« C’est totalement explosif » : l’Aide sociale à l’enfance dans la tourmente de l’épidémie due au coronavirus
« Les foyers pour mineurs accusent le coup de la crise sanitaire. Au nom des 60 000 enfants qui leur sont confiés, les professionnels du secteur refusent qu’on les oublie » explique le journal Le Monde qui précise que l’aide sociale à l’enfance est « l’un des services essentiels de la République » les plus durement touchés par les conséquences de l’épidémie de Covid-19.
La journaliste Julie Carriat a interrogé Benjamin Ledoux, président d’une association qui gère entre autres un foyer dans le 6e arrondissement de Paris. Voilà ce qu’il dit : « Déjà que le climat actuel est dur, pour des adolescents avec un trouble psychique, c’est la bérézina. Hier, j’ai eu une bagarre au couteau avec un blessé. » Si le confinement se poursuit dans ces conditions, il redoute un drame : « Ce dont j’ai peur, c’est la tentative de suicide, la bagarre qui tourne mal… »
« L’anxiété des pensionnaires adolescents se conjugue à l’absence de certains éducateurs, confinés chez eux » explique la journaliste. Comme pour les autres professionnels certains éducateurs ont des enfants à charge ou sont eux mêmes considérés comme à risque. Ils doivent alors rester chez eux. Il y a donc pénurie dans les services… (Lire l’article du Monde)
L’Aide Sociale à l’Enfance implose
C’est ce qu’explique Marine Bruneau-Luce Toutecrue qui tient un blog sur Médiapart. « En temps normal chaque journée est déjà compliquée » écrit-elle. « Nous n’avons eu de cesse, collectivement, de nous adapter, à chaque remaniement, à chaque poste supprimé ou déplacé, à chaque perte de moyen, jusqu’à la perte de sens. Cette situation de crise perpétuelle, personne ne la voit au quotidien. Et là, il y a cette crise du Covid-19. C’est la goutte qui fait déborder le vase ». Son témoignage est édifiant. (lire l’article sur le blog Médiapart)
Confinement et troubles du comportement dans les foyers
Il est clair que la tâche est compliquée pour les éducateurs de foyers durant cette période de confinement. La situation augmente la nervosité des uns quand d’autres souffrent déjà de troubles psychologiques
La psychologue Meriyem Nouri assure que cette situation peut réactiver des angoisses : « Cela ne fait qu’augmenter le sentiment d’exclusion. Les enfants sont plus violents mais demandent aussi plus d’affection alors que les éducateurs doivent respecter des mesures barrières. Il y a une ambivalence entre les conseils de sécurité établis et la réalité du terrain. »
Ces enfants ne peuvent également plus voir leur famille, les visites étant suspendues pour respecter les consignes sanitaires.
Autre source d’inquiétude, la suspension des soins, notamment psychologiques, que dénonce l’association « Sos Enfants Placés ».
Le risque, c’est qu’on retrouve des enfants complètement désorientés avec une recrudescence des fugues. (lire l’article de France Inter)
Les travailleurs sociaux de la protection de l’enfance au même titre que les soignants
C’est une bonne nouvelle : le Secrétaire d’État à la Protection de l’Enfance, Adrien TAQUET, vient d’annoncer que les enfants des personnels en charge de la protection de l’enfance pourront être accueillis dans les crèches et les établissements scolaires dès ce lundi 23 mars.
Le président du conseil départemental de la Côte-d’Or se réjouit de cette annonce qui permettra à ces professionnels d’exercer plus sereinement et complètement leur mission essentielle en ces temps de crise, comme celle des personnels des EHPAD, des personnels soignants, des agents des préfectures et des agences régionales de santé. (lire l’article de France 3)
Les travailleurs sociaux assument pleinement leurs missions
Dans les faits, en pleine épidémie de coronavirus, les travailleurs sociaux continuent leur mission d’aide aux plus démunis même lorsqu’ils ne travaillent pas dans le cadre unique de la protection de l’enfance.
C’est à l’exemple des travailleurs sociaux de Haute-Vienne. Ils se démènent plus que jamais pour poursuivre leur action auprès des publics fragiles.
Leur mission s’est recentrée sur des problématiques plus urgentes ou vitales comme secourir des enfants en difficulté, des parents en détresse, des bénéficiaires du RSA…
Avec le confinement, ils craignent malgré tout les violences en famille et rappellent que s’il est interdit de sortir sans attestation de déplacement fuir une situation jugée inacceptable est autorisé. (lire l’article de FranceInfoTV)
Violences conjugales : le risque de « l’enfer » du confinement
« Être confiné, c’est déjà compliqué pour des gens qui s’entendent bien. Alors, pour les victimes de violences conjugales, elles vont vivre un véritable calvaire », s’inquiète la présidente de l’Union nationale des familles de féminicides.
Ouest France publie un reportage de l’AFP qui donne la parole à Morgane Seliman, ancienne victime de violences conjugales. Quand elle a pris connaissance des mesures de confinement, elle a tout de suite imaginé l’enfer
de cette prison
. …/… J’ai eu une pensée pour les victimes, hommes et femmes, enfermés avec leurs bourreaux. Ça doit être horrible
, dit-elle. Je me dis aussi : heureusement que je suis partie. Sinon, je serais morte vingt fois
.
On apprend aussi dans cette article que si le numéro d’appel doit continuer de fonctionner, il était injoignable : « ce numéro est temporairement suspendu, le temps que l’on mette en place, le plus vite possible, le télétravail pour les écoutantes
, explique la présidente de la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF), qui gère la plateforme. Le 3919 devrait normalement fonctionner lundi et si possible, un peu avant
.
On sent bien qu’on est dans l’inconnu ».
Le confinement va durer suffisamment longtemps pour que les crises de violences se déclenchent. « C’est très angoissant
, juge Liliane Daligand, présidente de SOS Femmes, Lyon. Malgré les consignes de confinement, s’il y a danger imminent, il leur faudra partir et ne pas risquer leur vie
, insiste-elle. (lire l’article de l’AFP pour Ouest France)
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Cette revue de presse a été rédigée pour une grande partie par mon collègue Tom Léducspé… Merci à lui pour ce coup de main
Sélection des articles réalisée avec l’aide de Michelle Verrier Flandre
2 réponses
Madame, Monsieur,
Placée au chômage depuis le début du confinement, je fais des pieds et des mains pour venir prêter main fortes dans les établissements du jeunes enfants. Je suis EJE.
Une santé de fer, j’ai envie d’aider, d’accompagner, de soulager. Comment faire ?