Il est toujours facile d’accuser l’autre des pires conneries, sans jamais se remettre en cause soi-même. Retour sur ce qui est le mieux partagé au monde !
Il ne faut jamais confondre l’acte stupide avec son auteur. On peut être très avisé et en commettre. Comme on peut être très con et ne pas en produire.
Ce sujet d’étude restait jusque-là un territoire vierge de recherche ? Voilà un ouvrage proposant à toutes et à tous une salutaire prise de recul sur les autres et sur soi-même !
D’abord, une définition : alors que la bêtise est aveugle à elle-même, parce que commise par manque de réflexion, de jugement ou de connaissance, la stupidité caractérise des actes produits délibérément.
Les causes en sont multiples.
Il y a d’abord l’imprudence, par négligence, des risques encourus que l’on méprise ou refuse de voir. Et l’imprévoyance fondée sur une mauvaise évaluation des conséquences potentielles.
Mais, aussi : l’impulsivité, quand l’action est menée sans réflexion ; la naïveté ou la crédulité par manque d’esprit critique ; la maladresse par carence de savoir-faire ou de savoir-vivre ; l’intrication entre la cognition et les émotions fréquentes quand la jalousie, la colère, l’envie, la tristesse prennent le dessus sur la raison ; l’exutoire à l’ennui qui pousse à l’aventure ; la désinhibition qui incite à violer les interdits ; la recherche d’expérience qui gomme toute prudence…
Il suffit en lisant cette énumération … de cocher les cases. Sommes-nous vraiment à l’abri de l’une ou de l’autre de ces attitudes ? Autant dire que tout le monde est capable, à un moment ou à un autre, d’accomplir un geste stupide, quel que soit son degré d’intelligence ou son quotient intellectuel.
Rassurons-nous, cet agissement est le plus souvent (et heureusement) peu habituel à nos manières d’agir qui sont censées être en général rationnelles, cohérentes et logiques. Quand nous nous comportons ainsi, c’est sans la moindre intention constructive, ni en étant dans l’attente de bénéfices réels.
Les raisons de nos conneries
Comme il y a toutefois une forte probabilité d’effets préjudiciables quand nous posons ces actes, il est légitimement possible de s’interroger sur ce qui nous pousse à nous comporter de la sorte ?
L’une des raisons qui nous incitent à le faire est sans doute cette attirance pour le sentiment de toute-puissance, le plaisir de ressentir une intense jubilation et vivre un fugace frisson d’exaltation, toutes choses qu’une attitude raisonnable procure bien moins souvent.
Mais, l’auteur décrit aussi ces biais cognitifs qui court-circuitent notre réflexion approfondie, nous apportent des réponses certes approximatives, mais rapidement et immédiatement utilisables face à ce qui survient.
Pour autant, la connaissance de ces fonctionnements ne nous met pas à l’abri des actes stupides qu’ils favorisent. Comment alors réussir à « destupidifier » notre esprit, s’interroge l’auteur ? Voyons les solutions qu’il propose.
Comment les éviter ?
D’abord renoncer à se croire plus malin que les autres. Comment ? En faisant appel à eux pour bénéficier de leur regard extérieur. L’avis d’un tiers est toujours une précieuse ressource pour nous aider à faire le pas de côté nécessaire.
Ensuite, analyser le rapport bénéfices / risques. Qu’avons-nous à y gagner et que pouvons-nous y perdre ? C’est là une aide utile permettant de mesurer le degré de pertinence d’une décision à prendre une attitude à adopter… ou non.
Enfin, se représenter et imaginer parmi les conséquences celles qui pourraient mal tourner. S’il est pertinent d’entrevoir des perspectives optimistes, il l’est tout autant de ne pas s’y enfermer en s’ouvrant aussi à celles qui s’avèrent pessimistes.
Pour autant, il serait stupide d’abolir une certaine stupidité : c’est aussi aux marges des habitudes conventionnelles et routinière que se nourrissent la créativité et l’inventivité.
- « Pourquoi les gens intelligents prennent-ils aussi des décisions stupides ? » Yves-Alexandre THALMANN, Éd Mardaga, 2018, 172 p.
Cet article fait partie de la rubrique « Livre ouvert » Il est signé Jacques Trémintin
Lire aussi :
1- Psychologie de la connerie, François Marmion (sous la direction), Éd. Sciences Humaines, 2018, 378 p., Si pour Descartes le « bon sens est la chose du monde la mieux partagée », la connerie est, elle aussi, partout, qu’elle suinte ou perle, ruisselle ou déferle | Psychologie de la connerie (tremintin.com)
2-Les vertus de la bêtise, Paul Vacca, Éd. De l’Observatoire, 2020, 127 p. Pourquoi tant de haine et de mépris contre la bêtise, s’interroge Paul Vocca ? Après tout, cela fait 28 siècles qu’on se plaint de son invasion continue ! | Les vertus de la bêtise (tremintin.com)
3- Histoire universelle de la connerie ? François Marmion (sous la direction), Éd. Sciences Humaines, 2019, 490 p., S’il y a une constante qui traverse l’histoire c’est bien cette infinité de représentations simplistes et binaires sur ce qui est bien, mal, noble, vulgaire, civilisé, arriéré, chacun s’affublant les meilleures qualités et attribuant à autrui les pires tares | Histoire universelle de la connerie (tremintin.com)
Billets
1-La connerie est la chose du monde la mieux partagée : La chef de la patrouille demande au blessé, gisant au sol, de lui présenter les papiers de son véhicule.
2-Vive la Mayenne ! : Certaines réactions provoquées par la pandémie sont ahurissantes.
3- La Rumeur du 9-3 : Les services sociaux de la région parisienne, débordés par leurs cas sociaux, les exportent-ils vers la province, en finançant leur billet de train ?
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