Bonjour et bienvenue à cette revue de presse qui vous propose un tour d’horizon engagé et accessible des actualités sociales du moment : Commençons avec l’alerte lancée par la Défenseure des droits sur le respect des droits des enfants dans notre système judiciaire. Vient ensuite un coup de chapeau face aux initiatives volontaristes de certains départements pour accompagner plutôt que sanctionner les allocataires du RSA. Nous parlerons aussi d’une étude sur le rôle déterminant de l’éducation face à l’exposition précoce des jeunes à la pornographie. Sans oublier aussi plusieurs rendez-vous webinaire et colloque. Sans oublier les multiples liens susceptibles de vous intéresser… Bonne lecture.
Les droits des enfants durant leur parcours judiciaire trop souvent bafoués selon la Défenseure des droits
Cet article signé Lucile Auconie et publié par France Bleu nous parle de la Défenseure des droits, Claire Hédon qui nous alerte sur la fréquence des atteintes aux droits des enfants tout au long de leurs parcours judiciaires. Elle dénonce des cas récurrents où l’intérêt supérieur de l’enfant n’est pas respecté. Les droits concernés sont multiples : droit d’être entendu, de la confidentialité des échanges avec les professionnels ou de la prise en compte de leurs besoins spécifiques. Claire Hédon insiste aussi sur l’inégalité d’accès à l’information juridique et sur le manque de formation des acteurs impliqués, ce qui conduit à des décisions administratives ou judiciaires parfois inadaptées.
La Défenseure des droits a remis, mercredi dernier au président de la République un rapport consacré à la justice des mineurs. Elle déplore dans ce rapport l’absence de moyens adaptés pour accompagner ces jeunes durant le processus de protection. Elle parle des conséquences émotionnelles et psychiques que peuvent entraîner les ruptures de prise en charge ou les changements successifs de foyer. La question de la continuité éducative et de la stabilité des référents adultes apparaît comme un enjeu majeur, trop souvent négligé dans les pratiques actuelles. (à l’heure où il est fait appel à des travailleurs sociaux via l’intérim, on voit mal comment il pourrait en être autrement) (Lire l’article de France Bleu)
Rapport : « Le droit des enfants à une justice adaptée : Éduquer, protéger, reconstruire »
Ce rapport annuel met en avant la nécessité d’une justice spécifique pour les mineurs, fondée sur le principe qu’un enfant n’est pas un adulte. Il rappelle que la justice pour les enfants doit être éducative en priorité, aménagée selon leur maturité et leur compréhension, afin de sanctionner tout en protégeant. Il s’agit de prévenir la récidive et favorisant la reconstruction de l’enfant. Cette approche est née de l’ordonnance de 1945 et réaffirmée par le Code de la justice pénale des mineurs de 2021 ainsi que par la Convention internationale des droits de l’enfant. Elle est aujourd’hui mise à mal par un manque de moyens humains et matériels. Ce défaut d’accompagnement impacte notamment les mesures intermédiaires, les conditions de détention, l’accès à l’éducation et le maintien des liens familiaux.
Le rapport souligne que la délinquance juvénile est le reflet de vulnérabilités accumulées, telles que pauvreté, ruptures familiales, déscolarisation ou troubles psychologiques. La majorité des mineurs délinquants sont suivis par les services de protection de l’enfance et connaissent des parcours fragiles. La Défenseure des droits appelle donc à renforcer la prévention spécialisée et à garantir la continuité éducative entre aide sociale à l’enfance et justice. L’objectif est d’éviter les ruptures et agir sur les causes plutôt que sur les seules conséquences de la délinquance.
Le Défenseur des enfants, Eric Delemar révèle aussi les atteintes aux droits des mineurs tout au long du parcours judiciaire. Il alerte sur les contrôles d’identité répétés, les interpellations parfois violentes et des auditions sans accompagnement adapté. Ces pratiques montrent un déficit d’information des mineurs sur leurs droits et une insuffisante prise en compte de leur vulnérabilité.
