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Les enfants à l’épreuve du premier confinement

Comment les enfants ont-ils vécu le 1er confinement lié à la Covid-19 au printemps 2020 en France ? Ont-ils passé leur temps devant des écrans ? L’anxiété et les troubles du sommeil ont-ils augmenté chez eux ? Autant de questions auxquelles a tenté de répondre une équipe de chercheurs de différents établissements et ministères  avecl’Institut national d’études démographiques (INED). En voici des extraits qui vont à l’essentiel :

« Pour les enfants, ce premier confinement a été radical car les écoles ont été fermées. Coupés de l’école, des interactions sociales et de leurs activités habituelles, ils ont été assignés à résidence pendant au moins deux mois. Une enquête nationale (Sapris Elfe/Epipage2,) a été réalisée en avril-mai 2020. Elle permet de décrire le vécu quotidien des jeunes âgés de 8-9 ans pendant cette période exceptionnelle.

Malgré la fermeture des écoles, le contact entre les enseignants et les familles n’a pas été rompu. La quasi-totalité des parents interrogés déclarent ainsi que l’enseignant a transmis du travail scolaire et 95 % jugent que cela s’est fait sans trop de difficulté.  Les parents déclarent également que le travail scolaire des enfants à la maison s’est plutôt bien passé. Deux tiers d’entre eux (65 %) ont pu facilement s’isoler pour travailler ; 95 % ont bénéficié de l’aide d’un proche, plus souvent de la mère que du père (respectivement 92 % et 60 % ce qui rappelle les inégalités de partage des tâches au sein des familles)

Mais ces réponses des parents doivent être relativisées expliquent les chercheurs. C’est dans les milieux modestes que le temps consacré au travail scolaire par l’enfant et par la personne qui l’aide a été le plus important, signe du volontarisme des parents concernés et sans doute aussi de leurs difficultés pour mettre en œuvre « l’école à la maison ».

Les écrans ont représenté plus de deux tiers du temps total de loisir pour 13 % des enfants. La prédilection pour les écrans sort donc renforcée par le confinement. On apprend aussi qu’en toute logique les enfants uniques, privés de partenaires de jeux durant le confinement, ont été davantage exposés que ceux qui ont des frères et sœurs. Les enfants vivant dans des foyers à dominante ouvrière ou employée sont également plus enclins à être de gros consommateurs d’écrans que les enfants de cadres (respectivement 2,7 et 2 fois plus).

Une apparition de troubles du sommeil

Avec la disparition de l’obligation de se lever pour aller à l’école, près de 40 % des enfants ont vu leur durée de sommeil augmenter, mais elle a cependant diminué pour 14 % d’entre eux. En clair, le confinement a eu un impact délétère sur le sommeil pour 22 % des enfants (difficultés d’endormissement ou réveils nocturnes) : la moitié connaissaient déjà des problèmes de sommeil auparavant et les a vus s’aggraver. Ces problèmes liés au sommeil en temps de confinement ont été plus forts pour les filles que pour les garçons.

Une petite proportion d’enfants, 13 %, ont quant à elle connu des difficultés socio-émotionnelles comme l’isolement, l’anxiété, la difficulté à se concentrer ou l’impulsivité. Mais finalement, sans surprise, le confinement a dégradé les relations familiales,  pour les parents de statut socioéconomique modeste.

En conclusion, cette période a vu largement accru le temps passé par les enfants sur les écrans, altéré leur sommeil et leur bien-être psychologique, et rendu plus complexes les apprentissages scolaires. Pour les enfants comme pour les adultes, le confinement a accru des inégalités susceptibles de se creuser à moyen terme. Mais ça, nous le pressentions déjà. C’est aujourd’hui confirmé.

Lire l’étude de l’INED

Étude réalisée par Xavier Thierry*, Bertrand Geay**, Ariane Pailhé*, Nathalie Berthomier***, Jérome Camus°, Nicolas Cauchi-Duval°°, Jean-Louis Lanoë*, Sylvie Octobre***, Julie Pagis°°°, Lidia Panico*, Thierry Siméon*, Anne Solaz* et l’équipe SAPRIS

* Institut national d’études démographiques ** CURAPP-ESS, Université de Picardie *** DEPS, Ministère de la Culture ° CITERES, Université de Tours °° SAGE, Université de Strasbourg °°° IRIS, Centre national de la recherche scientifique

 

Photo créé par pvproductions – fr.freepik.com

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