Bonjour et bienvenue à cette revue de presse qui vous propose un tour d’horizon des sujets brûlants du secteur social : la réforme précipitée des diplômes du travail social qui inquiète professionnels et syndicats, la vive émotion suscitée par la condamnation du directeur de l’ASE du Pas-de-Calais, et la mobilisation contre les logements « bouilloires » pour protéger les plus vulnérables face à la chaleur. Sans oublier les multiples liens susceptibles de vous intéresser, installez-vous au frais et… Bonne lecture !
Réforme des diplômes du travail social : les organisations professionnelles demandent le temps de la concertation
De nombreux articles soulignent la réaction des associations professionnelles au sujet de la réforme en cours prévue pour être mise en œuvre dès la rentrée prochaine. Cette décision suscite une vive opposition parmi les professionnels du secteur. Elle est présentée par les employeurs comme un levier pour revaloriser les métiers issus des diplômes de niveau VI – assistant de service social, éducateur spécialisé, éducateur de jeunes enfants, éducateur technique spécialisé et conseiller en économie sociale et familiale. Elle est perçue par de nombreux syndicats et associations comme un nivellement par le bas. Pour eux, le projet actuel, qui prévoit un large tronc commun représentant environ les deux tiers de la formation, menace la diversité et la complémentarité des métiers du travail social. Nombreux sont celles et ceux qui pensent que c’est une façon d’aller progressivement vers la création d’un profil unique de « travailleur social ».
Les organisations professionnelles dénoncent le manque de concertation et la réduction du temps consacré à la spécialisation. Elles insistent sur l’importance de préserver des identités professionnelles distinctes, essentielles à la richesse de l’accompagnement social. Interrogée par Caroline Megglé , pour Localtis , Jacqueline Grebert pour l’Anas s’explique : « Ce qui fait la richesse du travail social en France, c’est que les professionnels sont complémentaires. » Malgré une ouverture à la concertation promise par la ministre Catherine Vautrin le 17 juin, les discussions ont été brusquement interrompues, laissant les organisations dans l’incompréhension et la défiance vis-à-vis du processus décisionnel.
Du côté des employeurs, la réforme est présentée comme une réponse aux mutations du secteur, permettant d’adapter les formations aux réalités de terrain et de renforcer les compétences transversales. Pour la Fehap, Nexem et l’Udes, il s’agit d’une réforme structurante qui doit permettre « d’offrir de nouvelles perspectives de mobilités professionnelles et d’évolution, tant au sein du secteur social qu’avec les champs connexes ». L’Union nationale des acteurs de la formation et de la recherche en intervention sociale (Unaforis) estime de son côté que la réforme apporte une meilleure lisibilité des formations et un cadre plus cohérent entre spécialisation et compétences communes.
Cependant, pour les professionnels de terrain, l’urgence est aussi ailleurs : ils réclament avant tout une amélioration des conditions de travail et une revalorisation salariale, estimant que l’attractivité des métiers ne dépend pas d’une réforme des diplômes mais bien de la reconnaissance et du soutien apporté aux travailleurs sociaux. (lire l’article de Localtis)
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Le point de vue des associations professionnelles et des syndicats :
Le collectif dresse un constat amer sur la réingénierie en cours. Il dénonce une « mascarade de concertation » et une « confiance trahie ». Le 24 juin, des représentants des organisations professionnelles et syndicales ont été reçus par des membres du cabinet de la ministre Catherine Vautrin. Pour la première fois depuis le début de la réforme, leurs inquiétudes ont été entendues. Le cabinet a alors proposé de reporter le vote à juin 2026, avec une mise en œuvre en septembre 2027. Ceci à condition que les organisations s’engagent dans un travail de coconstruction. Il leur a été demandé de transmettre un calendrier prévisionnel et la liste des sujets à traiter, ce qui a été perçu comme un signe d’ouverture.
Cependant, dès le lendemain, la situation s’est brusquement dégradée. Une réunion du Haut Conseil du Travail Social (HCTS) a été maintenue, orchestrée avec des acteurs favorables à la réforme, et présentée comme une concertation alors qu’elle visait surtout à légitimer rapidement les nouveaux référentiels. Les organisations critiques n’ont reçu les textes finalisés que la veille au soir, sans possibilité de retour, ce qui bien évidemment vécu comme un déni de démocratie professionnelle. Si certaines avancées sont reconnues, comme l’intégration de compétences transversales (éthique, numérique, développement durable), d’autres aspects des référentiels sont jugés confus ou déconnectés de la réalité des métiers. Les représentants ont rappelé qu’ils ne s’opposent pas à la réforme en soi, mais à la méthode employée, dénonçant le manque de transparence et de respect du terrain.
