Bonjour et bienvenue à cette sélection d’articles pour votre revue de presse ! Commençons avec un tour d’horizon sur l’impact de l’intelligence artificielle dans le domaine de la santé mentale et les enjeux du travail social à l’ère numérique. Vous le savez sans doute, c’est un sujet qui me passionne. Vous découvrirez comment les chatbots thérapeutiques révolutionnent l’accès aux soins, mais aussi les risques et les débats qu’ils suscitent. Nous explorerons également les initiatives des travailleurs sociaux pour intégrer les outils numériques dans leur pratique. Cette revue de presse vous parle aussi du précariat qui touche actuellement toutes les classes moyennes en Europe. Ce documentaire diffusé sur ARTE est passionnant mais aussi inquiétant. Enfin, nous mettrons en lumière le travail remarquable des CCAS face aux aléas climatiques. Ces professionnels ne chôment pas cet été ! Bonne lecture !
Comment l’IA bouscule le milieu de la santé mentale : « Plutôt que de payer une nouvelle séance chez le psy, j’allais sur ChatGPT »
Cet article signé Hélène Pagesy dans le journal le Monde devrait vous intéresser. Il explore l’essor des chatbots thérapeutiques, notamment ceux développés par Character.ai, et leur impact sur les utilisateurs. Ces robots conversationnels, tels que Therapist et Psychologist, sont salués par de nombreux utilisateurs pour leur capacité à offrir une écoute attentive et des conseils, souvent comparés à ceux d’un thérapeute humain. Les témoignages abondent sur des forums comme Reddit, où des utilisateurs expriment leur gratitude pour ces outils accessibles 24 heures sur 24 et gratuits, ce qui est particulièrement apprécié par ceux qui ne peuvent pas se permettre des séances de thérapie traditionnelles.
Cependant, l’article nous parle aussi des risques associés à l’utilisation de ces chatbots. Un cas tragique est celui d’un chercheur belge qui, souffrant d’écoanxiété, s’est suicidé après des interactions intensives avec un chatbot nommé Eliza. Ce drame souligne les dangers potentiels de ce que certains appellent désormais « l’effet Eliza ». C’est celui dans lequel les utilisateurs de chabots attribuent des émotions humaines aux machines. Bien que certaines entreprises aient pris des mesures pour améliorer la sécurité de leurs applications, les professionnels de santé restent préoccupés par l’illusion de soutien que ces outils peuvent créer.
L’article aborde également l’innovation d’OpenAI qui a intégré un mode vocal dans ChatGPT. Il permet au chatbot de tenir des conversations orales et de « lire » les émotions des utilisateurs. Cette avancée suscite des réactions plutôt mitigées parmi les professionnels de la santé mentale. Olivier Duris, psychologue clinicien, souligne que bien que ces technologies ne puissent remplacer le travail des psychologues, elles reflètent un besoin croissant de solutions rapides et accessibles face à une offre de soins de santé mentale limitée. La technologie est lancée sans débat : le dernier gadget dopé à l’IA présenté fin juillet, baptisé Friend (« ami »), prend la forme d’un médaillon. Il permet d’entretenir des conversations avec son porteur.
Enfin, la journaliste donne la parole à Justine Cassell, directrice de recherche à l’Institut national de recherche en informatique et en automatique et membre du Conseil national du numérique. Cette dernière insiste sur l’importance de la transparence et de la collaboration avec des professionnels de santé pour éviter les dérives. Elle suggère que les chatbots pourraient être utiles en tant qu’outils complémentaires, à condition qu’ils ne prétendent pas remplacer les thérapeutes humains. L’article mentionne des initiatives au Royaume-Uni et aux États-Unis où des chatbots ont obtenu des certifications médicales, illustrant un potentiel d’intégration dans les systèmes de santé publique. Pas de quoi nous rassurer… (lire l’article du Monde – abonnés)
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« Penser la relation d’aide 3.0 »
Cet article des ASH signé David Prochasson est le début d’une enquête annoncée en 6 volets que je ne peux que vous recommander. Le journaliste nous présente les opportunités qu’apporte le numérique dans le domaine du travail social sans faire l’impasse sur les questions qui fâchent. Il montre les réticences et les maladresses des professionnels face à l’intégration des outils numériques dans leur pratique, souvent perçus comme des obstacles plutôt que des atouts. Morgane Quilliou-Rioual, ancienne éducatrice devenue formatrice (dont j’apprécie particulièrement le travail), souligne que les travailleurs sociaux sont souvent freinés par des interdits institutionnels, comme l’accès restreint aux réseaux sociaux, ce qui les pousse à utiliser leurs appareils personnels pour contourner ces limitations.
Pierre Khattou, formateur, insiste sur la nécessité de voir le numérique non pas comme une menace, mais comme un continuum qui peut enrichir la relation d’aide. Il note que la frontière entre le présentiel et le virtuel est poreuse et que les éducateurs doivent s’adapter pour rester pertinents et en lien avec leurs publics. François Sorin, chercheur et formateur à Askoria Rennes, ajoute que le numérique joue un rôle essentiel dans la médiatisation et la médiation des relations sociales, transformant les outils technologiques en supports incontournables du travail social.
