Didier Dubasque

Revue de presse | Handicapées… mais au RSA / La « comédie du pouvoir / L’éduc spé n’est pas un coordinateur

Bonjour et bienvenue dans cette revue de presse. En cette fin de semaine, j’ai sélectionné pour vous avec Michelle Flandre des informations qui traitent du RSA, mais cette fois-ci sous l’angle du handicap. Deux chroniqueurs du social sont aussi à l’honneur. Mes amis Yves Faucoup et Philippe Gaberan. Ils nous apportent chacun leur vision sur des sujets qu’ils maitrisent particulièrement bien. (leurs écrits sont toujours argumentés). Et puis au passage, j’en profite pour tenter de vous donner envie de lire le dernier numéro de la Revue Française de Service Social : là aussi nous sommes sur un sujet « brulant » puisque ce numéro s’intitule « Quand le travail (même social) fait souffrir » Bonne lecture à vous et bon week-end à venir !


Handicapées… mais au RSA

Le journaliste Franck Seuret aborde sur le site de Faire Face la situation précaire des personnes handicapées vivant sous le seuil de pauvreté et dépendant du Revenu de Solidarité Active (RSA). L’article met en lumière la situation de Sylvie Taillandier, une femme de 61 ans, reconnue comme travailleuse handicapée, qui survit avec les 580 € du RSA. « J’ai l’impression de ne compter pour rien » dit-elle. Elle est un exemple parmi au moins 300.000 personnes handicapées qui ne remplissent pas les conditions pour bénéficier d’une pension d’invalidité ou de l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) et qui peinent à trouver un emploi adapté à leur handicap.

Cet article soulève la question des critères d’éligibilité aux différentes aides sociales. Sylvie, par exemple, a un taux d’incapacité de 20 %, ce qui ne lui donne pas accès à l’AAH, accessible à partir de 50 %. De plus, elle ne remplit pas les conditions pour une pension d’invalidité. Selon la Drees, 16 % des 1,9 million d’allocataires du RSA se déclarent « fortement limités » en raison d’un problème de santé, ce qui souligne l’ampleur du problème.

Il est aussi fait état d’une étude de la Cour des comptes qui montre que 26 % des allocataires du RSA deviennent allocataires de l’AAH en sortant du RSA. Le journaliste évoque également le projet de loi plein emploi adopté récemment par l’Assemblée nationale, qui prévoit de rendre obligatoire jusqu’à 15 heures d’activité par semaine pour les allocataires du RSA. Le texte laisse une marge de manœuvre pour les personnes en situation de handicap ou d’invalidité. Ce point soulève des questions sur les critères qui seront utilisés pour dispenser ces personnes de cette obligation. D’autres personnes handicapées, en revanche, sont condamnées à demeurer au RSA. Elles vivent d’autant plus cette exclusion que personne n’en parle. (lire l’article de Faire Face)

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RSA : la comédie du pouvoir

La macronie zigzague nous dit dans son blog Yves Faucoup. Il rappelle ainsi les déclarations contradictoires d’Emmanuel Macron et d’autres membres du gouvernement sur l’obligation pour les bénéficiaires du RSA de consacrer 15 à 20 heures par semaine à une activité d’insertion professionnelle. Alors que cette proposition avait été mise en avant pendant la campagne présidentielle, elle a été par la suite atténuée, voire abandonnée, dans le discours officiel.

C’est l’occasion pour mon chroniqueur social préféré de critiquer la faisabilité et la pertinence de l’obligation des 15 à 20 heures d’activité. Il met en avant plusieurs arguments, notamment le fait que beaucoup d’allocataires du RSA ne sont pas en mesure d’exercer une activité en raison de diverses contraintes, telles que des problèmes de santé ou des responsabilités parentales. Il cite également le cas des agriculteurs qui, bien qu’étant bénéficiaires du RSA, travaillent déjà de longues heures.

Yves Faucoup souligne que la loi sur le RSA prévoit déjà des mesures d’accompagnement et que l’État n’a pas respecté ses engagements en matière d’insertion. « Il ne faut pas cesser de répéter que si l’accompagnement des bénéficiaires du RSA est défaillant, c’est parce que les pouvoirs publics n’ont pas respecté la loi et leurs engagements » dit-il.

