Gens du voyage : la Défenseure des droits dénonce des « discriminations systémiques »
Claire Hédon constate des discriminations en matière de logement, d’accès à l’éducation ou encore à la santé. Les gens du voyage et les Roms constituent la minorité la plus largement victime de discriminations sur le fondement de l’origine réelle ou supposée, et plus d’un Français sur deux (52%) dit se sentir mal à l’aise à l’idée d’avoir des Roms ou des gens du voyage comme voisins.
Dans son communiqué la Défenseure des Droits souligne que l’absence de reconnaissance de la caravane comme « logement » est notamment à la source de discriminations dans différents domaines : la domiciliation, le lieu d’imposition, l’ouverture d’un droit aux aides au logement (APL), l’accès aux crédits et aux assurances, la protection contre la suspension des fluides et de l’eau en période hivernale, l’obtention du droit de garde d’un enfant, etc.
Elle alerte sur les données inquiétantes relatives au décrochage scolaire des enfants « du voyage ». La lutte contre le non-recours est un enjeu majeur pour leur accès aux droits. Enfin elle invite les intervenants sociaux à saisir ses services tout comme les gens du voyage eux-mêmes ainsi que les associations qui les représentent. Elle s’engage à sensibiliser et former son réseau de délégués aux difficultés qu’ils rencontrent. (lire le communiqué de la Défenseure des Droits)
« Protection de l’enfance : une adolescente se tue, son éducateur se suicide, les autorités se taisent »
«J’ai maintenant une envie de fuir à l’autre bout du monde. » Denis B. éducateur, s’est suicidé en se jetant par la fenêtre de son bureau du 3ᵉ étage. Trois heures auparavant, il avait adressé un long mail à ses 32 collègues et à sa hiérarchie dans lequel il dénonçait la surcharge de travail, l’ambiance délétère, parlant de « maltraitance » institutionnelle. Quatre mois plus tôt, il avait appris le suicide d’une jeune fille dont il était chargé du suivi depuis quelques jours seulement. Maud de Carpentier (Rue89 Strabourg) met en perspective dans son blog ce drame survenu le 8 mars dernier.
Elle précise que l’employeur de Denis lui aurait demandé de dissimuler des informations et reprend les propos de collègues de Denis : « C’est la hantise d’un éducateur qu’un gosse meure ou subisse des violences »…/… « Aucune prise en charge n’a été proposée [à Denis], aucun mot, ni aucun entretien. Uniquement l’ordre de détruire les documents. » Patricia, qui a longuement vu Denis la veille de son suicide, raconte combien cette demande l’a affecté, même « humilié » : « Il considérait avoir fait ce qu’il fallait [avec la jeune], quand il fallait. Le problème, ça a été après : une fois que la direction lui a demandé de détruire les pièces».
Ce service croule sous le travail. Comment faire face avec trop peu de moyens ? Ce drame interroge la responsabilité de chacun notamment celle de l’institution qui n’a pas su prendre en compte cette situation de détresse. (lire l’article de Maud de Carpentier)
Fillettes retrouvées auprès de leur mère décédée : le suivi social et éducatif n’a pas pu empêcher le drame
La semaine dernière, deux fillettes de 5 et 6 ans étaient retrouvées dans un appartementau Mans, aux côtés de leur maman décédée depuis plus de 48 h. Les enseignants avaient pourtant lancé de nombreuses alertes. Et la famille était suivie par les services sociaux du Département.
C’est un fait divers triste et tragique qui soulève de nombreuses questions explique Ruddy Guilmin de France Bleu Maine. Une information préoccupante (IP) avait été transmise aux services sociauxau sujet de cette situation. (Chaque année, la cellule départementale de recueil des IP « en reçoit 6.000 émanant des écoles, des hôpitaux, de voisins ou de simples citoyens »).
Le Conseil départemental avait mis en place durant l’été un accompagnement « assez resserré », grâce à l’assistante sociale de quartier, afin d’aider la mère dans son accès aux droits et pour régler ses problèmes financiers. Mais rien ne justifiait à ce stade une mesure de protection particulière. C’est en se rendant au domicile, le 29 septembre, que les policiers ont découvert le corps sans vie de la mère. Les deux fillettes étaient livrées à elles-mêmes expliquant que leur maman faisait « dodo » et qu’il ne fallait pas la déranger ». Depuis, elles ont été confiées aux services sociaux. (lire l’article de radio France Bleu Maine)
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Merci à Michèle Flandre pour la sélection d’articles qu’elle m’a transmis
Photo : Gitans Foro Italico benkamorvan Prise le 17 février 2008 Certains droits réservés