Le projet de réforme des retraites nous le rappelle : ce sont les femmes qui vont en subir les conséquences les plus néfastes. Cette journée particulière qui ne doit pas nous faire oublier que les droits se défendent tous les jours. Voyons ensemble la genèse de cette célébration, puis ce qui aujourd’hui mobilise les femmes. En fin d’article, des explications sur pourquoi des femmes ont décidé de faire de ce jour une grève féministe. Et bien sûr les hommes sont aussi concernés. Des liens et une carte de France des mobilisations vous permettront, si vous le souhaitez, de participer à cette journée.
D’où vient cette journée du 8 mars?
L’idée de rendre cette journée internationale est venue d’une femme appelée Clara Zetkin, militante communiste et défenseur des droits des femmes. Elle a suggéré l’idée en 1910 lors d’une conférence internationale des femmes actives à Copenhague. Les 100 femmes présentes, venues de 17 pays, avaient alors accepté sa proposition à l’unanimité. Le 8 mars 1911, un syndicat d’ouvrières américaines organisa la première manifestation visant à obtenir le droit de vote, le droit au travail et la fin des discriminations au travail. la « Journée internationale des femmes » était née. En Europe, les premières femmes à manifester le firent en Autriche, au Danemark, en Allemagne et en Suisse. Pas en France !
La journée ne fut reconnue officiellement par les Nations Unies qu’en 1977, puis cinq ans plus tard par la France en 1982. Une époque pas si lointaine. Cette reconnaissance est à mettre à l’actif du MLF. Le Mouvement de libération des femmes avait écrit en 1981 dès l’élection de François Mitterrand pour que le 8 mars soit une journée chômée et payée comme le 1er-Mai. Antoinette Fouque, militante du MLF, explique pour quelles raisons, elle et d’autres féministes ont fait cette demande. C’est comme cela que la Journée internationale de la femme a été officiellement reconnue dans notre pays.
Les femmes victimes d’injustices au travail
Signe des temps : à l’origine en 1911, les femmes américaines se sont mobilisées pour réclamer « la fin des discriminations au travail ». En est-il vraiment différemment aujourd’hui avec le projet de réforme des retraites ? Alors que le gouvernement n’a cessé de répéter que cette réforme est juste et favorable aux femmes, l’étude d’impact de la réforme prouve le contraire :
- Les femmes sont celles qui ont des carrières hachées, le plus souvent pour s’occuper de leurs enfants ou de leurs proches. Elles doivent donc travailler jusqu’à 67 ans pour avoir une pension au taux plein. Cette première injustice existait déjà. Elle ne sera pas corrigée. Mais Pourquoi les femmes ont-elles des carrières plus courtes ? Parce qu’elles se retirent de l’emploi pour prendre en charge les enfants, du fait qu’elles ont du mal à trouver des modes de garde, par manque de crèches… Plus tard, plutôt vers 50 ans, elles s’interrompent pour s’occuper d’un parent malade ou dépendant.
- Les congés parentaux comptabilisés jusqu’à 4 trimestres pour partir avec le dispositif carrières longues n’est pas une avancée majeure. Elle ne concerne, selon l’étude d’impact, que 3 000 femmes qui pourront partir jusqu’à un an plus tôt à la retraite : c’est certes un progrès, mais pour une infime partie. Pourquoi ne retenir que 4 trimestres et ne pas intégrer tous les congés parentaux ? demande la CFDT
- On l’a vu, les 1200 euros bruts annoncés comme minima retraite par le gouvernement ne concerne que les carrières ininterrompues, à temps plein et au Smic. Du coup, une majorité de femmes (et d’hommes) en seront exclues, car les femmes ont non seulement des carrières hachées, mais ce sont elles aussi qui travaillent à temps partiel.
- Les femmes ayant eu des enfants et une carrière longue sont parmi les grandes perdantes de la réforme. Le dispositif des trimestres validés liés aux enfants (jusqu’à 8 trimestres/enfant) visait à compenser les inégalités professionnelles. Au final il se traduit par un écart de -40 % en moyenne des pensions de retraite des femmes par rapport à celles des hommes.
Les injustices au travail sont aussi liées aux métiers dévalorisés principalement occupés par des femmes. Cela va bien au-delà les femmes de ménage et aides à domiciles. Les salaires des enseignants, des infirmières et des travailleurs sociaux que l’on devrait appeler travailleuses sociales ont littéralement chuté depuis une vingtaine d’années. Ce sont les métiers du « care », beaucoup moins prisés par les hommes qui ont fait les frais de cette dévalorisation.
Autre question, la BBC le constate : pourquoi, même lorsqu’elles gagnent plus, les femmes font plus de travaux domestiques que les hommes ?
Des discriminations à la pelle
Bien que les pays européens aient réalisé des progrès importants dans l’égalité des sexes, les femmes continuent de faire face à plusieurs formes de discrimination. Voici quelques-unes des principales discriminations dont sont victimes les femmes en Europe :
- Discrimination salariale : Les femmes gagnent en moyenne moins que les hommes pour un travail équivalent. Selon les dernières statistiques de l’Union européenne, l’écart de rémunération entre les sexes s’élève à environ 14 %.
- Discrimination en matière d’emploi : Les femmes sont souvent concentrées dans des emplois précaires et moins bien rémunérés. Elles ont également tendance à être sous-représentées dans les postes de direction et les professions STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques).
- Violence de genre : Les femmes sont souvent victimes de violence domestique, de harcèlement sexuel et d’agressions sexuelles. Ces violences ont des conséquences physiques, psychologiques et économiques graves.
- Discrimination dans la sphère politique : Là aussi, il y a des progrès à faire ! Elles sont fréquemment sous-représentées dans les sphères politiques, avec moins de femmes que d’hommes occupant des postes électifs ou des postes de haut niveau dans l’administration publique.
Ces discriminations ont des répercussions négatives sur la vie des femmes et entravent leur accès à l’égalité des chances et à l’autonomisation. Il est donc crucial de poursuivre les efforts pour promouvoir l’égalité des sexes et éliminer toutes les formes de discrimination.
Les violences faites aux femmes sont là aussi des réalités bien documentées. Depuis le début de l’année, 29 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. Si cela continue à ce rythme, il faudra dénombrer 155 femmes qui mourront au cours de l’année. Pour mémoire, 102 victimes ont été recensées en 2020 et 122 en 2021 selon le ministère de l’Intérieur. Le chiffre officiel n’est pas encore disponible pour 2022. Le collectif Féminicides par compagnons, qui tient un décompte à partir des articles dans la presse, en a recensé au moins 111 cette année-là. Les féminicides est la pire extrémité des maltraitances au quotidien. On ne parle pas alors de toutes celles qui subissent des coups, des injures et plus.
Comment réagir ?
Il s’agit d’abord d’avoir conscience de cette réalité qui est souvent niée par les hommes qui ont entre leurs mains les leviers du pouvoir. À l’occasion de cette journée du 8 mars des femmes appellent à faire une grève féministe. Comment et pourquoi ? Voici quelques arguments en vidéo :
et en image..
Des manifestations aujourd’hui un peu partout en France
Vous pouvez agrandir la carte avec la molette de votre souris puis cliquer sur le lieu proche de chez vous pour connaitre le lieu et l’heure de la manifestation
Bon courage et bonne manif !
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