Bonjour et bienvenue à cette revue de presse ! Découvrez cette semaine comment le Secours Catholique nous alerte sur l’éloignement croissant de la solidarité nationale pour les personnes les plus vulnérables. Elles subissent un accès de plus en plus difficile aux prestations sociales. Viennent ensuite des sujets qui fâchent : comment ne pas réagir aux inquiétudes de la Défenseure des droits face à l’algorithmisation des services publics ? Comment rester de marbre face aux déclarations du ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian ? Il y a de quoi être un peu agacé pour ne pas dire plus. Enfin, nous nous pencherons sur le plaidoyer passionné d’Emmanuel Balny qui m’a contacté pour parler du maintien d’un service d’accompagnement éducatif à domicile, le SAPMN qui officie dans le Gard. Sans oublier à la fin de cette sélection d’articles les multiples liens susceptibles de vous intéresser… Bonne lecture et ne lâchez rien !
Prestations sociales : quand la solidarité s’éloigne
Le Secours Catholique – Caritas France vient de publier son rapport « État de la pauvreté en France 2024 ». Il révèle l’éloignement croissant de la solidarité nationale pour les personnes les plus vulnérables. Ce phénomène se manifeste principalement par un accès de plus en plus difficile aux prestations sociales, pourtant essentielles pour les ménages en situation de précarité. Le rapport rappelle l’importance capitale des prestations sociales pour les ménages accueillis par l’association. Elles représentent en moyenne 82% de leurs ressources.
Cependant, l’accès à ces aides devient un véritable parcours du combattant. La dématérialisation des démarches et l’éloignement géographique des services publics sont pointés du doigt comme les principaux obstacles. Cette situation engendre une augmentation inquiétante du non-recours aux droits. Par exemple, le taux de non-recours au RSA est passé de 26% en 2010 à 36% en 2023 parmi les ménages français éligibles rencontrés par l’association. Les auteurs du rapport (Mathilde Nugue, Jean Merckaert et Daniel Verger pour le résumé exécutif ) soulignent également l’impact négatif des discours culpabilisants envers les allocataires, qui ont des répercussions concrètes sur l’accès aux droits.
Face à ce constat, le Secours Catholique formule plusieurs recommandations pour améliorer la situation. L’association plaide pour une « réhumanisation » du système de protection sociale, en augmentant les ressources humaines au contact des usagers. Elle insiste sur la nécessité de garantir un accès physique aux administrations, permettant aux personnes de rencontrer un agent capable de les renseigner efficacement. Le rapport préconise aussi une amélioration du dispositif des Espaces France Services, notamment en termes d’accessibilité et de formation du personnel qui reste insuffisant. Une attention particulière est portée aux services « séjour » des préfectures, qui devraient être dotés de moyens humains suffisants pour traiter les demandes des personnes étrangères. Enfin, l’association propose la mise en place d’un minimum insaisissable de revenu, afin qu’aucune personne ne se retrouve totalement démunie. (lire le rapport du Secours Catholique)
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- On est mis de côté : la solidarité nationale s’éloigne des pauvres, alerte le Secours Catholique | Le Monde (abonnés)
- Maine-et-Loire : la solidarité s’éloigne selon le Secours Catholique | Le Kiosque
Les droits des usagers des services publics face aux algorithmes et aux systèmes d’IA : points de vigilance et recommandations de la Défenseure des droits
L’algorithmisation galopante des services publics est en train de mettre à mal les droits fondamentaux de la population, et il est grand temps de tirer la sonnette d’alarme ! C’est ce que fait la Défenseure des droits, Claire Hédon, dans son dernier rapport qui vient de paraitre. Il dénonce sans détours les dérives d’un système de plus en plus déshumanisé. Fini le temps où l’on pouvait discuter avec un agent en chair et en os, désormais ce sont des machines qui décident de notre sort.
