Bonjour et bienvenue à cette revue de presse ! Vous découvrirez comment l’intérim s’invite dans le travail social, perçu tour à tour comme protection, contrainte ou nouvelle liberté. Vous lirez aussi le témoignage de travailleuses sociales de l’Orne, épuisées mais déterminées à se faire entendre, et le débat vif autour des nouvelles sanctions appliquées aux allocataires du RSA dans le Calvados. Enfin, cap sur les réflexions nationales avec le Haut Conseil du travail social qui prépare son programme pour les prochaines années, mais aussi un regard sur des initiatives étonnantes, de la solidarité locale à l’innovation numérique. Sans oublier les multiples liens susceptibles de vous intéresser… Bonne lecture !
« Le recours à l’intérim dans le travail social : opportunité ou fatalité ? »

L’intérim suscite aujourd’hui des interrogations éthiques et pratiques. Il a longtemps redouté dans notre secteur qui repose sur l’accompagnement de longue durée. Mais la donne a changé. Face à une crise chronique marquée par la perte de sens et le manque de moyens, les professionnels explorent cette approche comme issue à la précarité. Le recours à l’intérim est aussi une stratégie de préservation, pour son bien-être et son engagement auprès des personnes accompagnées.
Laura Beton-Athmani attachée de Recherche IRTS PACA Corse a étudié ce phénomène et publie un article sur le site “The Conversation”. Que nous dit-elle ? D’abord que la crise du travail social, évoquée dès les années 1990, s’est accentuée ces dernières années. La fragilisation des conditions de travail, la baisse du nombre de candidats, l’apparition de nouveaux profils et l’abandon de certains professionnels nourrissent ce sentiment de malaise. Les situations auxquelles font face les travailleurs sociaux, parfois violentes comme le raconte une aide-soignante frappée par un résident, illustrent cette difficulté. La loi Valletoux a tenté d’encadrer l’intérim en fixant des conditions d’ancienneté, mais une décision récente du Conseil d’État est venue annuler la mesure pour les professionnels expérimentés, révélant l’ampleur et la complexité du sujet.
Elle nous explique que l’intérim s’est naturellement imposé comme une réponse à la pénurie de personnel et aux tensions persistantes dans les établissements médico-sociaux. Les agences d’intérim, notamment celles issues de démarches coopératives, s’adaptent pour répondre aux nouveaux besoins et faciliter l’intégration des professionnels. De fait, le recours à l’intérim oscille entre une forme de contrainte et un véritable choix pour certains travailleurs, permettant parfois de « tester » un établissement avant d’intégrer un CDI, ou facilitant les roulements et l’organisation au sein des structures. Un directeur associatif et une cheffe de service éducatif confirment que l’apport des intérimaires facilite l’adaptation des équipes, leur formation et la transmission des savoirs.
Enfin, du point de vue des intérimaires, ce statut devient synonyme de liberté et d’autonomie. Il leur offre la possibilité de tester les environnements de travail, de mieux concilier vie professionnelle et obligations personnelles, ou encore de décider des conditions de leur engagement. Les témoignages recueillis illustrent une recherche d’équilibre et la volonté de reprendre le contrôle sur une profession fragilisée, redonnant du sens à leur rôle au cœur de contextes souvent chaotiques. (Lire l’article de The Conversation)
« J’étais fière d’entrer au Département de l’Orne, là, je n’en peux plus ! » : les travailleurs sociaux en détresse
Dans un article publié le 29 septembre dans l’Orne Hebdo, la journaliste Karina Pujeolle décrit la situation préoccupante des travailleurs sociaux de ce Département. Ces professionnel(le)s ont choisi d’exprimer leur détresse, lors de l’ouverture de la session plénière des élus, en déployant des drapeaux depuis le balcon de l’hémicycle et en affichant leurs revendications. Leur action a d’emblée retardé la séance et créé une ambiance tendue, amplifiée par le refus du président du Département, Christophe de Balorre, de leur accorder la parole au début des débats. Pour apaiser la situation, il a promis, dès l’ouverture, de recevoir une délégation à l’issue de la session.
Ce rendez-vous s’est toutefois concrétisé après la réunion des conseillers départementaux, dans une salle plus confidentielle de l’Hôtel du Département. Cinq représentants ont été reçus, parmi lesquels trois assistantes sociales, une secrétaire et Marc Elbilia, secrétaire général CGT du conseil départemental. Cette mobilisation des assistantes sociales s’est distinguée par le soutien manifeste de l’opposition de gauche, qui est restée entièrement présente et a applaudi à la lecture des revendications portées par la délégation.
Ce moment fort donne à voir le malaise palpable parmi ces professionnelles. Elles réclament une écoute renouvelée de la part de leur administration et un minimum de considération. Leur passage en session plénière, bien que bref, illustre un besoin pressant de dialogue et d’amélioration de leurs conditions de travail, dans un contexte marqué par l’épuisement et la volonté de se faire entendre par leurs élus.