En réponse, 25 recommandations sont proposées pour garantir une justice respectueuse de l’enfance. Parmi elles :
- l’inscription dans la loi d’une non-responsabilité pénale absolue pour les enfants de moins de 13 ans,
- la création d’un code de l’enfance,
- un renforcement de l’éducation aux droits,
- la continuité socio-éducative entre les différentes institutions d’aide,
- un soutien accru à la prévention du décrochage scolaire,
- et une meilleure prise en charge médicale et psychologique des jeunes en difficulté.
Cet article de la Défenseure des droits invite donc à repenser la justice des mineurs. Il préconise un équilibre entre sanction et accompagnement. L’objectif est de pouvoir répondre avec justice et humanité aux besoins spécifiques des enfants. (télécharger le rapport de la Défenseur des Droits) (lire le dossier de presse)
Lire aussi
- “Un enfant n’est pas un adulte” : la Défenseure des droits rappelle le besoin d’une justice adaptée aux mineurs | Telerama
- Justice des mineurs : la Défenseure des droits tacle le tout-répressif | ASH accès libre
Christine Orain-Grovalet : « Les Côtes-d’Armor ne veulent pas faire la chasse aux allocataires du RSA »
Coup de chapeau à cette élue départementale ! Sa décision nous montre que d’autres voies sont possibles face à la logique d’exclusions qui se déploie contre les allocataires des minimas sociaux (par exemple dans le Finistère ou dans le Vaucluse)
Dans son interview accordée à la Banque des Territoires, la vice-présidente du conseil départemental des Côtes-d’Armor, clarifie la position de son département sur les sanctions envers les allocataires du RSA à la suite du décret du 31 mai dernier. Elle détaille les ajustements opérés dans le barème de sanction : désormais, un premier manquement aux obligations entraîne une suspension équivalant à 30% de l’allocation, tandis que le deuxième conduit, selon la nouvelle règle, à une suppression totale du RSA pour les personnes isolées ou les couples sans enfants. Elle déplore cette obligation réglementaire, précisant que la philosophie du département reste axée sur l’accompagnement, et non sur la stigmatisation des bénéficiaires.
Christine Orain-Grovalet explique que le département maintient une logique pédagogique et refuse d’accroître la pression sur les allocataires. Pas question pour elle d’ajouter comme motif de sanction le non-respect des quinze heures d’activité hebdomadaire. De toute manière le Département ne dispose pas de moyens humains suffisants pour contrôler ce critère. Un point mis en avant est la possibilité désormais offerte de rétablir l’allocation si l’allocataire se « remobilise », alors qu’auparavant, toute suspension était définitive.
Enfin, la vice-présidente évoque la réalité de la situation dans les Côtes-d’Armor où environ 1200 personnes perçoivent le RSA, un chiffre stable. Elle signale que nombre de bénéficiaires rencontrent des difficultés structurelles (santé, mobilité, logement), et souligne l’importance de solutions adaptées, notamment vers l’Allocation aux Adultes Handicapés pour certains. Elle conclut sur la volonté du département d’accompagner sans renoncer à la possibilité de radiation en dernier recours. (lire l’article de la banque des territoires)
Comment la consommation précoce de pornographie affecte la sexualité des garçons et des filles
Aaccompagner les nouvelles générations vers une sexualité respectueuse et égalitaire n’est pas une option, mais une responsabilité essentielle rappellent les chercheurs Jose Daniel Rueda Estrada et Mario Ramírez Díaz, auteurs de cet article publié par The Conversation. Les constats sont établis : l’exposition des enfants et des adolescents à la pornographie commence de plus en plus tôt, souvent avant l’âge de 10 ans. Cela influence durablement leur compréhension du désir, du consentement et des relations affectives. Des données récentes révèlent qu’en France, chaque mois, près de 2,3 millions de mineurs fréquentent des sites pornographiques. Le phénomène, en forte croissance, implique un accès précoce : un tiers des garçons et plus d’un enfant sur deux avant 12 ans ont déjà été exposés à de tels contenus. Cette tendance façonne la manière dont les jeunes apprennent à désirer, mais aussi celle dont les adolescentes assimilent le fait d’être désirées, dans un contexte où l’éducation sexuelle est quasi inexistante à l’école et dans les familles.