Affelnet, Parcoursup, France Travail, prestations CAF… autant de procédures où l’intervention humaine n’est devenue qu’une façade qui masque la toute-puissance des algorithmes et de ceux qui les ont mis en place. Et quand par exception un humain intervient, c’est dans la plupart des cas pour avaliser aveuglément les décisions de la machine, sans esprit critique. Cette réalité qui s’impose à tous interroge le bon sens, le discernement, la compréhension des difficultés des personnes qui devraient être au cœur du service public dont les moyens humains ont été remplacés par des applications.
Le plus inquiétant dans cette affaire, c’est l’opacité totale dans laquelle opèrent ces systèmes. Les citoyens sont laissés dans l’ignorance, privés des informations les plus élémentaires sur les décisions qui les concernent. La Défenseure des droits demande, à juste titre, que soit consacré un véritable droit à l’explication pour chaque décision administrative automatisée. Il est temps que l’administration rende des comptes.
Face à cette dérive, Claire Hédon ne mâche pas ses mots et appelle à une véritable révolution dans la gouvernance algorithmique. Elle réclame des sanctions pour les administrations qui bafouent leurs obligations de transparence. Elle demande que les citoyens soient associés à tous les niveaux du processus décisionnel. Il est urgent de remettre l’humain au cœur du service public dit-elle. Ce rapport est un cri d’alarme qui doit nous faire réagir. Il en va de nos droits les plus fondamentaux, de notre dignité de citoyens. Ne laissons pas les algorithmes décider de nos vies sans notre consentement éclairé. Il est temps de reprendre le contrôle de nos services publics, avant qu’il ne soit trop tard ! (lire le communiqué de presse) (lire la rapport de la défenseure des droits)
Lire aussi sur ce sujet :
- IA dans les services publics : le Défenseur des droits veut plus de contrôle humain | Weka
- Algorithmisation des services publics : inquiétude du Défenseur des droits | ZDNet
- Accès aux droits : pourquoi la Défenseure met en garde contre l’IA | ASH
- IA dans les services publics : le Défenseur des droits veut plus de contrôle humain | Ouest-France
Polémique : Guillaume Kasbarian, le ministre qui rêve d’un service public façon Elon Musk
Le ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, a déclenché une tempête politique et médiatique cette semaine avec un tweet qui en dit long sur sa vision du service public. En félicitant Elon Musk pour sa nomination par Donald Trump à la tête d’un hypothétique ministère chargé de « démanteler la bureaucratie gouvernementale », il a révélé au grand jour son mépris à peine voilé pour les fonctionnaires français.
Cette sortie provocatrice en dit long sur le personnage. Il est content de lui car il fait le buzz. Comment un ministre censé défendre et valoriser le service public peut-il s’enthousiasmer pour celui qui rêve Outre-Atlantique de le réduire en miettes ? C’est une véritable insulte lancée au visage des millions d’agents publics qui se démènent chaque jour pour faire fonctionner notre pays. Le sénateur socialiste Claude Raynal n’a pas mâché ses mots, qualifiant cette déclaration de « challenge méprisant et provocateur » à l’égard des fonctionnaires. Il a raison : quel message envoie-t-on à ceux qui assurent la continuité de l’État quand on applaudit celui qui veut les mettre au chômage ? L’UNSA-Éducation, de son côté, dénonce une « attaque mensongère contre les agents publics ». Le syndicat rappelle à juste titre que la France n’est pas les États-Unis et que notre modèle de service public, loin d’être un fardeau, est un atout pour notre pays.
Cette polémique révèle une fois de plus un double discours du gouvernement. D’un côté, il est mis en avant la « modernisation la fonction publique », de l’autre, un ministre en charge de la fonction publique s’enthousiasme pour des projets de son démantèlement pur et simple. Faut-il rappeler à M. Kasbarian que la France n’est pas une start-up et que nos services publics ne sont pas des lignes de code qu’on peut utiliser dans une complète opacité ? La fonction publique française mérite mieux qu’un ministre qui rêve de la voir disparaître et qui semble plus inspiré par les lubies d’un milliardaire américain que par les besoins réels des citoyens français.
