Bonjour et bienvenue à cette revue de presse ! cette semaine, prenez le temps de découvrir la terrible hausse du nombre de décès parmi les personnes à la rue ou sans chez soi. Vous trouverez aussi une info sympa qui nous fait vivre les 20 ans de la Maison des solidarités à La Faourette en Haute Garonne. Sans oublier cette mobilisation contre les décret sanctions qui touche les allocataires du RSA et les demandeurs d’emploi… Sans oublier les multiples liens susceptibles de vous intéresser, installez-vous confortablement… Bonne lecture !
Mortalité des personnes sans chez-soi : une précarité qui tue, de plus en plus de femmes et d’enfants

Le Collectif Les Morts de la Rue vient de publier son 13e rapport épidémiologique sur la mortalité des personnes sans chez-soi en France pour l’année 2024. Ce document révèle une situation très inquiétante : 1.022 décès ont été recensés, soit une augmentation de 16 % en un an. Les personnes concernées restent majoritairement des hommes jeunes, mais la proportion de femmes et d’enfants augmente.
Le rapport souligne particulièrement la précarité mortifère, avec un âge moyen au décès de 47,7 ans. C’est très en deçà de l’espérance de vie nationale. Les facteurs de vulnérabilité comme la migration, les addictions et la longue durée de vie sans logement sont prégnants et sont la conséquence d’un échec systémique des dispositifs de sortie de rue. Quand on voit les statistiques année par année, on a de quoi s’inquiéter :

L’analyse s’attarde sur les lieux de décès. La concentration de la mortalité est en Île-de-France et dans les Hauts-de-France, sans faire l’impasse sur les situations de grande précarité comme celle qui a fait suite au cyclone Chido à Mayotte. Les causes de décès restent souvent inconnues (40 %), mais parmi celles identifiées, les morts violentes et les maladies chroniques frappent des personnes plus jeunes que dans la population générale. Les zones rurales et outre-mer souffrent d’une documentation insuffisante, ce qui masque l’ampleur réelle du phénomène, notamment chez les plus invisibles.
Face à cette situation, le collectif appelle à une réforme profonde des politiques publiques en matière de logement et d’accompagnement des personnes vulnérables. Nous nous éloignons du respect du droit à un logement décent avec des mesures d’expulsion qui se sont multipliées ces dernières années. (Lire le communiqué de presse) (lire le rapport du collectif)
À La Faourette, la Maison des solidarités célèbre ses 20 ans

Pourquoi mettre en avant cet article institutionnel issu du Département de La Haute-Garonne ? Tout simplement parce qu’il nous donne à voir le dynamisme d’une équipe sociale au sein d’une maison de la Solidarité comme il en existe un peu partout en France. Sympa, la photo signée Hélène Ressayres/CD31 nous montre une équipe dynamique, inventive et à l’écoute. C’est vraiment ce que j’ai aussi connu dans mon département (44). Mais regardons de plus près ce que font vos collègues…
L’article relate l’engagement continu des travailleurs sociaux, de la PMI et des partenaires qui œuvrent auprès de familles, des personnes isolées, des enfants et des seniors. Cela depuis la création de la structure. Cette MDS s’est construite, année après année, comme une porte d’entrée vers les droits sociaux, en s’adaptant aux besoins de la population du quartier et en créant du lien de confiance durable. Cela met du baume au coeur.
On y parle du rôle essentiel de la MDS dans la coordination entre institutions, mais aussi dans l’accueil et le suivi des situations complexes, souvent marquées par la précarité, le handicap ou les problématiques familiales. Au fil des témoignages recueillis pour l’événement, la dimension humaine du dispositif est mise en avant, tout comme la mobilisation collective. Ce travail de proximité est salué par les bénéficiaires des actions menées. Il nous montre des travailleurs sociaux motivés dans un service public engagé. Et ça, ça fait du bien ! (lire l’article du Conseil départemental de Haute-Garonne)
Contre le décret RSA, une mobilisation des deux côtés du guichet