La rupture de confiance a été consommée lorsque les engagements pris la veille ont été désavoués par téléphone. Il leur a été signifié que la réunion du matin reflétait un consensus, alors que de nombreux participants, dont l’UNIOPSS, avaient exprimé leurs doutes. Les organisations dénoncent un processus où les décisions sont déjà prises, sans cadre stable ni respect des professionnels. Elles appellent à suspendre le vote prévu le 2 juillet, jugeant qu’un report est possible et nécessaire pour reprendre les travaux dans un cadre démocratique et respectueux de l’expertise du terrain. Le communiqué interpelle Catherine Vautrin ainsi : « Madame la Ministre, vous avez proposé lors de la plénière du HCTS du 17 juin 2025 un report de la réingénierie et avez imposé une concertation. Vous avez désormais la responsabilité politique d’apaiser les tensions et de montrer votre engagement et votre soutien aux professionnel·les du travail social en actant cette proposition ». (lire le communiqué du collectif)
Images pédopornographiques : le directeur du pôle solidarités et de l’aide sociale à l’enfance du Pas-de-Calais condamné
Le directeur de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) du Pas-de-Calais a été condamné à quinze mois de prison avec sursis pour détention d’images pédopornographiques. Cette décision a été rendue le 27 juin dernier par le tribunal de Douai, dans le cadre d’une procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité. Cet homme, bien connu des milieux associatifs de l’action sociale, occupait également la fonction de directeur du pôle solidarité du Conseil départemental du Pas-de-Calais. Il a été immédiatement démis de ses fonctions à la suite de sa condamnation. Il était aussi responsable de l’insertion et de la prise en charge des personnes âgées.
Le parquet a précisé que l’ancien directeur a été poursuivi pour détention et acquisition et consultation habituelle de services en ligne mettant à disposition de telles images, ainsi que pour usage de stupéfiants. Outre la peine de prison avec sursis, le tribunal a ordonné un suivi socio-judiciaire d’une durée de sept ans, incluant une injonction de soins et une interdiction d’exercer toute activité en lien habituel avec des mineurs. Il a également été inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais)
Ce responsable est une figure reconnue du secteur social. Il avait été entendu en novembre 2024 par la commission d’enquête sur les manquements des politiques publiques de protection de l’enfance. En effet il était président de l’Association nationale des directeurs d’action sociale et de santé (Andass). Sa condamnation suscite une vive émotion, notamment en raison de la gravité des faits reprochés et de la fonction qu’il occupait auprès des publics les plus vulnérables. Évidemment, les responsables d’association tels ceux de l’ANDASS qui ont travaillé avec lui sont consternés et n’ont rien à voir avec ces faits. (lire l’article d’ ICI)
Des députés de sept groupes politiques déposent une proposition de loi sur les logements bouilloires initiée par la Fondation pour le Logement
Face à la montée des températures estivales, la Fondation pour le Logement des Défavorisés (anciennement Fondation Abbé Pierre) tire la sonnette d’alarme sur le phénomène des « logements bouilloires ». Ces habitations qui deviennent invivables plusieurs semaines par an en raison de la chaleur. Dans une étude inédite, la Fondation révèle que, même après un été 2024 plutôt tempéré, 42% des Français ont souffert de la chaleur dans leur logement. Ce constat montre que le problème est structurel. Il touche en premier lieu les habitants des quartiers populaires, les jeunes, les personnes âgées et les plus précaires, accentuant ainsi les inégalités sociales et sanitaires.
Les conséquences de cette précarité énergétique d’été sont lourdes : 3 700 personnes sont mortes de la chaleur en 2024. C’est un chiffre qui pourrait être réduit si les logements étaient mieux adaptés. Aujourd’hui, un tiers des logements en France est considéré comme une « bouilloire ». Pourtant, des solutions simples existent : installer des protections solaires extérieures est l’un des moyens les plus efficaces pour limiter la surchauffe alors que 40% des logements en sont encore dépourvus. Même dans les constructions neuves ou récemment rénovées, le confort d’été reste trop souvent négligé : seulement 10% des logements avec un DPE classé A offrent un bon confort d’été (!).
Pour répondre à cette urgence, la Fondation pour le Logement a travaillé avec des députés de sept groupes politiques pour déposer une proposition de loi transpartisane baptisée « Zéro Logement Bouilloire ». Ce texte vise à intégrer la surchauffe dans la définition de la précarité énergétique. Il vise aussi à interdire les coupures d’électricité toute l’année et à rendre obligatoire l’affichage du « confort d’été » dans les annonces immobilières. Il demande à établir un calendrier de rénovation des logements bouilloires à la location dès 2030, et à faciliter l’installation de protections solaires, notamment en copropriété. La Fondation estime qu’une augmentation annuelle d’un milliard d’euros des aides publiques permettrait d’équiper tous les logements d’ici 2040 en brasseurs d’air et protections solaires, pour une adaptation sobre et efficace aux canicules.
La Fondation appelle à la mobilisation de tous les acteurs — État, collectivités, professionnels du bâtiment, bailleurs sociaux — pour accélérer cette rénovation. Les solutions existent et leur mise en œuvre rapide est indispensable pour protéger les plus vulnérables face à l’intensification des vagues de chaleur. (lire le communiqué de la Fondation pour le Logement)
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Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser. Michelle assure une veille sociale indispensable !
photo en une : © Céline Lembert (Anas) / Plénière du Haut Conseil du Travail Social (HCTS) le 17 juin en présence de Catherine Vautrin