L’article nous parle aussi d’initiatives innovantes, comme celle de l’association Apsis-Emergence en Moselle. Cette structure a utilisé les réseaux sociaux pour atteindre des jeunes devenus « invisibles » dans l’espace public. Cette approche proactive a permis de créer des comptes professionnels pour interagir avec les jeunes, tout en respectant les normes de confidentialité et en établissant un cadre institutionnel pour ces interactions.
Enfin, il est souligné l’importance de comprendre les dynamiques des réseaux sociaux, notamment le concept d’extimité. Il décrit comment les jeunes partagent des éléments intimes pour obtenir des réactions de leurs pairs. Morgane Quilliou-Rioual explique que les réseaux sociaux amplifient les émotions et que les professionnels doivent accompagner les jeunes dans la compréhension et l’analyse de ces interactions. Il nous faut pouvoir dépasser les clichés et de s’engager dans une observation compréhensive des usages numériques pour mieux accompagner les jeunes. (Lire l’article des ASH)
La souffrance des classes moyennes
Arte a eu la bonne idée de remettre en ligne ce reportage passionnant fait de témoignages recueillis dans plusieurs pays d’Europe, dont la France. Surtout, ne le manquez pas. Il permet de prendre de la hauteur et de comprendre que le phénomène lié au libéralisme et à la montée des inégalités est loin d’être un problème que pour notre pays.
En Europe, un tiers des actifs, bien qu’ayant un emploi, voire plusieurs, peinent à joindre les deux bouts. Se loger, s’alimenter et se chauffer deviennent des défis quotidiens. Ces travailleurs forment le « précariat », un terme dérivé de « précarité » et « prolétariat ». La hausse des prix de l’alimentation et de l’énergie a plongé de nombreuses personnes, auparavant de la classe moyenne, dans une insécurité économique accrue. Pendant que les plus riches s’enrichissent, les plus vulnérables s’appauvrissent davantage. Les femmes, occupant souvent les emplois les plus précaires, sont particulièrement touchées.
En France, en Allemagne, et même en Suède, autrefois considérée comme un modèle social, ce documentaire donne la parole à ceux qui sont concernés. Certains participent à des actions de protestation, d’autres ont perdu foi en l’État et en la démocratie, préférant compter sur des systèmes de solidarité plutôt que sur les aides publiques. Tous partagent les mêmes angoisses et la même perplexité face à leur situation.
Bonus
Canicule : Les initiatives des CCAS.
Depuis début juillet jusqu’à ces derniers jours, de très nombreux CCAS sont mobilisés pour identifier, protéger et conseiller les personnes isolées et souvent âgées des risques liés aux différentes périodes de canicule dans notre pays. L’UNCASS a répertorié quelques initiatives, mais il y en a des milliers sur tout le territoire. Il me parait souhaitable de saluer ce travail remarquable de prévention mis en œuvre par les services sociaux des communes et des intercommunalités qui ont fort à faire face aux aléas climatiques qui se multiplient. Il n’y a pas que la canicule, il y a aussi les orages et les inondations. En voici quelques exemples relayés par la presse régionale et certains médias nationaux.
À Marseille, le CCAS intensifie ses efforts pour aider les personnes fragiles. Les actions incluent la mise en place de dispositifs de veille pour identifier les personnes à risque, notamment les personnes âgées et isolées. Les équipes du CCAS effectuent des appels téléphoniques réguliers et des visites à domicile pour s’assurer du bien-être des bénéficiaires. De plus, des espaces climatisés sont mis à disposition pour permettre aux personnes de se rafraîchir.
À Compiègne, le CCAS se mobilise également pour faire face aux vagues de chaleur. Neuf travailleurs sociaux se sont activés pour appeler les 993 inscrits sur les listes de la « cellule veille canicule ». Les actions entreprises comprennent la sensibilisation des habitants aux risques liés à la canicule et la distribution de conseils pratiques pour se protéger de la chaleur. Le CCAS organise aussi des visites à domicile pour vérifier l’état de santé des personnes vulnérables et leur apporter un soutien en cas de besoin. Des lieux frais sont également ouverts pour accueillir ceux qui en ont besoin.
Le CCAS de Salon-de-Provence met en œuvre des mesures similaires avec une cellule de crise activée dès les périodes « orange canicule ». Les équipes locales se concentrent sur le maintien du contact avec les personnes isolées et fragiles, en leur fournissant des informations sur les précautions à prendre. Là aussi, des points d’accueil climatisés sont disponibles pour ceux qui cherchent à échapper à la chaleur excessive. Le CCAS collabore aussi avec d’autres services municipaux pour coordonner les efforts de prévention et d’assistance.
En résumé, les CCAS de différentes villes dans les régions touchées par les alertes canicules adoptent des stratégies semblables pour en atténuer les effets. Ils mettent l’accent sur la prévention, l’information et l’assistance directe aux personnes les plus à risque. Ce n’est pas une mince affaire. Dommage que l’on n’en parle pas plus dans la presse nationale. (lire l’article de l’UNCCAS)
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