Vous le savez, le décret sur les sanctions du RSA, publié en mai 2025 prévu dans la loi du « retour au plein-emploi »,permet de suspendre ou supprimer l’allocation dès le premier manquement, selon des barèmes allant de 30% à 100%. Maud Simonet sociologue, chercheuse au CNRS à l’IDHES-Nanterre revient sur ce sujet dans une tribune que je vous recommande. Elle a été publiée sur le site Alternatives économiques. La sociologue est spécialiste des formes de travail invisibles ou peu reconnues, comme le bénévolat ou le volontariat. Maud Simonet nous rappelle d’abord l’indignation d’autorités indépendantes : le Conseil de lutte contre la pauvreté réclame dès avril l’instauration d’un minimum insaisissable, tandis que la Défenseure des droits fustige des sanctions disproportionnées et imprécises. Mais l’heure n’est plus aux alarmes, dit-elle. Elle est à la riposte : seize organisations, appuyées par associations et syndicats, attaquent le décret devant le Conseil d’État, dénonçant une ligne rouge franchie, l’explosion de la pauvreté et la brutalité de l’État qui préfère punir.
Sur le terrain, la colère gronde : dans certains départements, les barèmes de sanctions sont poussés au maximum, et le délai de recours, réduit au minimum, devient un cauchemar pour les allocataires déjà fragilisés matériellement. Les mères isolées sont particulièrement ciblées, subissant la double peine d’une précarité aiguë et une stigmatisation sans relâche. « Personne n’est au RSA par confort parce que ce n’est pas confortable, ni d’être pauvre, ni d’être stigmatisée », déclare avec de la colère dans la voix, la cofondatrice du Mouvement des mères isolées qui rappelle qu’environ 35 % des contrôles de la Caisse d’allocation familiales (CAF) visent les mères isolées alors qu’elles représentent 15 % des allocataires.
Le malaise est palpable du côté des agents de France Travail. La « culture du contrôle » s’installe, au détriment du sens du métier et de la solidarité avec les bénéficiaires. Pressions, précarité statutaire, injonctions à surveiller plutôt qu’à accompagner : ils racontent la perte de sens, l’épuisement, et les résistances avortées face à une machine administrative qui vise à multiplier les contrôles, jusqu’à 1,5 million en 2027. La loi ne touche plus seulement les allocataires, mais aussi leurs proches, inscrits d’office ; une massification d’un système de surveillance qui scandalise autant qu’elle inquiète.
Ainsi, la mobilisation transcende les catégories : des deux côtés du guichet, des oppositions visent ce nouveau traitement disciplinaire de la gestion des demandeurs d’emploi. Les allocataires ne sont pas « sans travail » : subsistance, soin, bénévolat, toutes ces activités invisibles sont pourtant vitales. Face à une politique qui réduit l’insertion à la constitution d’une « armée de réserve » pour les entreprises, des voix s’élèvent pour réclamer une société du plein-emploi digne, et une reconnaissance de tout le travail, emploi ou non. Derrière l’offensive juridique, le combat est politique : il s’agit de faire tomber la stigmatisation et d’engager un vrai changement de regard sur le travail et ses acteurs (lire la tribune sur Alternatives économiques)
et aussi :
« On ne sait plus où va l’argent » : quand la tutelle sème la discorde au sein des familles
Sur le site L’Écho des Seniors, la journaliste Natacha David s’intéresse aux conséquences de la tutelle et de la gestion des fonds pour les personnes sous protection juridique. Son enquête nous montre le désarroi de plusieurs familles qui peinent à comprendre où va l’argent de leurs proches placés sous tutelle. Témoignages à l’appui, l’article évoque les tensions et suspicions générées par le manque de transparence et les difficultés à obtenir des explications sur les choix financiers des mandataires.
L’article relate des situations où la communication entre tuteurs, personnes protégées et familles se révèle particulièrement difficile. Cela est dû à un manque d’informations claires ou de dialogue. Des experts et des professionnel(le)s sont interrogés sur les procédures, le cadre légal et les marges de manœuvre des mandataires, illustrant un système parfois rigide qui peut semer la discorde au sein des familles. La question de la confiance, essentielle à la protection des personnes vulnérables, se retrouve au centre du débat.
Ce reportage met en évidence le besoin d’une amélioration de la transparence et de l’accompagnement dans la gestion de la tutelle. On y apprend qui contrôle quoi et la place du juge sur ce sujet. Il s’agit aussi d’éviter la rupture du lien familial avec à la clé un isolement plus grand des personnes concernées. (lire l’article de l’Echo des séniors)
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Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci beaucoup à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser.
La photo en une est issue du 13e rapport épidémiologique sur la mortalité des personnes sans chez-soi en France pour l’année 2024.