Vous le savez, le téléphone portable est le principal vecteur d’accès, permettant une consommation privée, instantanée et difficile à surveiller. Le contenu visionné par les jeunes est très souvent marqué par la violence, la domination et une forte dimension machiste. Conséquence : nous assistons à une banalisation de l’idée que la soumission et la coercition font partie intégrante du désir sexuel. Les études montrent que les vidéos les plus visionnées incluent fréquemment des scènes violentes. 100% des travaux récents établissent un lien entre pornographie et violence sexuelle. 80% établissent un lien avec la violence psychologique et 66,7% avec la violence physique. Ce processus façonne la première expérience affective des adolescents et normalise une vision du pouvoir et de la domination dans les relations amoureuses et sexuelles.
Les jeunes filles sont, elles aussi, exposées à la pornographie numérique. Elles le vivent dans un climat de malaise et d’ambivalence émotionnelle, rarement partagé entre pairs. La commercialisation du corps féminin à travers des plateformes comme OnlyFans perpétue l’idée selon laquelle la reconnaissance sociale dépend de la capacité à s’exposer, soutenant une socialisation fondée sur l’autosexualisation et la soumission. À défaut de programmes éducatifs adaptés, la pornographie devient l’unique source d’information, effaçant des composantes essentielles telles que l’affection, l’égalité et le respect.
Face à l’urgence de prévenir les effets de cette consommation, l’article souligne le rôle déterminant de l’éducation socio-affective. Les programmes scolaires et de santé devraient contrebalancer les messages de violence véhiculés par les écrans. Il faut pouvoir former les adolescents sur le respect mutuel. La consommation de pornographie à l’adolescence se présente désormais comme un enjeu collectif de santé publique. Les répercussions sur le bien-être émotionnel, la socialisation et la construction des identités des mineurs sont importants. Les travailleurs sociaux, en lien avec le système de santé, occupent une position centrale pour détecter les conséquences psychosociales et proposer des actions éducatives et intersectorielles dès le plus jeune âge. (Cet article a été co-écrit avec un travailleur social espagnol). (Lire l’article de The Conversation)
Et aussi
Une annonce sur les Journées d’Étude et de Formation organisées par Pratiques Sociales
Je vous ai déjà alerté sur ces journées qui se dérouleront du 8 au 10 décembre 2025 à Paris. Elles conduisent à menet une réflexion sur les interventions sociales, éducatives et thérapeutiques face au néolibéralisme avancé, envisagé à la fois comme potentiellement destructeur et source d’une nouvelle lucidité. Ce contexte marqué par la crise globale affecte profondément les pratiques professionnelles. Nous pouvons passer par des états divers allant de la résignation, à la résistance mais aussi l’innovation. Nous sommes confrontés à des usagers de plus en plus nombreux à se trouver dans des situations complexes à résoudre. Les organisateurs posent une question essentielle : faut-il voir dans cette conjoncture un effondrement, ou bien une occasion de refondation du travail social et médico-social à condition d’en clarifier le prix et les modalités ?
La clinique transdisciplinaire est présentée comme un levier prometteur. Elle permet de renouveler les pratiques en invitant à penser et agir différemment tout en retrouvant le plaisir du métier. Le programme s’adresse à toutes les personnes intéressées, sans exigence de prérequis, et propose des exposés en plénière de spécialistes du champ social et des temps d’ateliers où les participants confrontent leurs expériences professionnelles aux analyses des intervenants. Une méthodologie rigoureuse est appliquée à l’évaluation, débutant par un questionnaire en amont, suivie d’une appréciation continue au fil des ateliers, et conclue par des fiches d’évaluation et l’analyse des acquis par les employeurs et l’équipe pédagogique.
Parmi les intervenants attendus figurent Christian Laval, Saül Karsz, Jean-Claude Balbot, Anaëlle Couillet, Pascale Guiniec et Philippe Delaville. tous sont porteurs d’approches complémentaires sur le travail social dans une période où lucidité et engagement sont mis à l’épreuve. L’événement se tiendra au « Cosy Chic » dans le 15e arrondissement de Paris ; il propose une formule sur deux journées et demie accessibles à tous, avec des tarifs adaptés pour les adhérents et les étudiants. Les inscriptions sont ouvertes, et diverses modalités de participation sont proposées.
