L’IA déchaînée : entre promesses et risques de manipulation, comment dompter cette technologie ?

[current_page_url]

Les dieux de la tech sont parmi nous, et leur création – l’intelligence artificielle – s’immisce dans chaque recoin de nos vies. Les multimilliardaires de la Silicon Valley viennent de prêter allégeance à Donald Trump, adepte de la vérité alternative qui n’est autre que mensonges et outrances. Les IA génératives et les réseaux sociaux tel X promettent un avenir radieux aux entreprises et aux particuliers tout en semant les graines d’un chaos potentiel. Nous voilà face à un dilemme cornélien : embrasser aveuglément cette révolution technologique ou nous en méfier comme de la peste ? La réponse se trouve quelque part entre ces deux extrêmes, dans les méandres d’une réalité nuancée que nous pouvons explorer ensemble.

Imaginez un monde dans lequel vos moindres faits et gestes sont scrutés, analysés et prédits par des algorithmes omniscients. Un monde où votre identité numérique vaut plus que votre être physique. Ce n’est pas de la science-fiction, c’est notre présent, et il se dessine un avenir encore plus troublant.

L’IA, cette créature née de l’ambition humaine, nous promet monts et merveilles. Elle nous susurre à l’oreille qu’elle peut guérir nos maladies, résoudre nos problèmes les plus complexes, et même sauver notre planète. Mais attention, car derrière ces douces promesses se cachent des dangers insidieux. Ce n’est peut-être pas un hasard si plus de 80 % des Français s’inquiètent des dérives des usages de l’intelligence artificielle.

Des nuisances identifiées

Prenons un instant pour contempler les dérives qui se profilent à l’horizon. Vous le savez, la manipulation de l’opinion publique, jadis l’apanage des despotes et des démagogues, est désormais à la portée de quiconque maîtrise l’art de l’algorithme. Nos démocraties, déjà fragiles, peuvent trembler sur leurs fondations face à cette menace invisible, mais omniprésente. Les usages néfastes de ces technologies se moquent bien sans complexes des principes éthiques qui fondent nos valeurs et notre « vivre ensemble » chers aux travailleurs sociaux.

Et que dire de nos emplois ? L’automatisation, cette sirène séduisante pour les capitaines d’industrie, pourrait bien être le chant du cygne pour des millions de travailleurs. Certaines fonctions du travail social seront remplacées et comme à l’habitude, il nous est promis monts et merveille pour libérer les travailleurs sociaux des tâches administratives qui les embolisent. Excusez-moi mais, je n’y crois pas. Comme l’expliquait par le passé Miguel Bennayag, la technologie engendre ses propres problématiques. Il nous dit qu’aujourd’hui on s’en prend à notre cerveau. L’IA peut bientôt nous empêcher de reconnaitre le vrai du faux. La promesse d’un travail allégé ou libéré pourra vite se transformer en cauchemar pour celles et ceux qui se retrouveront considérés comme inutiles.

Mais le plus inquiétant, peut-être, est cette surveillance de masse qui s’installe dans notre quotidien. Nos moindres clics, nos déplacements, nos conversations privées – tout est enregistré, analysé, exploité. Big Brother n’est plus une fiction orwellienne, c’est une réalité algorithmique. Vous ne le croyez pas ? C’est alors que vous êtes candide et peu informé(e).

Face à ce tableau peu séduisant, que pouvons-nous faire ? Devons-nous nous résigner et accepter notre sort de simples pions dans le grand jeu des géants de la tech ? Certainement pas ! Il est temps de reprendre le contrôle, de devenir les architectes de notre propre destin numérique.

Il est temps de réagir

Commençons par exiger la transparence. Les algorithmes qui régissent nos vies ne doivent plus être des boîtes noires impénétrables. Nous avons le droit de savoir comment nos données sont utilisées, comment les décisions qui nous affectent sont prises. C’est le premier pas vers une IA éthique et responsable.

Ensuite, armons-nous de connaissances. L’éducation est notre meilleure défense contre les dérives technologiques. Apprenons à décrypter les mécanismes de l’IA, à reconnaître ses biais, à questionner ses résultats. Seule une société éclairée peut espérer dompter cette bête numérique.

N’oublions pas non plus le pouvoir de la régulation. Les gouvernements doivent prendre leurs responsabilités et mettre en place des cadres légaux robustes pour encadrer le développement et l’utilisation de l’IA. Le RGPD européen est un bon début, mais il faut aller plus loin, plus vite.

Et vous, que pouvons-nous faire à notre échelle ? Commencer par être vigilants. Questionner les applications que nous utilisons, les informations que nous partageons. Utiliser des outils de protection de la vie privée, comme des VPN fiables pour limiter nos empreintes digitales. Utilisez les applications issues du monde des logiciels libres. Soyez des internautes averti(e)s et exigeant(e)s.

Mais surtout, n’ayez pas peur d’imaginer un avenir meilleur. L’IA, malgré ses dangers qui sont bien identifiés, recèle un potentiel important pour améliorer nos vies. C’est à nous de nous assurer qu’elle soit développée et utilisée de manière éthique et bénéfique pour tous.

Le chemin qui nous attend est semé d’embûches, mais il est aussi rempli de possibilités. Nous sommes à la croisée des chemins, et c’est à nous de choisir la direction que prendra notre société. Serons-nous les esclaves des milliardaires de la tech ou des utilisateurs éclairés ?

La réponse est entre nos mains. Il est temps d’agir, de nous unir et de façonner l’avenir que nous voulons. Car si nous ne le faisons pas, soyez-en sûrs, d’autres le feront pour nous. Et ils n’auront peut-être pas à cœur nos meilleurs intérêts.

Alors, êtes-vous prêts à relever le défi ? J’ai pour ma part quitté X depuis longtemps, mon compte n’est plus actif depuis plus d’un an. Je viens de rejoindre Bluesky Social un réseau qui est géré par une « benefit corporation » ou si vous préférez une entreprise d’intérêt pour la société. Laissons les loups se dévorer entre eux, car c’est fatalement ce qui arrivera. Construisons nos réseaux de façon solidaire et éthique. C’est finalement la seule manière de s’en sortir dans le monde actuel.

Sources :

 


Photo : stokketestokkete sur depositphotos.com

Articles liés :

2 réponses

  1. Pour y réfléchir autrement que par les rapports pro ou anti IA, on peut se plonger dans un roman, même s’il date de deux ans.

    Résistance 2050 (Éditions de l’Observatoire) – Avril 2023
    Co écrit par Amanda Sthers, romancière, et Aurélie Jean, spécialiste des algorithmes.

    Bien écrit, bien documenté, de quoi réfléchir…

    Michel Lansard

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.