Moi, Tony, sauvé par la protection de l’enfance en Isère
Voici un beau reportage réalisé par la rédaction de France Bleu Isère et son journaliste Théo Hetsch. Il donne la parole à Tony (son prénom a été modifié) : « Je n’ai pas eu une enfance facile, j’ai grandi au milieu de violences, de drogues… Mon placement en foyer m’a sauvé véritablement », dit-il. Il a aujourd’hui 20 ans aujourd’hui. Après avoir été suivi pendant six ans par différents services de la protection de l’enfance, il vole aujourd’hui de ses propres ailes.
France Bleu Isère, profite aussi de ce témoignage révélateur pour rappeler les engagements du Président de la République en faveur de la Protection de l’Enfance. Elle « sera au cœur de ma politique des cinq années qui viennent », avait dit Emmanuel Macron en 2022, lors du débat de la présidentielle face à Marine Le Pen. Plus d’un an et demi après, les professionnels sur le terrain attendent toujours des évolutions concrètes. C’est pourtant un enjeu crucial pour ces milliers de jeunes accompagnés par les départements et les associations.
Une protection de l’enfance touchée, de plus en plus, par des contraintes budgétaires : le journaliste explique la désaffection des métiers de la protection. Il y a le poids de ces contraintes budgétaires, la charge mentale inhérente à ces métiers de l’humain et la faiblesse des salaires. Tout cela entraine aussi une précarisation croissante des métiers. Dans ce « Grand Format », plusieurs travailleurs sociaux s’alarment de la perte de sens de leur métier. « Nos métiers sont mal considérés, un peu comme la population qu’on suit, que beaucoup de gens ne veulent pas voir », déplore une assistante sociale…
Tony a donc été suivi, comme près de 7.000 jeunes en Isère. « Au début, une assistante sociale est venue à la maison, qui rapidement a proposé un placement en foyer. Mes parents ont accepté. Et un jour, on m’a dit de prendre mes affaires et je suis allé dans un foyer à Grenoble. C’était dur au début, j’ai eu du mal à m’adapter à toutes les règles, mais ensuite, progressivement, je m’y suis senti bien », raconte Tony. « Le fait que les parents aient accepté le placement a été crucial pour que Tony s’en saisisse », raconte la travailleuse sociale qui s’est occupée de Tony, »malheureusement, c’est souvent plus compliqué ». Car la décision est généralement brutale, rapide – il en va de la sécurité de l’enfant – et sans contestation possible, elle vient d’un juge pour enfant. Au total, en Isère, quasiment 3.000 jeunes sont placés, écartés de leurs parents.
Pour conclure, le journaliste donne des nouvelles de Tony : âgé de 20 ans, il veut commencer une carrière d’animateur-éducateur. Parallèlement, il se lance dans le rap et raconte son histoire dans ses chansons. Vous pouvez l’écouter sur sa chaîne YouTube. (aller sur la page de France Bleu)
Hébergement d’urgence : l’Etat condamné à rembourser plus d’un million d’euros à un département
Le département du Puy-de-Dôme a pris en charge 102 familles vulnérables avec enfants entre 2012 et 2016, en leur fournissant un hébergement d’urgence. Il a demandé à être remboursé de 1.272.464 euros par l’État, estimant à avoir indûment assumé cette responsabilité à sa place. En effet, cette forme d’hébergement relève de sa compétence. Cette demande a été acceptée par le Conseil d’État le 22 décembre dernier.
La journaliste Nathalie Levray entre dans le détail de cette affaire sur le site de la Gazette des Communes. En effet, ce jugement pourrait faire jurisprudence et donner des possibilités à d’autres Départements de se faire rembourser les frais qu’ils engagent pour héberger les familles en grande difficulté.
Pour le Conseil d’État, la carence avérée et prolongée de l’État est « caractérisée » : les familles remplissaient les critères légaux de l’aide sociale pour être accueillies dans des centres d’hébergement et de réinsertion sociale publics ou privés. Cette situation s’explique par le fait que certaines familles n’ont pas obtenu le droit au maintien en France par l’effet soit d’une obligation de quitter le territoire, soit du rejet de leur demande d’asile. Mais cela ne permet pas à l’État d’échapper à son obligation qui, outre sa condamnation, devra verser 3.000 €. en remboursement des frais de procédure engagés par le Département. (Lire l’article de la Gazette) (lire l’arrêt du Conseil d’État)
lire aussi
- Plongée dans le secteur de l’hébergement | Les Échos
- Hébergement et accès au logement : le Collectif des associations unies dresse un bilan très critique | La Banque des Territoires
Bénévolat, politique locale, gardes d’enfants… La réforme des retraites peut-elle déstabiliser la société française ?
Ce sont des effets non évalués : le recul de l’âge légal de départ à la retraite voulu par l’exécutif devrait mécaniquement augmenter le taux d’emploi des seniors, qui seront alors moins disponibles pour d’autres activités, notamment dans la vie associative et la vie familiale, nous explique dans cet article Thibaud Le Meneec de France Télévision
Quelles seront les conséquences pour la société française de la future réforme, qui sera dévoilée mardi 10 janvier ? se demande-t-il. Les personnes aujourd’hui disponibles pour s’investir pour les autres, au sens large, vont-elles désormais passer leur tour et attendre quelques années, parce qu’elles sont occupées à travailler ?
La réforme peut-elle priver les associations caritatives et les clubs sportifs de bras et de cerveaux pour continuer à fonctionner ? Il y aura en effet plus d’actifs occupés jusqu’à 65 ans « On peut se dire que si on repousse l’âge légal de départ à la retraite, on va peut-être avoir des personnes qui s’engageront plus tard », analyse Damien Cacaret, président de Silver Valley, un pôle d’innovation dans l’économie des personnes âgées.. Il appuie son propos sur la base de l’étude La France des seniors, menée par son groupe.
Le journaliste nous apprend aussi que les chiffres de France Bénévolat, constatent une diminution du taux d’engagement bénévole associatif. Depuis la crise sanitaire, ce taux est passé de 24% en 2019 à 20% en 2022. Sollicité à ce sujet, le secrétariat d’État à la Vie associative, occupé par Marlène Schiappa, n’a pas répondu aux questions de Franceinfo. Il y aura par ailleurs moins de gardes d’enfants par les jeunes grands-parents. (Lire l’article de France TV Info)
Lire aussi
Lire aussi
- Le Billet de Ludwig • Formation en travail social : on ferme ! | Lien Social
- « On construit une école à deux vitesses » – Marie-Aleth Grard Présidente d’ATD Quart Monde | La Gazette des Communes
- Sans-abri : « Le gouvernement s’entête à nier la crise humanitaire que nous traversons » (Tribune) | La Croix
- Les systèmes de protection sociale européens sont-ils accessibles aux étrangers ? | The Conversation
- Plusieurs familles migrantes avec enfants menacées d’un retour à la rue, après une décision du Conseil d’État | InfoMigrants
- Droits et devoirs (Edito) | La Dépêche
Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser
Photo : capture d’écran Clip : TRIX – Léwé (clip officiel)