Un Français tiré au sort va tester un revenu universel à 1000 euros par mois pendant un an, nous annonce plusieurs médias dont le Figaro, L’Express, ou encore le Nouvel Obs. Cette initiative qui est susceptible de créer la polémique est à mettre à l’actif d’Europe Ecologie – les Verts qui prend modèle sur une initiative similaire menée en Allemagne de façon beaucoup plus conséquente : là bas 85 personnes ont touché 1000 euros pendant toute une année grâce aux dons de 55.000 particuliers.
Cette initiative est-elle un appel au « droit à la paresse » cher à Paul Lafargue ? Le gendre de Karl Marx, ancien communard et fondateur en 1880 du parti ouvrier serait-il au final un visionnaire éclairé ? dans son ouvrage Lafargue s’étonnait de «l’étrange folie» qu’est l’amour que la classe ouvrière porte au travail, alors qu’elle en est dépossédée par une classe dominante qui s’enrichit sur son dos. Il défend donc ce droit à la paresse si haïe des classes dirigeantes qui accusent aujourd’hui les allocataires du RSA pour ne citer qu’eux.
Est-ce une loterie comme une autre où finalement un particulier touche un gain après avoir tenté sa chance sans miser quoi que ce soit ? Un Français sur deux joue au moins une fois par an à des jeux de hasard, dépensant en moyenne 188 euros. Un phénomène qui s’accentue avec la possibilité de miser en ligne. Or que s’agit-il à travers ces jeux si ce n’est qu’espérer ne plus avoir de contingences liées au manque d’argent ?
Ou est-ce plus simplement un droit en devenir reconnaissant que demain le travail ne suffira plus pour nourrir les hommes et que quoi qu’on en dise, nos sociétés sont désormais suffisamment riches pour assurer un revenu universel ou un revenu de base à tous ses citoyens ?
Le revenu universel divise avec des idéologies qui s’affrontent durement. À droite, c’est un peu « no pain, no gain » c’est à dire que l’on n’a rien sans rien : il faut contrôler les gens s’ils veulent toucher une aide. À gauche, c’est plutôt le vocabulaire de l’accompagnement qui prédomine : intégrer les laissés-pour-compte, tisser du lien social, avancer étape par étape vers l’emploi durable. Dans les 2 camps c’est l’accès à l’emploi ou du moins à un revenu qui en découle qui libère les personnes pauvres de leurs contraintes.
Or, il ne faut pas se voiler la face. Nous savons tous que demain les robots et autres machines numériques vont continuer de détruire des emplois sans en créer suffisamment pour que chacun puisse travailler. même si aujourd’hui il est fièrement annoncé que les entreprises françaises ont créé 300.000 emplois en un an. Or il est dénombré officiellement 3 millions 475.600 demandeurs d’emplois de catégorie A, B et C. Cela sans compter toutes celles et ceux qui ne sont pas référencés par Pôle Emploi. Faites les comptes. Plusieurs hypothèses vont se poser : créer des emplois aidés. Pour l’instant ces emplois aidés sont « détruits » car ils seraient d’un coût trop élevé pour l’Etat, (selon une certaine façon de gérer les finances publiques). Que vont devenir ces millions de salariés déstabilisés et précarisés que Robert Castel à défini comme des « surnuméraires » ? Le revenu de bas peut-il être une réponse suffisante et satisfaisante ?
Beaucoup de questions direz-vous. Et oui chacun a sa réponse et la mienne ne vaut pas mieux que celle par exemple du philosophe libéral Gaspard Koenig auteur de 2 ouvrages sur le revenu universel. « Avec le revenu universel », dit-il « le travail paie toujours : 1 euros gagné (moins l’impôt) s’ajoute. C’est un système anti-assistanat. C’est vrai, il faut assumer qu’on ne demande pas de contrepartie : si c’est pour passer la journée à la plage, il faut tolérer ce qui restera une marge. Mais les gens ont naturellement envie d’être actifs ».
D’où la démonstration suivante intitulée « pourquoi faut-il donner de l’argent aux pauvres sans contrepartie » publiée par le quotidien Le Monde :
Bon c’est sûr, les exemples donnés viennent d’expériences menées dans les pays africains. Alors justement pourquoi ne pas vérifier en France la pertinence du propos ? Les expériences de mise en place de revenu de base semblent utiles à développer même si l’Etat ne s’y met pas vraiment.
Si vous voulez contribuer à cette expérience voici le lien pour
soit vous inscrire pour participer au tirage au sort pour obtenir un revenu de base expérimental
soit contribuer au financement participatif de cette expérience
à vous d’en décider. En attendant de faire votre choix, je vous invite à lire cet excellent article intitulé : « Mais que devient l’argent des pauvres ? » signé Denis Colombi qui est docteur en sociologie.