Revue de presse | Loi immigration : la consternation / Une assistante sociale rouée de coups / Un vie à l’ASE…

Bonjour et bienvenue à cette revue de presse qui nous plonge d’abord au cœur des réactions du secteur social après la promulgation de la loi sur l’immigration. Elle provoque une mobilisation sans précédent de la Fédération des acteurs de la solidarité. Pascal Brice, son président, appelle à une « résistance constructive ». De son côté, l’Association Nationale des Assistant(e)s de Service Social, rappelle les valeurs de son code de déontologie et de la définition officielle du travail social mise à mal par cette nouvelle législation. Nous poursuivons avec cette agression subie par une collègue dans un collège du Val-d’Oise. Et puis ne manquez pas ce formidable reportage avec récit  de travailleurs sociaux à Nevers, luttant quotidiennement pour protéger des enfants dans des situations familiales déchirantes. leur témoignage est remarquable.  Prenez votre temps et… Bonne lecture !

 


Loi Immigration : après ce vote sans précédent, la FAS amplifie sa mobilisation auprès des acteurs de la solidarité

Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité, fait part, dans une interview à Libération, de sa profonde inquiétude face à la nouvelle loi sur l’immigration récemment adoptée par les deux assemblées. Cette loi représente un désordre législatif, dépourvu de mesures efficaces pour gérer l’accueil et l’intégration des migrants. Au contraire, elle introduit des dispositions qui affecteront durement la vie des étrangers en situation précaire. Cela va avoir un impact sur les travailleurs sociaux, les agents publics, les bénévoles, et même les entreprises en quête de main-d’œuvre.

Pour une « résistance constructive »

Pascal Brice exprime sa consternation et voit dans cette loi un  changement radical dans la société française. Il appelle à s’engager dans une mobilisation déterminée pour défendre les principes fondamentaux de la société. La Fédération des acteurs de la solidarité entre dans une phase qu’il décrit comme de « résistance constructive ». Cette phase implique une action concertée avec les associations et partenaires de la société civile pour contester cette loi.

L’un des axes majeurs de cette résistance est la saisine du Conseil constitutionnel.  Avec cet espoir qu’il censure certaines dispositions de la loi, notamment celles qui s’opposent aux principes de fraternité, de respect de la dignité humaine, et de non-discrimination. Ce sont des « fondamentaux » de la République française.

Pascal Brice souligne aussi le caractère inédit de cette loi par rapport aux nombreuses autres lois sur l’immigration adoptées au cours des quarante dernières années. Il critique la position du gouvernement et de l’Assemblée nationale qui renoncent à l’intégration républicaine en France. Cette loi représente un danger pour la vitalité de la société française, ses entreprises et ses valeurs fondamentales. Le président de la FAS insiste : il est nécessaire de combattre cette loi avec fermeté et sérénité, pour préserver l’essence de la République française.

Dans ce contexte difficile, la FAS se montre déterminée à intensifier ses actions pour défendre les impératifs de solidarité. Elle vient de lancer une consultation auprès de l’ensemble des acteurs de la solidarité, incluant les personnes concernées, les travailleurs sociaux, les bénévoles, les directions des structures et les partenaires, afin de déterminer les modalités d’une mobilisation collective. Cette démarche vise à être pleinement utile dans cette phase de résistance constructive qu’i appelle de ses vœux.

 


L’association Nationale des Assistant(e)s de  Service social (ANAS) prend position face à la nouvelle loi.

« Comment allons-nous désormais travailler, accompagner, guider, écouter des personnes privées de droits ? » écrit l’ANAS qui pose plusieurs questions : « Que seront nous capables d’expliquer, de relayer ? » ; « Quels positionnements adopterons-nous ? » ;  « Quel engagement professionnel et quelles valeurs défendrons-nous ? ».

Pourrons-nous désormais :

  •  Valider une forme de préférence nationale ?
  • Valider la suppression des allocations familiales au bénéfice de certains enfants ?
  • Accepter la fin de la circulation des étudiants, des chercheurs et des savoirs ?
  • Accepter de mettre fin à l’accueil inconditionnel en hébergement d’urgence et abandonner des personnes à la rue ?
  • Accepter le refus de nationalité à des enfants nés et régulièrement scolarisés pendant 18 années en France ?

