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Ces femmes invisibles marquées à vie / Enfance pourquoi le malaise persiste / Femmes SDF : 5 propositions du Samu Social

Violences faites aux femmes : ces invisibles qui échappent à la mort, mais restent blessées à vie

Caroline Couppey, une ex-infirmière a travaillé dans un service de neurochirurgie en Île-de-France pendant sept ans. Au cours de cette période, elle a traité de nombreux cas de violences conjugales qui ont entraîné des handicaps graves, notamment des traumatismes crâniens profonds. Elle a également noté que faute de données sur ces victimes, elles sont devenues invisibles. Elle a créé une série de dessins pour exorciser et redonner une visibilité à ces femmes abîmées. La journaliste Bahar Makooimet en lumière son action à travers un article publié par France 24.

Plusieurs associations de défense des droits des femmes ont souligné l’importance de lancer une enquête nationale sur ce sujet. Les freins à la mesure de l’étendue de ces violences sont nombreux. En France, huit femmes victimes de violence sur dix ne portent pas plainte. Les victimes sévèrement handicapées seront encore moins à même de le faire si elles dépendent de leur conjoint. En effet, des études récentes montrent que lorsque des femmes ont un handicap, cela aggrave encore le risque de subir des violences »

Il est donc nécessaire de se pencher du côté de l’hôpital pour faire un recensement des victimes, spécialement les urgences.  En effet, c’est là où la situation de femmes battues peut être découverte lors d’un passage dans ce service. L’absence de statistiques est encore trop fréquente, ce qui maintient ce sujet dans le flou et évite de rendre compte de l’ampleur du phénomène.

Ce super travail de sensibilisation de Caroline Couppey a mis en lumière les vies brisées des femmes victimes de violences conjugales qui restent lourdement blessées ou handicapées à vie. Les associations de défense des droits des femmes soulignent l’importance de lancer une enquête nationale sur le sujet et de recenser les victimes dans les hôpitaux, malgré les nombreux freins à la mesure de l’étendue de ces violences. Il est nécessaire de prendre des mesures pour aider ces femmes invisibles et leur redonner leur dignité et leur voix. (lire l’article de France 24)

 


Protection de l’enfance : pourquoi le malaise persiste

Le club santé social de la Gazette des Communes vous propose un dossier en 4 parties. Le premier volet explique ce malaise désormais permanent au sein de la protection de l’enfance. Malgré les réformes successives, les dysfonctionnements au sein des ASE persistent et les révélations sur les situations dramatiques vécues par les enfants placés sont régulières. La loi « Taquet » de 2022 n’a pas encore apporté de réelles avancées, alors que le recrutement et le turn-over des professionnels de l’enfance continuent de poser un sérieux problème.

Les Départements, responsables de la politique publique de protection de l’enfance, déplorent un « ASE bashing » et l’absence d’enquêtes sur la bientraitance, les éducateurs engagés et les réussites des parcours. L’article signé Rouja Lazarova  rappelle aussi que la protection de l’enfance ne concerne pas seulement les Départements, mais aussi l’Éducation nationale et les agences régionales de santé. La loi « Taquet » prévoit leur participation aux comités départementaux de la protection de l’enfance, mais le décret d’application n’a été publié qu’à la fin de l’année 2022. La mise en œuvre de cette mesure prendra du temps, alors que la situation des familles et des professionnels restent toujours problématiques par manque de moyens (lire l’article de la Gazette)

Ne quittons pas la Gazette des Communes qui nous propose un autre article particulièrement bien documenté. Il nous parle  des violences sexuelles faites aux enfants. C’est un chantier prioritaire pour l’aide sociale à l’enfance du 93. La journaliste Mariette Kammerer  nous présente une étude sans précédent menée par l’Observatoire départemental de la violence envers les femmes de Seine-Saint-Denis, en collaboration avec les services de protection de l’enfance.

Cette recherche a examiné 100 situations d’enfants placés en foyer ayant été victimes de violences sexuelles, dont certaines se sont produites pendant leur placement. Le département s’est engagé à mettre en place un plan d’action en conséquence. L’étude révèle que la violence sexuelle commence souvent tôt, dès l’âge de 6 ans pour les garçons et 10 ans pour les filles, et est fréquemment accompagnée de violence psychologique, physique et domestique.

Sur les 100 enfants étudiés, 72% étaient victimes d’inceste, principalement commis par leur père (58%), et 23% ont été abusés par quelqu’un de leur entourage. Presque tous les enfants (94%) connaissaient leur agresseur, qui était presque toujours un homme (98%), généralement un adulte (63%), mais parfois un mineur (37%). La durée moyenne des abus subis était de trois ans et dix mois, ce qui rend très difficile pour les enfants de parler de leur expérience. À noter que 57 des 100 enfants ont été abusés sexuellement pendant leur placement en foyer, avec 29 de ces incidents survenant dans l’établissement de placement, souvent par un autre enfant en foyer (24), ou parfois par un professionnel ou un proche d’un professionnel (6).

