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« Aller vers », les points de vue des président(e)s des Conseils Nationaux (protection de l’enfance, personnes handicapées et lutte contre la pauvreté)

Brigitte Bourguignon, présidente du Haut Conseil du Travail Social (HCTS) avait invité le 18 mars dernier les présidents de différents Conseils Nationaux (1) afin de réfléchir avec eux sur le concept « d’aller vers » une pratique professionnelle que le HCTS souhaite voir se développer.

Les échanges étaient animés par Gisèle Dambuyant Wargny, sociologue, maîtresse de conférences Université Paris 13. Elle est spécialisée dans le champ de la précarité et du travail social. Ses recherches portent actuellement sur les travailleurs sociaux, leurs réalités professionnelles et leurs formations.

Vous ne trouverez pas ici un compte rendu exhaustif de cette rencontre, mais plutôt quelques éléments que j’ai pu capter au cours des échanges. J’y avais été invité au titre de ma participation aux travaux du HCTS sur les effets du numérique dans les pratiques de travail social.

Mais auparavant comment définir l’aller vers ? C’est, précisera Brigitte Bourguignon, une démarche proactive qui s’adresse à tous les publics. Elle donnera comme exemple les permanences physiques mais aussi virtuelles, les déplacements au domicile des personnes. C’est une façon d’agir qui est aujourd’hui nécessaire au regard des mécanismes d’exclusion.

Du coté de la Protection de l’Enfance, Michelle Créoff fera part de son embarras :   « aller vers qui ? » Les parents ? les enfants ? C’est une question complexe dès lors que l’on aborde la question de la maltraitance. Pour elle il faut se poser la question de « l’aller vers, pourquoi faire ? et  » Comment construire la confiance ? »,  « comment aller vers pour prévenir, pour repérer, évaluer et aider les parents et les jeunes ? » En matière de protection de l’enfance aller vers est très souvent vécu comme une intrusion dans un système familial qui ne souhaite pas la présence d’un travailleur social. Pourtant il s’agit bien « d’aller vers pour faire avec ». Michelle Creoff fera aussi référence à l’importance d’aller vers les interlocuteurs des enfants, les enseignants, les professionnels de la santé…

La présidente du CNPE indiquera aussi que « ceux qu’on observe le moins ce sont les enfants des milieux aisés ». Or nombre d’entre eux ont aussi besoin d’être protégés. Elle fera aussi référence à un travail  sur un référentiel national pour l’évaluation associant les parents autant que faire se peut. Michelle Créoff, en conclusion  s’est interrogée sur la façon dont les professionnels vont vers les enfants au regard de  l’engagement émotionnel que cela provoque.

Du côté du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) présidé par la sénatrice Dominique Gillot, « l’aller vers est transversal ». Là aussi des questions se posent : « Comment mieux associer les personnes handicapés ». On est dans la recherche de réponses notamment pour l’accès aux droits. Or beaucoup de personnes refusent de reconnaitre leur handicap. La réflexion du CNCPH porte sur  le « faire avec » pour l’accès aux droits de la personne en s’appuyant sur ses compétences et capacités. Or les personnes handicapées sont trop souvent « invisibles » dans l’espace public. Il y a de multiples freins. Outre la rigidité administrative qui reste une réalité, les personnes handicapées ont souvent peur d’être stigmatisées.  Certaines d’entre elles craignent une forme d’intrusion dans leur vie privée. « Aller vers » c’est aussi aller vers leurs aptitudes et respecter leur pouvoir d’agir même si cela est difficile. précisera Dominique Gillot.

Etienne Pinte, président du  Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE) a dans un premier temps exprimé ses réserves sur l’accent mis sur la lutte contre la pauvreté des enfants. Ce n’est pas suffisant dit-il. Ceux qui sont susceptibles de bénéficier des aides sont souvent les personnes de culture étrangère qui n’utilisent pas les services notamment d’accueil d’enfants. Pour lui, « aller vers » est important pour aider à la séparation mère enfant en proposant des accueils en crèche pour des familles qui n’utilisent jamais ce type de services. Etienne Pinte a par ailleurs expliqué son souhait de voir se développer des « CNLE régionaux ». Il a esquissé un projet de réforme du Conseil qu’il préside  en affichant la volonté de quadrupler le nombre de personnes accompagnées qui se retrouveraient dans 4 grands collèges : le premier  représentant les personnes en précarité, le second centré sur les problématiques des jeunes, un troisième traiterait de l’insertion, enfin le quatrième concernerait la grand exclusion… Pour Etienne Pinte « aller vers » c’est ouvrir plus grand les instances nationales qui traitent des questions de l’exclusion. Mais se pose alors  la question de la représentativité. Quels moyens donnent-on à la représentation ? C’est un vrai sujet conclue-t-il.

L’intervention d’Etienne Pinte a fait réagir Brigitte Bourguignon qui, à l’écoute des projets annoncés, a rappelé la nécessité de structurer les instances sur les territoires de façon globale en évitant les politiques en silo. Il va y avoir à terme des comités locaux du travail social, il ne faudrait pas qu’à coté il y ait des comités locaux de lutte contre la pauvreté et l’exclusion ou par exemple ces comités locaux de protection de l’enfance… On risquerait alors de continuer à agir de façon sectorielle et non globale.

Je ne vais pas plus loin sur ce qui a été dit avec notamment les interventions remarquées de Manuel Pelissier pour la CPC, de Corinne Michel pour la DGCS et de Marie Paule Cols pour le HCTS. La Direction Générale de la Cohésion Sociale a la délicate tâche de résumer l’ensemble de ce qui a été dit lors de cette réunion. Un compte rendu sera établi et  diffusé dans l’ensemble des instances concernées.

Photo : (dd) prise à l’occasion de cette réunion

 

note (1) liste des instances invitées : Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) ; Conseil national de la protection de l’enfance (CNPE) ; Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE/fh) ;  Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE) ; Conseil scientifique de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) ; Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) ; Conseil national pour l’accès aux origines personnelles (CNAOP) ainsi que  la Commission professionnelle consultative du travail social et de l’intervention sociale (CPC).

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