Quelques liens sur ce sujet :
- Fonction publique : Elon Musk, un modèle ? | France Culture
- Félicitations de Guillaume Kasbarian à Elon Musk : un challenge méprisant et provocateur à l’endroit des fonctionnaires, dénonce un sénateur socialiste | Public Sénat
- Fonction publique : Guillaume Kasbarian félicite Elon Musk, une honte pour la République française, s’indigne l’opposition | Sud Ouest
- Arrêts maladies dans la fonction publique : deux des principaux syndicats du secteur appellent à la grève | France TV Info
- Une attaque mensongère contre les agents publics | UNSA Éducation
- Le ministre de la Fonction publique veut booster l’intelligence artificielle dans les services de l’État | France TV Info
Placement éducatif à domicile : « le SAPMN à hauteur d’éduc »
Emmanuel Balny, éducateur dans une Maison d’enfants à caractère social (Mecs), plaide avec passion pour le maintien du Service d’Accompagnement Progressif en Milieu Naturel (SAPMN) dans le Gard. Ce dispositif, qui existe depuis plus de 40 ans, est une forme de placement éducatif à domicile permettant d’accompagner des milliers d’enfants et de familles au plus près de leurs besoins. Sa tribune publiée par Enfance & Jeunesse Infos met en valeur la richesse et la flexibilité de ce dispositif, qui offre un équilibre unique entre aide et contrôle. Il permet aux éducateurs de jongler entre une présence intense et une prise de distance, selon les besoins de chaque situation.
Cette modalité d’accompagnement offre une multitude de possibilités : de la préparation de crêpes improvisée à l’enregistrement d’un rap, en passant par la gestion de crises familiales ou l’organisation de sorties éducatives. Emmanuel Balny insiste sur la spécificité du rôle des éducateurs SAPMN, qui se distingue à la fois de celui des éducateurs de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) et de celui des éducateurs d’internat. Pour lui, le SAPMN permet d’agir dans un cadre structuré tout en acceptant une part d’incertitude, ce qui favorise la créativité et l’adaptation aux besoins individuels des jeunes et de leurs familles.
Emmanuel Balny en appelle à la mobilisation face aux menaces qui pèsent sur l’avenir du placement éducatif à domicile. Il fait référence à un récent avis de la Cour de cassation, Il invite à dépasser les considérations purement budgétaires et à reconnaître la valeur unique de ce dispositif dans la protection de l’enfance. Son plaidoyer vise à préserver cet « entre-deux créatif » qu’il juge essentiel pour soutenir efficacement les enfants en difficulté et leurs parents. (lire la tribune sur enfancejeunesseinfos.fr)
Lire aussi
Protection de l’enfance :
- Il risque d’y avoir un drame : les employés de l’aide sociale à l’enfance en grève pour demander plus de moyens | France 3 Régions
- L’accueil des enfants par un proche | Observatoire National de la Protection de l’Enfance
- Je ne veux pas accuser, mais raconter ce que j’ai vécu : polémique sur l’insalubrité d’un foyer de l’aide sociale à l’enfance d’Amiens | France 3 Régions
- Une directrice et une puéricultrice d’une crèche des Yvelines mises en examen, soupçonnées de maltraitance à l’encontre d’au moins huit enfants | France TV Info
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- C’est la première fois qu’il est séparé de papa et maman : immersion dans une maison qui accueille des enfants placés en urgence | France 3 Régions
- Délits mineurs au cœur des audiences du tribunal pour enfants de Bobigny | Enfance Jeunesse Infos (avec une série de podcast d’Arte)
- 100 idées reçues sur l’aide sociale à l’enfance passées à la loupe | Le Média Social
Précarité :
- La précarité énergétique, un fléau persistant en France en dépit du tassement de l’inflation | Le Monde
- En milieu urbain, les ménages modestes sont en général plus exposés aux îlots de chaleur | INSEE
- Coupures de courant : ménages qui souffrent du froid, les chiffres alarmants sur la précarité énergétique | Capital
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- Pauvreté : la précarité énergétique, un fléau négligé | L’Humanité
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Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser