« L’IA pour les noobs » : quand l’intelligence artificielle devient enfin compréhensible pour tous

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Démystifier l’intelligence artificielle (IA) sans jargon technique, c’est le pari réussi d’un collectif de professionnels de terrain. Il vient de publier un livret pédagogique aussi accessible qu’indispensable. Une ressource qui arrive à point nommé dans un monde où l’IA s’invite partout, y compris dans nos pratiques professionnelles du travail social.

« Si tu feuillettes ce livret, c’est que tu as envie d’en apprendre un peu plus sur l’intelligence artificielle (ou IA). Bonne nouvelle, tu es au bon endroit ! » C’est par cette accroche sympathique et déculpabilisante que s’ouvre « L’IA pour les noobs », un guide de 29 pages qui tient ses promesses : rendre l’IA accessible à toutes et tous, sans prérequis technique.

Une aventure collective exemplaire

pour les noobs1Ce qui frappe d’emblée dans ce projet, c’est son caractère profondément collaboratif. Il est le fruit d’un partenariat entre le CRIJ Occitanie, l’association ICARE et plusieurs membres du collectif pour l’inclusion numérique Coll.in. Le livret est né de la rencontre entre le CRIJ, Pierre Khattou et Coll.in pour développer une approche collective, inclusive, éthique et responsable du sujet. Enn fait ce livret est le résultat du travail de pas moins de 18 contributeurs aux profils complémentaires.

On y retrouve des ingénieurs pédagogiques comme Pierre Khattou (CRIJ Occitanie/Asso Icare), qui signe l’introduction. Il faut aussi compter sur des formateurs d’adultes comme Mickael Buscato et Grégory Derbré (MJC Saint Gaudens). Sans oublier des conseillers numériques comme Frédérique Baltzinger et Annaël Brunet, ingénieure pédagogique et formatrice pour adulte (La Cie du Code).  Tous les membres de Coll.in sont des spécialistes de l’inclusion numérique comme Gwladys Todesco Vallart ingénieure pédagogique et Laura Quarato. Sans oublier Morgane Quilliou Rioual, formatrice et autrice sur les pratiques numériques en travail social – dont vous avez pu apprécier les compétences ici sur ce blog !

Cette diversité d’expertises – de l’ingénierie informatique avec Zakaria Boukeffa à la communication avec Claire Guillon, en passant par la médiation jeunesse avec Gautier Lavabre – garantit une approche pluridisciplinaire. Toutes ces compétences enrichissent considérablement le propos. N’oublions pas non plus Elvin Ozoboyaci, volontaire en service civique et étudiante en psychologie, dont la participation illustre bien la volonté d’ouvrir largement le projet à de multiples compétences. (avec mes excuses pour les autres personnes non citées…)

Un parcours pédagogique progressif et complet

pour les noobs2Le livret s’articule autour de onze chapitres qui progressent logiquement. Cela va du plus général au plus technique, sans jamais perdre le lecteur en route. Et ça c’est essentiel.

Les fondamentaux d’abord : après les propos introductifs qui posent le cadre – notamment l’excellent texte de Pierre Khattou « Plongée dans le monde fascinant de l’IA ». Vient ensuite la présentation par Coll.in de l’enjeu d’équiper professionnels et citoyens. Le livret retrace l’histoire de l’IA, de Turing à nos jours. On comprend comment nous sommes passés des premiers automates aux IA génératives qui font aujourd’hui les gros titres. Car l’IA n’est pas si récente que cela.

Comprendre les mécanismes : les chapitres suivants décortiquent les deux approches principales (symbolique et basée sur les données). Ils nous expliquent l’apprentissage machine et l’apprentissage par renforcement. Le tout avec des schémas clairs et un vocabulaire accessible. Un gros plan particulier est consacré à l’IA générative et aux fameux modèles LLM (Large Language Models), ces « cerveaux artificiels qui parlent notre langue » et qui sont de plus en plus utilisés.

Éveiller l’esprit critique : c’est là que le livret prend toute sa dimension citoyenne. Plutôt que de simplement expliquer comment ça marche, les auteurs nous alertent sur les pièges à éviter. Une checklist pour utiliser l’IA générative en toute sécurité, un chapitre entier sur l’éthique, un autre sur l’impact environnemental (consommation d’eau, d’énergie, déchets électroniques)… Rien n’est occulté.