 

Face à ce texte de loi qu’elle qualifie d’inique, l’Association Nationale des Assistants de service Social rappelle avec vigueur son attachement à l’article 2 de son code de déontologie : « Dans ses activités, l’Assistant de Service Social met sa fonction à la disposition des personnes, quels que soient leur race, leur couleur, leur sexe, leur situation, leur nationalité, leur religion, leur opinion politique et quels que soient les sentiments que ces personnes lui inspirent. »

ainsi qu’à la définition du travail social inscrit dans l’article D142-1-1 du code de l’action sociale et des familles :  “Il [le travail social] se fonde sur la relation à l’autre, dans sa singularité et le respect de sa dignité. Il vise à permettre l’accès effectif de tous à l’ensemble des droits fondamentaux et à assurer la place de chacun dans la cité. »

« Nous, conseil d’administration de l’ANAS, aspirons à l’égalité de traitement pour toutes et pour tous, à l’inconditionnalité de l’accueil et à la libre expression de chacun » conclut le communiqué.

Signé : le Conseil d’Administration de l’ANAS
20 décembre 2023

anas droits

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Val-d’Oise : un parent d’élève frappe à coups de poing une assistante sociale dans un collège

Un homme de 56 ans, père d’un élève, a agressé physiquement une assistante sociale scolaire. Cette agression a eu lieu mercredi dernier dans un collège de Sarcelles, dans le Val-d’Oise. Le parent d’élève, mécontent de ne pas avoir été informé d’un signalement au procureur concernant son enfant, s’en est pris physiquement à l’assistante sociale. Ce signalement avait conduit à une ordonnance de placement provisoire de l’enfant dans un foyer socio-éducatif.

Lors de cette altercation, l’homme a frappé l’assistante sociale au visage et au bras. Une infirmière, tentant de s’interposer, a également failli être touchée par des coups de chaise. La police, rapidement sur les lieux, a maîtrisé l’agresseur devant des élèves témoins de la scène. L’homme a été  placé en garde à vue au commissariat de Sarcelles. L’assistante sociale, légèrement blessée, a été conduite aux urgences. Elle a ensuite porté plainte, tout comme l’Éducation nationale qui la soutient.

Cet événement soulève des questions sur la sécurité et le respect envers le personnel scolaire. Le ministère de l’Éducation nationale a exprimé son soutien total à l’assistante sociale et à la communauté éducative du collège Jean Lurçat. Une cellule d’écoute a été mise en place pour le personnel.  (lire l’article de l’AFP pour le Figaro)

 


À Nevers, les déchirements de l’aide sociale à l’enfance

Cet article du Monde est à mon avis remarquable. Il offre un aperçu poignant de la réalité quotidienne des travailleurs sociaux de l’aide sociale à l’enfance confrontés à des situations familiales dramatiques et souvent déchirantes. Ce reportage très complet, signé Farah El Fassih pour « M le magazine du Monde », se concentre sur le site d’action médico-sociale de la rue Vauban à Nevers, où l’équipe évalue les situations de familles signalées pour maltraitance, négligence ou autres problèmes graves. Nicolas Duval, le directeur adjoint, et son équipe sont chargés de déterminer si les enfants sont en danger et de proposer des solutions adaptées.

Farah El Fassih présente plusieurs situations illustrant les réalités auxquelles sont confrontées les travailleuses sociales. Un exemple frappant est celui d’Arthur, un bébé de cinq mois vivant dans des conditions précaires et dangereuses. Sa mère, jeune et carencée, peine à s’occuper de lui et de son autre enfant. Malgré les difficultés, l’équipe décide de fournir un accompagnement hebdomadaire à la mère pour l’aider à mieux s’occuper de ses enfants. Ce cas souligne la complexité des décisions prises par les travailleurs sociaux, qui doivent souvent jongler entre le bien-être de l’enfant et le soutien aux parents.

Une autre situation évoquée est celle de Myriam, une adolescente de 15 ans victime de violences familiales. Après une tentative de suicide, elle est placée en famille d’accueil, mais change ensuite sa version des faits, affirmant que personne ne la maltraite. Ce revirement soulève des questions sur la fiabilité des témoignages et les dilemmes moraux auxquels sont confrontés les travailleurs sociaux.

Le reportage met également en lumière les difficultés structurelles du système d’aide sociale à l’enfance, notamment le manque de moyens et la pression constante pour traiter un grand nombre de situations. Malgré ces obstacles, on voit bien comment l’équipe s’efforce de trouver les meilleures solutions possibles pour les enfants et leurs familles, tout en étant consciente des limites de leur intervention.

Je me retrouve complètement dans ce long reportage qui donne la parole aux travailleuses sociales. Je repense à des situations dont me faisaient part les collègues de l’ASE dans mon département. A Nevers, elles ont su expliquer comment et pourquoi elles travaillent avec les familles. Le travail est dur, émotionnellement éprouvant. Les témoignages sont empreints d’humanité. Bravo les collègues ! Tenez bon ! (lire l’article du Monde) (Je peux éventuellement vous adresser copie de l’article – 5 maxi – si vous m’en faites la demande par mail)

 


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Photo : Alter1fo Le magazine citoyen rennais Photo Prise le 2 février 2019 Certains droits réservés

 

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