Le Département du Calvados revoit à la hausse les sanctions possibles contre les allocataires du RSA
Le Département du Calvados vient d’adopter une nouvelle grille de sanctions à l’égard des allocataires du RSA, justifiée selon les élus par une fraude estimée à plus d’un millier de dossiers sur 13.000 ayants droit. Cette décision, prise en session par les conseillers départementaux, vise à durcir les règles : ainsi, une personne seule peut se voir sanctionner en cas de refus répété d’offres d’emploi, de non-respect des contrôles ou d’absence d’activité hebdomadaire. Les mesures vont de la suspension du versement, jusqu’à 80% pour une personne seule et 50% pour un foyer pendant deux mois, à une suppression totale pendant quatre mois pour un individu ou une suppression de la moitié de l’allocation pour un foyer.
Du côté de l’opposition, cette orientation suscite une vive réaction. Elise Cassetto-Gadrat, pour le Rassemblement de la gauche et de l’écologie, dénonce une politique « chasse aux pauvres » et estime que le Département opte pour la sévérité là où il faudrait accompagner vers le retour à l’emploi. Elle souligne que la loi de mai n’impose pas un tel niveau de contrainte. La priorité devrait être pour cette élue de soutenir les plus précaires et non de traquer les fraudeurs dans un système où le montant du RSA reste modeste, à 646 € par mois. Comment ne pas lui donner raison ?
C’est l’expression « chasse aux pauvres » qui a fait réagir la présidente de la commission enfance, insertion et lutte contre la pauvreté : « Forcément, je m’inscris en faux puisque le département a dans ses missions premières le social et le social, ce n’est ni la droite, ni la gauche. Le social, c’est l’humanisme, c’est aller vers les plus fragiles. Les sanctions ont toujours existé. Ce n’est pas plus sévère parce que c’est une suspension de deux mois alors qu’avant c’était trois. Et puis, dès l’instant que la personne se remobilise, il y a reversement des sommes suspendues. Alors qu’avant, on reprenait des versements, mais il n’y avait pas de reversement. »
Le Département précise enfin que les versements pourront être rétroactifs en cas « d’effort avéré » des allocataires. Pour être complet, ce débat de fond intervient alors que les dépenses liées au RSA ont augmenté de plus de 70% entre 2009 et 2025, faisant grimper le reste à charge des Départements de 1 milliard à 4,5 milliards d’euros. Les allocataires du RSA seraient-ils en train de devenir une variable d’ajustement budgétaire ? Tout cela est assez décourageant pour les travailleurs sociaux qui interviennent dans ce département. (Lire l’article d’ICI Normandie)
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- Dans la Manche, un défilé de mode d’allocataires du RSA devant des patrons, entre indignation et scandale | L’Humanité
- Dans les Côtes d’Armor une application minimale des sanctions pour les bénéficiaires du RSA | Blog de Michel Abhervé
- le Conseil départemental va prendre de nouvelles mesures | Eure en Normandie
- RSA : moins de bénéficiaires mais plus de dépenses dans les Ardennes | L’Ardennais
Le programme du Haut Conseil du travail social est fixé jusqu’en 2026
Le Haut Conseil du travail social (HCTS) s’est réuni en assemblée plénière mardi 23 septembre dernier. « Il a pris note d’une saisine, par la DGCS, de la Commission éthique et déontologie du travail sociale (CEDTS). Cette saisine porte sur un projet de référentiel sur l’accompagnement intensif des bénéficiaires du RSA, dans le cadre de la loi pour le plein emploi du 23 décembre 2023. Ce référentiel viendra outiller l’ensemble des départements et de leurs délégataires, acteurs de l’accompagnement rénové des allocataires du RSA inscrits dans un parcours social.
[Ce référentiel] « constitue un outil complémentaire, permettant de préciser les spécificités de l’accompagnement des personnes très éloignées de l’emploi et/ou confrontés à des freins majeurs. La CEDTS est saisie pour avis sur ce référentiel, en particulier sur les questionnements éthiques des professionnels du travail social concourant à la mise en œuvre de l’intensification de l’accompagnement. Cette commission rendra son avis dans les prochains mois ». Nul doute que cet avis sera attendu.
Le HCTS entre dans la dernière partie de sa 2ᵉ mandature (2021-2026). Elle sera jalonnée par un achèvement des travaux de la feuille de route 2024 – 2025 ; l’élaboration d’un rapport d’activités et d’un bilan du fonctionnement et préparation d’un nouveau mandat de cinq ans.
Enfin, le HCTS a pris note de l’état d’avancement de ses groupes de travail et de la CEDTS :
- « Prospective », « Articulation accès aux droits/accompagnement » ;
- « Evolution des organisations par un encadrement différent » ;
- « Plaidoyer pour et sur le travail social » ;
- « Repères éthiques et références déontologiques en travail social et en intervention sociale » et
- « Formation continue des travailleurs sociaux »
(Lire l’article du Média Social)
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