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Cessons d’être distraits ! 10 « recettes » pour garder une attention authentique et retrouver le travail profond

Dans un monde où les notifications et les interruptions numériques sont omniprésentes, notre attention est devenue une ressource précieuse, voire rare. Pour les travailleurs sociaux, dont le rôle est d’accompagner et de soutenir les personnes dans des contextes souvent complexes, la capacité à maintenir une attention soutenue et à travailler en profondeur, c’est-à-dire sans être distrait, est essentielle. Cependant, les pratiques numériques ont profondément transformé notre rapport au temps et à l’attention, posant de nouveaux problèmes aux professionnels de l’écoute et de l’aide.

Je pense à une collègue qui me disait récemment qu’elle ne pouvait plus travailler tranquillement. Elle se disait sans cesse être dérangée dans son travail. Elle avait principalement choisi 2 jours de télétravail pour pouvoir rédiger ses rapports, car ceux ci nécessitent une réelle concentration qui n’était plus possible à son bureau.  Étant sans cesse sollicitée, elle se plaignait de ne pas pouvoir maintenir son attention sur la tâche qu’elle accomplissait.

Il faut le reconnaître, les outils numériques, bien qu’indispensables dans de nombreux aspects de notre vie professionnelle, ont tendance à favoriser les interruptions fréquentes et la dispersion de notre attention. Plusieurs études montrent que ces interruptions peuvent entraîner du stress, une surcharge cognitive et une baisse d’efficacité. Dans le domaine du travail social, où l’écoute active est essentielle, ces perturbations peuvent avoir des conséquences significatives sur la qualité de l’intervention, mais aussi le bien-être des professionnels eux-mêmes.

La dispersion de l’attention : un véritable enjeu.

Les travailleurs sociaux sont souvent confrontés à des situations qui nécessitent une certaine concentration et une capacité à établir des relations de confiance avec les personnes qu’ils accompagnent. Or, les outils numériques, par leur nature intrusive, peuvent fragmenter cette attention. Les notifications incessantes, qu’elles proviennent des e-mails, des réseaux sociaux ou des applications de messagerie, créent une exigence de disponibilité permanente qui peut être particulièrement délétère.

Cette disponibilité continue est exacerbée par nos dépendances à des degrés divers à nos smartphones et aux récompenses symboliques qui nous sont données lorsqu’on consulte nos réseaux sociaux.  Le pire est que nous prenons du plaisir à être distraits. Vous consultez votre messagerie, vous répondez à une notification. Vous faites « en même temps » plusieurs choses. Vos yeux passent de l’écran de votre ordinateur à celui de votre smartphone. Il n’ a rien de mieux pour diluer votre attention.

Les réseaux sociaux sont si attractifs et addictifs que lorsque vous les consultez, vous ne mesurez plus le temps qui passe, vous n’entendez plus votre voisin. Votre attention est entièrement captée par le contenu qui s’affiche sur votre écran. J’ai pu expérimenter cela lors d’un cours que j’ai pu donner à une promo inter filière. Mon intervention traitait des usages numériques au travail. Deux étudiantes côte à côte, captées par le contenu de leur smartphone au premier rang, ne m’ont pas entendu lorsque j’ai parlé d’elles dans la salle pour illustrer la puissance de captation de l’attention de l’écran des outils numériques.

Je parlais d’elles en les désignant (gentiment) à leurs collègues et elles n’ont strictement rien vu ni entendu. Ce n’est qu’après la pause, une fois que des étudiants leur aient expliqué ce qui s’était passé qu’elles ont pris conscience de leur absence mentale en cours. Elles étaient un peu dépitées pour tout dire. Pour ma part, je les remercie d’avoir involontairement permis d’illustrer une partie de mon intervention qui portait justement sur l’impact des outils numériques sur nos cerveaux.

Face à cette réalité que nous rencontrons tous ou presque à un moment ou à un autre, il est essentiel de repenser notre rapport aux technologies. Puisque notre cerveau, à l’insu de notre plein gré s’échappe et se distrait, il est devenu nécessaire de développer des stratégies pour préserver notre attention.

Vers une réappropriation de notre attention

Pour les travailleurs sociaux, la réappropriation de l’attention passe par la mise en place de stratégies concrètes visant à limiter les distractions numériques. Il s’agit, par exemple, de définir des plages horaires dédiées à la consultation des emails et des messages, afin de ne pas être constamment interrompu par les notifications. La création d’espaces de travail sans distraction, où les téléphones et autres appareils numériques sont mis de côté, peut également favoriser un travail plus profond et concentré. Voici dix  recettes ou du moins recommandations qui peuvent vous permettre de développer votre attention et de parvenir à vous mobiliser sur un travail en profondeur. Il n’y a pas de miracle, juste des petites choses à faire ou à engager au quotidien.

