!En attendant sereinement les résultats des élections au soir du premier tour le mieux serait d’assister à une bonne représentation théâtrale.Revisiter les classiques pour de pareils férus de littérature sera un plaisir.Une pièce s’impose donc:Le Tartuffe du grand ….Molière!

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