Il existe une contradiction aujourd’hui entre la volonté affichée de respecter et de donner une réelle place aux personnes aidées et la demande faite aux travailleurs sociaux de recueillir et de communiquer des informations les concernant. Deux modèles s’opposent et cohabitent
-
Le premier considère que la personne est inscrite dans des dispositifs animés par des professionnels. Ceux ci évaluent et décident pour elle. Pour prendre une décision adaptée la concernant ils ont besoin de collecter et de partager de multiples informations en vue d’évaluer et de décider ce qui sera accordé pour l’aide ou la protection.
-
le second consiste à s’adresser à la personne en tant que sujet de droit qui reste actrice de ce ce qu’elle engage pour elle même et qui doit être systématiquement associée et entendue dès lors qu’un tiers prend une décision la concernant.
Ces 2 approches qui cohabitent souvent au sein des équipes créent des incompréhensions tant au niveau des professionnels de terrain que d’encadrement. Ainsi par exemple, alors qu’il est revendiqué une place centrale à la personne, sa responsabilisation et son autonomie, les gestionnaires de dispositifs n’iront pas vers elle pour recueillir son avis ni des informations la concernant. Ils se tournent majoritairement vers les travailleurs sociaux qui les accompagnent pour leur demander de transmettre des informations parfois confidentielles. Ces pratiques se sont amplifiées avec la gestion des dispositifs départementaux tels ceux de la protection de l’enfance . Le traitement des informations dites préoccupantes (IP) peuvent permettre certains excès. Au nom de cette protection et la crainte qu’un drame survienne ont provoqué le développement d’une logique de défiance au regard des personnes concernées. Plus aucune information ne serait alors à protéger. Elles seraient plutôt systématiquement à partager au nom d’un risque à éviter.
Face à cette réalité certains travailleurs sociaux (mais pas tous loin de là) tentent de repositionner la personne en tant que sujet de droit ce qui peut parfois interroger les gestionnaires de dispositifs. Ceux ci leur rappellent alors que les administrés, les allocataires ont aussi des devoirs et doivent en quelque sorte rendre compte de leur situation et poser des actes afin de pouvoir obtenir une réponse positive à leur demande.
Au final nous ne demandons jamais ou du moins très rarement aux personnes aidées ce qu’elles attendent de nous. Souhaitent elles un « expert » qui réponde à leurs questions et leur indique la voie à suivre ? Préfèrent-elles un médiateur qui les aide à trouver leurs propres réponses et qui leur proposent de réfléchir avec elles sur la voie à suivre ? Sans doute un peu des deux et cest cela qui peut parfois être compliqué !
crédit photo Licence Tous droits réservés par Lou Star