Le chapitre « L’IA : Outil de savoir ou illusion de connaissance ? » pose LA question essentielle pour nos pratiques professionnelles : attention à ne pas confondre production automatisée de texte et véritable construction de connaissance ! L’IA ne peut remplacer ni l’expertise professionnelle ni l’intelligence émotionnelle mise en œuvre dans le champ du travail social.

Des outils pratiques : le livret se termine par des tutoriels concrets pour formuler des « prompts » efficaces (avec la méthode RTF et les 5S, présentées de façon ludique avec « un poussin et un bazooka » !), un glossaire des termes techniques, et une liste de ressources pour aller plus loin.

Pourquoi ce livret est-il si utile ?

pour les noobs3Dans le secteur social, nombreux sont celles et ceux à se sentir dépassés par l’arrivée en force de l’IA dans nos outils de travail. ChatGPT par-ci, automatisation par-là, algorithmes de partout… Comment s’y retrouver ? Comment former nos équipes ? Comment accompagner les personnes que nous suivons ?

Ce livret répond à ces questions avec une approche qui fait du bien : pas de techno-béatitude ni technophobie non plus. Juste une volonté de donner les clés pour comprendre, choisir, utiliser à bon escient. Ou refuser en connaissance de cause.

L’approche inclusive utilisée tout au long du document n’est pas qu’un vernis. Elle traduit une véritable préoccupation : que personne ne soit laissé sur le bord du chemin de cette révolution technologique. Les « noobs » (débutants, novices) ne sont pas moqués, mais accueillis et respectés.

Ce qu’il faut en retenir

Si je devais résumer les principaux apports de ce livret, je retiendrais trois points :

  1. L’IA n’est pas magique : elle repose sur des algorithmes, des données d’entraînement, des choix humains. Comprendre ses mécanismes permet de mieux en identifier les limites et les biais.
  2. L’esprit critique est indispensable : vérifier les sources, croiser les informations, ne pas prendre pour argent comptant ce que crache une IA générative. Des réflexes que nous connaissons bien dans le travail social et qu’il faut absolument conserver.
  3. L’impact n’est pas que virtuel : derrière l’IA, il y a des serveurs, de l’eau, de l’électricité, des terres rares, des déchets. Une dimension environnementale à ne pas négliger dans nos choix d’outils. Et puis il y a aussi les impacts possibles sur nos vies.

Un collectif à suivre

Cette initiative ne s’arrête pas à la publication d’un livret. L’équipe sollicite activement les retours d’expérience pour envisager une nouvelle version. Elle se dit « intéressée par vos besoins en termes de ressource et de formation ». N’hésitez pas à réagir à la lecture de ce livret en écrivant à Pierre Khattou (pierre.khattou@crij.org) pour les échanges généraux, et aussi à formation@coll-in.org pour les demandes de formation.

Car oui, les contributeurs de ce livret sont aussi des formateurs de terrain. Ils sont capables d’accompagner les structures qui souhaitent sensibiliser leurs équipes. Une ressource précieuse quand on sait combien ces compétences sont rares et recherchées.

Le livret est diffusé sous licence libre et peut être utilisé pour animer des « cafés IA », des formations, ou simplement pour s’autoformer. Il est téléchargeable gratuitement sur le site des Bases (la plateforme de ressources de l’Agence nationale de la cohésion des territoires) où il a déjà été consulté près de 6 000 fois et enregistré dans 41 collections.

En conclusion, « L’IA pour les noobs » est bien plus qu’un énième guide technique sur l’intelligence artificielle. C’est un outil d’éducation populaire numérique, pensé par et pour des professionnels de terrain, qui réconcilie pédagogie, éthique et accessibilité. Aujourd’hui l’IA s’impose plus vite que notre capacité à la comprendre. Il nous faut donc trouver des outils nous permettant de remédier  ce type de ressource est indispensable.

N’hésitez pas à le télécharger, le partager, l’utiliser en formation. Et surtout, faites des retours à cette belle équipe qui a eu le mérite de transformer une technologie un peu anxiogène en sujet de curiosité positive. Parce qu’au fond, c’est peut-être ça le vrai travail social numérique : rendre accessible ce qui semblait réservé à une élite, et donner à chacun les moyens de faire ses propres choix éclairés.

Bravo à toute l’équipe, et longue vie aux noobs curieux !


Pour aller plus loin :

  • Télécharger le livret : Les Bases ANCT
  • Le feuilleter en ligne : CRIJ Occitanie
  • Contact : pierre.khattou@crij.org / formation@coll-in.org

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