Enfin, son texte conclut en élargissant la discussion au-delà du RSA pour aborder les questions de pauvreté et de justice sociale en France. Il critique la focalisation sur la fraude sociale, qui est minime par rapport à d’autres types de fraudes, et rappelle que le budget alloué au RSA ne représente qu’une petite fraction des dépenses publiques. Il lui suffit de mettre en avant le contraste entre les sommes colossales dépensées dans le cadre du plan de relance et le faible budget alloué au RSA. Yves Faucoup  appelle à une mobilisation plus large sur ces questions, soulignant que « cette question du revenu minimum devrait justifier une protestation comparable à celle sur les retraites ». (lire l’article d’Yves Faucoup)

 


L’éducateur spécialisé n’est pas un coordinateur

Philippe Gaberan sur son site personnel, aborde la crise identitaire que traversent les éducateurs spécialisés dans notre pays. Il commence par souligner le désarroi des employeurs et des équipes dans les établissements spécialisés qui accueillent des jeunes professionnels ou des étudiants en stage. Ces derniers sont souvent décontenancés face aux réalités du métier et aux spécificités des publics accueillis. Il mentionne également l’usure prématurée de ces jeunes professionnels qui, une fois sur le terrain, perdent le sens de leur identité et de leur fonction dans l’institution.

Son article critique les réformes récentes qui ont conduit à une confusion des rôles au sein de la profession. Par exemple, la réforme de 2017 a introduit un flou en créant deux types de diplômes d’éducateur spécialisé : l’un axé sur la relation d’aide éducative et l’autre, post-réforme, axé sur la coordination. L’auteur exprime son inquiétude quant à l’impact de ces changements sur la qualité de l’accompagnement offert aux personnes en situation de vulnérabilité.

Philippe Gaberan appelle à une réflexion profonde sur le métier d’éducateur spécialisé. Il insiste sur la nécessité de revenir au respect inconditionnel de tous les acteurs impliqués et de reconnaître les spécificités et compétences de chacun. Pour lui, il est crucial de repenser les profils de professionnels et les dispositifs de formation pour offrir à l’éducation spécialisée un avenir à la hauteur des défis humains qu’elle pose. (Lire l’article de Philippe Gabéran)

 


Bonus :

« Quand le travail (même social) fait souffrir »

Le numéro 283 de la Revue Française de Service Social aborde un sujet d’une grande actualité et d’une importance cruciale : la souffrance au travail. Ce numéro se divise en trois parties principales qui explorent divers aspects de cette problématique.

La première partie met en lumière le rôle parfois néfaste de certaines institutions et de ses managers. Tout en cherchant à atteindre des objectifs de rentabilité, ils négligent souvent le bien-être des salariés. Cette situation s’est aggravée avec la crise sanitaire, et malgré les efforts de certains. Il est rappelé que le burn-out n’est toujours pas reconnu comme une maladie professionnelle en France et en Europe. Ce qui est vraiment problématique.

La deuxième partie se concentre sur « les réalités du terrain ». Elle décrit des comportements qui provoquent des épuisements professionnel pouvant même conduire à des actes suicidaires. Il est devenu urgent d’analyser ce qui se passe. L’accompagnement individuel et le travail de groupe sont présentés comme des moyens complémentaires pour aider ces personnes.

La troisième partie propose des exemples d’interventions innovantes. Elles mettent en avant l’importance d’entretiens spécifiques, de l’écoute et de la régulation des désaccords. Le collectif est présenté comme un outil méthodologique efficace pour la reconstruction et la prévention des risques psychosociaux.

Ce numéro de la revue est donc une ressource précieuse pour toutes celles et ceux qui s’intéressent à la question de la souffrance au travail. Il intéressera les professionnels du secteur social, managers ou employés. Il offre une analyse approfondie et des pistes de solutions pour aborder ce sujet. (Lire la présentation de la Revue sur le site de l’ANAS)

 


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Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser.

 

Photo de Freepik

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