  1. Se Donner un objectif concret : Fixer des objectifs clairs et réalisables pour chaque journée de travail aide à diriger l’énergie mentale et à réduire la susceptibilité aux distractions. En structurant sa journée avec des objectifs précis, on peut mieux se concentrer sur les tâches prioritaires 
  2. Faire une seule chose à la fois : Le multitâche peut sembler efficace, mais il dilue souvent la concentration et réduit la qualité du travail. Se concentrer sur une tâche à la fois permet de lui accorder toute son attention et d’améliorer la qualité des résultats. C’est aussi simple que cela.
  3. Travailler en continu : Éviter les interruptions fréquentes est essentiel pour maintenir une concentration optimale. Travailler en continu sur une tâche permet de réduire le temps nécessaire pour se replonger dans le sujet après une interruption. Il ne faut toutefois pas oublier de s’octroyer des petites pauses toutes les demi heures ou toutes les 45 minutes.
  4. S’isoler des sollicitations extérieures : là, je retrouve la stratégie de ma collègue précédemment citée. Créer un environnement sans distractions est un excellent moyen pour améliorer sa concentration. Cela peut inclure l’utilisation d’écouteurs antibruit ou la fermeture de la porte pour signaler que l’on ne souhaite pas être dérangé.
  5. Respecter sa chronobiologie. Nous avons tous des rythmes différents. Il faut pouvoir s’écouter pour savoir à quel moment on est le plus en forme. Profiter des moments de la journée où l’on est naturellement plus concentré, comme le matin, peut améliorer son efficacité. Par exemple, éviter de consulter ses emails dès le réveil permet de commencer la journée avec une concentration maximale.
  6. Préparer son cerveau la veille. Cela peut vous paraitre bizarre mais anticiper les tâches du lendemain a un réel impact. Planifier la veille permet de réduire l’anxiété et d’améliorer la concentration dès le début de la journée de travail. Vous savez tout de suite ce que va devoir être votre journée ou demi journée.
  7. Avoir un rituel de mise en route. Commencer la journée de travail avec une chose que l’on fait à chaque fois (pour moi, c’est boire un café avant de commencer à rédiger) peut aider à préparer le cerveau à se concentrer. Pour les gens sérieux et posés, cela peut inclure des exercices de respiration ou de méditation pour recentrer l’attention.
  8. Développer la durée de ses séquences de concentration. Vous êtes comme un coureur de fond. Au début, c’est difficile, puis au fil de la pratique, on peut aller de plus en plus loin. Je l’ai constaté pour ma propre écriture. Augmenter progressivement la durée des périodes de travail concentré peut renforcer votre capacité à maintenir votre attention sur de longues périodes. La méthode Pomodoro, qui alterne périodes de travail et de pause, est une technique efficace pour y parvenir.
  9. S’entraîner à focaliser son attention en se relaxant : Des activités comme le yoga, la sophrologie ou la pleine conscience peuvent aider à renforcer la capacité à se concentrer sur une seule tâche à la fois.
  10. Reprendre le contrôle sur les technologies. C’est sans doute plus facile à dire qu’à faire. Oui, mais comment ? Il s’agit de couper, voire carrément de supprimer les notifications que vous recevez. Vous pouvez aussi limiter votre temps passé sur les réseaux sociaux. C’est essentiel pour préserver son attention. Des outils comme le mode « Ne pas déranger » sur les téléphones peuvent être très utiles pour cela.

L’attention comme compétence clé

Vous l’avez compris, il nous faut désormais apprendre à naviguer dans un environnement saturé d’informations tout en préservant notre capacité à se concentrer sur l’essentiel : l’accompagnement des personnes en difficulté.

Je vous recommande un article de France Inter. Il souligne l’importance de l’attention chez les adolescents, mais les principes évoqués dans cette émission peuvent être appliqués à tous et notamment aux travailleurs sociaux. Il est essentiel de créer des environnements propices à la concentration, de réduire les distractions numériques et de valoriser le travail en profondeur. Ces mesures permettent non seulement d’améliorer votre efficacité professionnelle, mais aussi de préserver votre santé mentale alors que vous êtes souvent exposé à des situations émotionnellement éprouvantes.

En conclusion : agissez avant qu’il ne soit trop tard !

La question de l’attention à l’ère numérique est un enjeu majeur pour les travailleurs sociaux. Elle nous oblige à repenser notre rapport aux technologies et à mettre en place des stratégies pour préserver notre capacité à travailler en profondeur. Cela nécessite une prise de conscience collective et un engagement à promouvoir des pratiques professionnelles qui valorisent l’attention et la concentration. En adoptant ces mesures, vous pourrez, non seulement améliorer votre pratique professionnelle, mais aussi contribuer à la construction d’un environnement de travail plus équilibré pour le plus grand bien des personnes que vous aidez.

Sources :

 


Photo : avatar user18526052 sur Freepik

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Une réponse

  1. Pour survivre dans ce milieu hostile au calme mental je n’ai pas de notification ni mail sur mon téléphone, pas de son aux mail pro, fermeture de l’appli teams . je me suis remise serieusement à la lecture d’articles de fond et livres. je pratique la marche rapide en silence sans musique ni bavardage pdt 45 mn ce qui clarifie mon mental et me ressource profondément : une médication active.
    Merci pour votre article

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