Bonjour et bienvenue dans cette revue de presse. En cette fin de semaine, j’ai sélectionné pour vous avec Michelle Flandre des informations qui traitent d’un sujet qui n’est pas nouveau. C’est celui de la réforme du RSA qui risque fort d’exclure certains de nos concitoyens les plus fragiles. Nous parlons aussi de la relative désaffection des enfants (11-12 ans) pour les réseaux sociaux. C’est plutôt une bonne nouvelle même s’il faudrait aller plus loin. Et puis ne manquez pas cet article détaillé signé Johanna Dagorn. Cette sociologue de l’Université de Bordeaux à étudié l’impact des violences conjugales sur les enfants. Un sujet essentiel en matière de protection de l’enfance. Bonne lecture à vous et bon week-end !
Réforme du RSA : des bénéficiaires entre « peur » et « espoir »
Cet article publié par la rédaction de Weka.fr aborde la réforme du Revenu de Solidarité Active (RSA), en prenant pour exemple le département des Pyrénées-Atlantiques où cette réforme est en phase d’expérimentation. Le taux de chômage dans ce département est de 5,4%, et la réforme prévoit notamment une obligation de 15 heures hebdomadaires d’activités pour les allocataires. Les travailleurs sociaux et les conseillers d’insertion de Pôle Emploi travaillent ensemble pour proposer un « accompagnement personnalisé » aux bénéficiaires, réduisant ainsi le nombre d’allocataires par conseiller et visant à éliminer le sentiment d’isolement ressenti par les allocataires. (j’ai envie de préciser que cette pratique a existé il y a plusieurs années en Loire-Atlantique et qu’à l’époque, Pôle Emploi s’était retiré du dispositif par manque de moyens humains. On ne parlait pas à l’époque de sanctions. Le système fonctionnait plutôt bien.)
Mais aujourd’hui c’est bien différent : les allocataires sont plutôt inquiets : ils expriment des sentiments mitigés face à cette réforme. Certains, comme Steven, un jeune père de deux enfants, craignent de perdre leur allocation en cas de non-respect des nouvelles obligations. « On parle de nous comme si on était des étrangers à la société qui ne veulent pas faire d’efforts, mais on essaie ! J’ai des projets, mais j’ai peur de ne pas réussir, j’ai peur pour mon avenir et celui de mes enfants » dit Steve. La réforme prévoit en effet la suspension de l’aide en cas de non-conformité, bien qu’elle puisse être récupérée en cas de « remobilisation ». Certains allocataires soulignent également que la santé est une « problématique prégnante » qui peut entraver leur capacité à respecter les nouvelles conditions.
La réforme propose trois « parcours d’accompagnement » différents en fonction des besoins et des possibilités de chacun : le premier est une orientation vers un emploi direct. Le second se traduit par un accompagnement socio-professionnel pour celles et ceux qui ont des obstacles comme la mobilité ou la garde d’enfants. Enfin, le troisième parcours est de type social pour ceux qui doivent d’abord résoudre des problèmes de santé, de surendettement ou de logement.
Corinne Guijarro, directrice de l’agence Pôle Emploi de Lons, précise que les 15 heures hebdomadaires ne sont pas nécessairement en entreprise. Elles peuvent inclure diverses activités liées à la préparation à l’emploi. Rien de bien nouveau sur ces pratiques qui existe déjà depuis plusieurs années. La différence se traduit par le discours et les menaces de sanctions. ( Au fait, que va-t-il se passer si le RSA est suspendu à des familles avec des enfants ? Une information préoccupante sera-t-elle envoyée pour dénoncer une absence de ressources permettant à la famille de se nourrir ou en risque de perdre son logement suite aux impayés qui en découleront ? ) (lire l’article de Weka.fr)
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Votre enfant a déserté les réseaux sociaux du jour au lendemain ? Ce n’est pas anodin
Cet article de Noah Sdiri sur Capital.fr aborde une tendance surprenante en 2023 : la diminution de l’utilisation des réseaux sociaux par les enfants de 11 et 12 ans dans notre pays. Selon le baromètre Heaven, le taux d’utilisation des réseaux sociaux par ces enfants est passé de 87 % en 2022 à 71 % en 2023, soit une baisse de 16 points en un an. De même, le pourcentage d’enfants équipés d’un smartphone a également diminué, passant de 85 % à 80 %. Plusieurs facteurs expliquent cette évolution, notamment la prise de conscience des parents des dangers du cyberharcèlement et les efforts des réseaux sociaux pour restreindre l’accès aux comptes des enfants trop jeunes.
Même les plateformes ciblant spécifiquement les jeunes, comme Snapchat et TikTok, ont vu leur popularité diminuer. Snapchat est utilisé par 35 % des enfants de 11 et 12 ans, contre 55 % auparavant, et TikTok par 23,5 %, contre 44,5 %. YouTube reste néanmoins la plateforme dominante, avec un taux de pénétration de 60,5 %. WhatsApp occupe la deuxième place avec 43 % de pénétration, souvent grâce aux groupes familiaux. L’article souligne aussi l’intérêt croissant des enfants pour les intelligences artificielles, spécialement My AI, un ami virtuel propulsé par ChatGPT sur Snapchat.
L’article conclut en soulignant l’importance de suivre cette tendance pour déterminer si elle est durable ou simplement saisonnière. Une prochaine étude portera sur les moins de 15 ans, à la suite de la proposition de loi sur la majorité numérique sur les réseaux sociaux votée par le Parlement en juin. Selon la CNIL, l’âge moyen d’inscription sur une plateforme en ligne est de 8 ans et demi, ce qui soulève des questions sur l’impact à long terme de l’utilisation des réseaux sociaux sur la santé mentale des enfants. Alors que le gouvernement s’attelle à lutter contre le cyberharcèlement et essaie de « sécuriser Internet », cette nouvelle tendance est encourageante. (lire l’article de Capital.fr)
Que sait-on des enfants exposés aux violences conjugales ?
Johanna Dagorn , Sociologue à l’Université de Bordeaux explore les conséquences psychologiques et comportementales sur les enfants exposés aux violences conjugales. L’auteure a mené quatre recherches de 2018 à 2022 sur ce sujet. Elle en publie les résultats sur le site The Conversation. Elle esplique d’abord que 40 % des violences physiques au sein d’un couple apparaissent pour la première fois pendant la grossesse. Une fois nés, les enfants développent des « problèmes extériorisés » comme l’agressivité et des « problèmes intériorisés » tels que l’anxiété et la dépression. Les filles et les garçons réagissent différemment à ces violences, les filles ayant tendance à somatiser davantage.
Les pères violents n’épargnent pas leurs enfants, quel que soit leur sexe. Les violences faites aux mineurs au sein du foyer concernent 44 % de garçons et 56 % de filles. Les mères, quant à elles, sont plus susceptibles de quitter leur conjoint violent lorsque leurs enfants sont directement touchés par la violence. Cependant, elles ont également un parcours de violence plus long que la moyenne, souvent justifié par des raisons telles que « ne pas changer l’enfant d’école tant qu’il n’est pas au collège ».
Le court-métrage « Tom et Lena » illustre l’impact des violences au sein du couple sur les enfants.
À long terme, les conséquences de ces violences peuvent être multiples et varier en fonction de l’âge, du sexe et de la place de l’enfant dans la fratrie. Les recherches récentes en épigénétique montrent par ailleurs l’impact biologique et mental de ces violences tout au long de la vie. L’article suggère qu’une étude longitudinale pourrait apporter des éclaircissements essentiels sur l’impact des violences infantiles sur le développement psychologique et les relations affectives à l’âge adulte.
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