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Suzanne Leclézio et Yvonne Ziegler, femmes oubliées de la résistance aujourd’hui honorées par la ville de Paris

Ce n’est que justice. Une des figures des services sociaux et sa compagne auront une plaque d’hommage qui est dévoilée aujourd’hui  au 22 de la rue Marcadet à Paris. Pourquoi ? Un peu d’histoire nous permet de rappeler le parcours de ces deux femmes remarquables en cette journée du 8 mars. L’une fut assistante sociale à la SNCF, l’autre fut sa compagne qui s’engagea avec elle. Je veux parler de Suzanne Leclézio et Yvonne Ziegler. C’est mon ami Laurent Thevenet assistant social, retraité, un des biographes du GREHSS qui nous retrace la vie de ces 2 femmes héroïnes discrètes de leur époque :

De belles personnes impressionnantes par leur courage tranquille et leur dévouement

Suzanne Leclézio, assistante sociale et Yvonne Ziegler, sa compagne, peintre, professeur de dessin, bénévole, ont travaillé à partir de 1935 au Centre d’hygiène sociale du 22 rue Marcadet dans le 18e arrondissement de Paris. Ce dispensaire appartenait à cette époque à la Compagnie des chemins de fer du Nord.

Dispensaire Marcadet

Les deux femmes furent citées à l’ordre de la SNCF en 1942 pour leur rôle dans l’accueil et les soins aux réfugiés lors de l’exode de 1940,  notamment pour avoir procuré du lait aux enfants évacués. En 1942, lors des grandes rafles de Juifs à Paris, elles aident les Scharapan, famille juive du quartier Marcadet en procurant un logement et un emploi à la grand-mère de Nelly Scharapan lui permettant ainsi de survivre et d’échapper à la déportation.

Les 21 et 22 avril 1944, toutes deux apportent réconfort et soins aux blessés lors des bombardements des installations ferroviaires du quartier de la Chapelle à Paris qui fit plus de 500 morts. Le dispensaire, épargné, accueille les cheminots, leur famille et les habitants et enfants du quartier. Suzanne Leclézio s’investie également à la maison des enfants de cheminots de Crouy-sur-Ourcq qu’elle visite très régulièrement pour voir les petits patients soignés au dispensaire et dont l’état de santé nécessite leur placement temporaire dans cet établissement.

Du soin à la résistance…

Patriotes et éprises de liberté, les deux femmes ont intégré le réseau de résistance Cohors-Asturie le 1er octobre 1943 avec le grade de sous-lieutenant. Elles habitent toutes les deux rue Boissonade et hébergent plusieurs résistants recherchés par la Gestapo. Elles seront dénoncées en juillet 1944. La Gestapo les arrête à leur domicile le 27 juillet 1944 et les torture rue des saussaies.

Elles sont ensuite déportées par le dernier convoi parti de Pantin le 15 aout 1944 pour le camp de Ravensbrück. Elles sont ensuite transférées dans plusieurs Kommandos où elles travaillent dans des conditions effroyables.

Elles s’évadent au cours des marches de la mort et après quelques jours, elles sont libérées par l’armée soviétique. Elles sont confiées à la Croix-Rouge internationale et rapatriées en France le 25 mai 1945. Suzanne Leclézio est nommée directrice du Centre d’hygiène sociale à son retour. Elle quittera la SNCF en 1958 pour une retraite en Normandie avec Yvonne.

Membres de l’Association des anciennes Déportées, Internées de la Résistante, elles ont été, avec humilité, des belles personnes, impressionnantes par leur courage tranquille et leur dévouement modeste. Suzanne Leclézio a été nommée chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur, décorée de la Croix de guerre et de la médaille de la Résistance française. Yvonne, a également reçu la Croix de guerre et la médaille de la Résistance.

Leur parcours découvre des problématiques longtemps restées dans l’ombre, et désormais mises en avant : le rôle des femmes et des travailleuses sociales dans la résistance et la déportation, mais aussi la place des couples de femmes dans certains secteurs comme l’action sociale. En cette journée du 8 mars, il est heureux que leur souvenir soit commémoré.

 

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Photos fournies par Laurent Thévenet que je remercie ici pour ses biographies des travailleuses sociales oubliées de la grande histoire.

 

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