L’étude met en évidence la difficulté de détecter ces situations, étant donné que l’agresseur dissuade souvent l’enfant de révéler l’abus. Plus de 90% des signalements proviennent du système éducatif national. L’étude souligne également l’impact de la violence sexuelle sur la santé et l’éducation des victimes, dont la majorité présente des symptômes de trouble de stress post-traumatique (anxiété, pensées suicidaires, tentatives de suicide, troubles alimentaires, énurésie et addiction). Elle révèle aussi que les soins prodigués à ces victimes sont fréquemment inadaptés, seuls quelques-uns recevant des soins spécialisés en psychotraumatologie. (lire l’article de la Gazette des Communes)

 


Les propositions du Samu Social pour répondre dignement aux besoins des femmes sans abri

En janvier 2023, en moyenne chaque jour, 130 femmes sans-abri formulaient une demande auprès du 115 de Paris. On estime qu’elles représentaient environ 10% des 3.015 personnes rencontrées le 27 janvier au soir dans les rues de Paris lors du dénombrement de la Nuit de la Solidarité. La féminisation de la grande précarité oblige les politiques publiques du secteur de l’Accueil Hébergement Insertion (AHI) et les gestionnaires des dispositifs à s’adapter. Le Samusocial de Paris prend sa part en formulant dans un document en ligne cinq propositions.

Que faire en priorité ? Voici les points abordés

  1. Améliorer le repérage des femmes sans abri
  2. Renforcer l’offre d’accueil et d’hébergement mixte et non mixte
  3. Renforcer la prise en charge des violences de genre
  4. Garantir et développer l’accès aux soins
  5. Favoriser l’insertion professionnelle des femmes

 

Chaque proposition est argumentée. Pour que les propositions du manifeste soient efficaces, il est essentiel d’intégrer pleinement la prise en compte du genre dans le travail social quotidien. Cela signifie qu’il faut dépasser l’idée erronée de neutralité ou de solutions universelles qui sont généralement basées sur des modèles et des parcours masculins. Les professionnels doivent être sensibilisés à ces enjeux afin de développer leur expertise sur les besoins du public qu’ils accompagnent.

Il est aussi important de travailler en partenariat avec des associations spécialisées pour compléter l’accompagnement proposé dans les hébergements généralistes. Pour réduire les inégalités entre les sexes, il est essentiel de combattre les stéréotypes et les biais de genre qui pourraient être présents dans les accompagnements proposés. Il est donc nécessaire de porter une attention particulière à ces questions dans toutes les facettes de l’accompagnement, qu’il s’agisse des activités quotidiennes, des loisirs, de l’insertion professionnelle et sociale. (Télécharger / Lire le manifeste du Samu social)

 


2 Bonus pour le prix d’un !

La réforme des retraites vue par Saül Karsz

Toujours aussi savoureux en allant à l’essentiel ! Le texte du sociologue Saül Karsz  souligne que la réforme marque une nouvelle étape dans l’emprise néolibérale sur les sociétés contemporaines. Elle nécessite une approche autoritaire qui ne peut pas céder aux demandes des classes moyennes et populaires. Les promoteurs de la réforme sont sourds aux revendications des gens, mais attentifs aux marchés.

La réforme ne se limite pas à son aspect comptable ou économique. Elle a un impact sur les modes de vie, les services essentiels et les droits et devoirs des citoyens. L’allongement de la vie professionnelle de deux ans a également des conséquences négatives sur l’espérance de vie des classes populaires. En fin de compte, la réforme est existentielle. Elle oblige chacun à choisir son camp dans un choix polarisé, extrême et drastique, ce qui rend les gens co-responsables de ce qui se passe.

Le billet d’Olyric • Et si Lien Social n’existait plus

Je vous laisse découvrir  l’écrit d’Olyric et j’en profite pour résumer son propos. Oui, Lien Social est un véritable trésor pour ceux qui cherchent à s’informer sur ce qui se passe sur le terrain. C’est un endroit où les professionnels peuvent s’exprimer librement et partager leur expérience pour inspirer et motiver les autres. Sans cet espace de liberté, il serait difficile de faire connaître les problèmes auxquels sont confrontées les personnes en difficulté, et de mettre en lumière les initiatives positives qui fonctionnent.

Dans un monde où la communication est de plus en plus virtuelle et superficielle, il est crucial de préserver des lieux d’expressions authentiques et profonds. Le journal Lien Social est l’un de ces lieux, celui où les professionnels peuvent exprimer leurs ressentis, partager leurs expertises et offrir des pistes de réflexion pour améliorer les pratiques.

Le lien social est un élément fondamental de notre société, qui permet de construire des communautés solides et résilientes. Il en est de même avec le « quinzomadaire indépendant ». En encourageant la lecture et l’écriture, en favorisant les échanges et les rencontres entre professionnels du social, le journal assure une fonction essentielle dans la construction d’un monde plus solidaire et plus juste. Il faut continuer à soutenir cet espace d’échange et de partage pour préserver le lien social qui unit notre communauté professionnelle. N’oubliez pas de vous abonner (lire le Billet d’OlyricS’abonner )

 


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Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser

 

photo : Kat Jayne  Kat Jayne sur pexels

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