Journées d’Etude et de Formation 2025 les 8-9-10 décembre à Paris
Lire aussi
- Fraude aux allocations chômage : le Sénat autorise France Travail à accéder à des données personnelles des allocataires | Public Sénat
- Allocations chômage : le Sénat autorise France Travail à accéder aux données personnelles des bénéficiaires pour lutter contre la fraude | Orange actu
- Découvrez notre nouvelle étude exploratoire « Dématérialisation, accompagnement et travail social » | Fédération des acteurs de la solidarité
- « Les éducateurs de rue de Loire-Atlantique en grève reconductible » | Saint-Nazaire maville (Ouest-France)
- Accompagner les jeunes sortis de l’ASE coûte moins cher que les abandonner à leur sort| France Inter
- « 275 enfants scolarisés à Lyon sont à la rue : parents d’élèves, enseignants et travailleurs sociaux mobilisés contre une précarité galopante » | France 3 Régions
- Mobilisations du travail social | Paris Luttes Info
- « Ce n’est pas à l’État d’orienter notre façon de travailler » : les psychologues de la région se mobilisent contre un amendement | France 3 Régions
- « Je suis là comme n’importe quel autre collègue » : malgré des avancées, l’intégration professionnelle des personnes handicapées reste insuffisante | Franceinfo
- Un employeur refuse le télétravail à une employée qui s’opposait à ce qu’il visite son domicile : c’est illégal pour la Cour de cassation | BFMTV
- Enfants à la rue : la maire de Schiltigheim, Danielle Dambach, attend un sursaut | France Bleu
- Avis sur le projet de loi relatif à la lutte contre les fraudes sociales et fiscales | Défenseur des droits
- Travail social : l’université Évry Paris-Saclay et l’IRFASE nouent un partenariat historique | Mes Infos
Ne manquez pas sur LinkeIn
Dans la presse pro :
- Avec l’IA, on va plus vite, mais on devient bête ! | Le Média Social
- Les services autonomie à domicile se mettent en place non sans mal | Le Média Social
- Social et médico-social : Lecornu veut redonner la main aux départements | ASH accès libre
- Vers une suppression de la prescription des crimes sexuels commis sur les mineurs | ASH
- Territoires zéro non-recours : une mise en œuvre effective de l’expérimentation – l’échange | Banque des Territoires accès libre
- Les assistants territoriaux socio-éducatifs en 10 questions | La Gazette des Communes accès libre
- Dépenses sociales : les départements de France cherchent comment sortir de l’impasse | La Gazette des Communes
- Congrès des maires : des élus locaux confrontés à l’aggravation de la pauvreté | La Gazette des communes
Cette semaine sur l’ e-communauté « inclusion sociale » du CNFPT (inscrivez-vous c’est entièrement gratuit pour tous, sans pub ni captation de vos données).
- Les territoires de la protection des jeunes majeurs : disparité et inégalités
- Allocation sociale unique : Sébastien Lecornu annonce un projet de loi pour décembre
- Ne manquez pas la Journée nationale « Transition écologique et évolution du travail social » à Angers le 21 novembre prochain
- La lettre d’information documentaire Inclusion sociale du 15 novembre 2025
et aussi :
Le second Web’café de la e-communauté autonomie arrive à grands pas.
La thématique plébiscitée lors de sondage : L’ accès aux droits : les demandes d’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) et d’Aide Sociale à l’Hébergement (ASH) pour les personnes âgées et les personnes en situation de handicap
Vous êtes professionnels en commune, CCAS, intercommunalités, conseils départements, hospitaliers….. Les intervenants du conseil départemental de l’Essonne et du Nord vous présenteront l’Allocation Personnalisée D’autonomie (à domicile et en établissement) et l’Aide sociale à l’hébergement pour les personnes âgées et handicapées: réglementation, dossiers de demande, Règlement Départemental d’Aide Sociale, contentieux…….
Et surtout répondront à vos questions 😊
🗓️ Mardi 25 novembre 2025 🕐 de 13h à 14h
Toutes les informations ainsi que le lien d’accès au webinaire en suivant ce lien : 🔗 https://e-communautes.cnfpt.fr/autonomie/content/2nd-webcafe-acces-aux-droits-les-demandes-dallocation-personnalisee-dautonomie
Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser.



